Perte de services au CLSC du Richelieu

La décision prise par le CISSS Montérégie-Centre de fermer les portes du CLSC du Richelieu aux citoyens n’ayant pas de médecin de famille dans l’établissement place les plus vulnérables dans une situation difficile. La décision du ministre de la Santé, Gaétan Barrette, est censée entrer en vigueur le 18 juin. Pendant ce temps, les élus provinciaux et municipaux se mobilisent.
Un texte de Patrick Berger
Les élus provinciaux et municipaux se sont retrouvés lundi matin, le 4 juin, devant le CLSC pour signifier leur vive opposition à cette décision présentée comme une attaque à l’accessibilité des soins de Santé dans les régions du Bassin de Chambly et de Rouville. L’intervention du ministre de la Santé a été demandée pour mettre un frein au projet.
Rassemblés devant le CLSC du Richelieu, les élus municipaux et provinciaux ont tour à tour dénoncé la décision du CISSS Montérégie-Centre de fermer les portes du CLSC du Richelieu aux citoyens qui n’ont pas déjà un médecin de famille dans l’établissement. « Alors que le CISSS Montérégie-Centre prétend que cette décision n’affectera environ qu’un patient par jour, on nous confirme plutôt que ce sont près de 25 personnes par jour qui pouvaient avoir accès à un rendez-vous, même sans avoir un médecin de famille dans l’établissement », a révélé le député de Chambly, Jean-François Roberge.
« Cela aura un impact énorme pour nos citoyens, et surtout sur les plus vulnérables. On veut nous envoyer à Saint-Jean, où va-t-on nous envoyer après, à Montréal ? », a pour sa part déplorée sa collègue d’Iberville Claire Samson.
Un impact déjà ressenti
Une citoyenne de Saint-Mathias-sur-Richelieu, Lise Thivierge, est venue nous raconter le désastre que peut causer une action de la sorte. Son mari de 83 ans a les poumons remplis d’eau et tousse sans arrêt. Il ne peut se coucher depuis plusieurs semaines. Elle s’est pointée à l’urgence de l’hôpital de Saint-Jean-sur-Richelieu et après cinq heures d’attente, la fatigue a eu raison de son mari, ils ont dû retourner à la maison. Elle s’est ensuite tournée vers la Clinique Médi-Soleil. Elle obtient la communication à 7 h le matin, l’heure à laquelle les prises d’appels débutent. Après avoir eu la reception, elle se fait dire que leur liste est complète pour la journée. « Il faudrait être jeune et en santé pour être malade dans notre système de santé », indique Mme Thivierge.
Si le CLSC ne peut plus prendre de patient comme le mari de cette citoyenne, que l’urgence est encore plus bondée, que la Clinique Médi-Soleil n’a pas de place pour lui, comment peut-on prendre la décision de fermer les sans rendez-vous à Richelieu? Les élus municipaux ont également très mal digéré cette annonce, faite dans la plus grande discrétion. La mairesse de Marieville, Caroline Gagnon, et le maire de Rougemont, Michel Arsenault, s’entendent sur un point culminant. « Couper les services avant que le système soit restructuré, ça ne fait aucun sens. Il faut que l’ensemble de la population ait un médecin de famille pour prendre ce genre de décision. Il est beaucoup trop tôt pour fermer les portes à ceux qui n’ont pas de médecin. »
La mairesse de Saint-Mathias-sur-Richelieu, Jocelyne Deswarte, a rappelé quant à elle l’importance de « penser en fonction de nos personnes âgées », ce qui ne semble pas avoir été fait dans le présent cas. De son côté, le maire de Richelieu, Jacques Ladouceur, a dénoncé « une décision inacceptable. Nous avons trois résidences de personnes âgées ici à Richelieu et aucun hôpital. On ne peut pas couper dans ces services de proximité. Qu’est-ce qu’on va couper après, les prises de sang ? Où s’en va-t-on avec ça ? »
Le maire de Chambly, Denis Lavoie, a déploré « une décision difficile à comprendre. Les CLSC ont une raison primaire, c’est leur raison d’être de donner un service de proximité. Ça le dit même dans leur nom ! On va compliquer l’accessibilité au système qui déjà, est compliqué. En plus de toucher des gens à mobilité réduite et des gens vulnérables, cette décision va créer un problème d’engorgement majeur à Saint-Jean-sur-Richelieu. »
Les candidats du PQ en accord
Le Parti québécois a lancé sa campagne « Non à la délocalisation des services du CLSC Richelieu » le 28 mai. C’est en compagnie de la députée de Taillon et porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé, d’accessibilité aux soins et de soutien à domicile, Diane Lamarre, que Christian Picard, candidat du Parti québécois de Chambly et Nicolas Dionne, candidat du Parti québécois d’Iberville ont annoncé le lancement de la campagne. Cette campagne invite les citoyens à manifester leur opposition à la délocalisation de plusieurs services du CLSC Richelieu vers Saint-Jean-sur-Richelieu, amorcée en catimini par le gouvernement libéral.
Les députés de Chambly et d’Iberville ont bon espoir que la décision du CISSS Montérégie-Centre sera infirmée.