Embauche massive de préposées n’est pas la solution ultime

L’embauche massive de préposés dans les CHSLD, lancée par le gouvernement du Québec, ne réglera pas tous les problèmes en santé croient les syndicats.

L’arrivée de nouveaux personnels est bienvenue. Mais le président du syndicat représentant les infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeute, et celui des préposés aux bénéficiaires estiment qu’il manquera toujours d’employés dans divers secteurs.

« Est-ce que le système va rouler mieux après cette embauche? La réponse, c’est non. Ça va régler une problématique, mais pas tout », croit Denis Grondin, président de la Fédération Interprofessionnelle de la santé du Québec-Syndicat des professionnelles en soins de Montérégie-Centre (FIQ-SPSMC).

Il ajoute qu’il manque aussi beaucoup d’infirmiers dans le réseau de la santé. Ceux qui sont en poste doivent souvent faire un quart de travail après celui qu’ils viennent de travailler. « Il y en a encore beaucoup trop », souligne-t-il. Le président craint également que le problème se déplace d’un secteur à un autre si les gens vont travailler plus en CHSLD que dans les hôpitaux.

De son côté, Jean Mercier, président du syndicat CSN du CISSS Montérégie Centre, déplore le salaire annoncé pour ce nouveau poste. Une demande faite depuis longtemps pour les préposés aux bénéficiaires et qui a été refusée en négociation. « On s’est toujours buté à se faire dire non et là, le gouvernement arrive avec un nouveau titre d’emploi », raconte-t-il. M. Mercier s’est dit surpris du nombre de candidats qui ont postulé. Québec dit avoir reçu plus de 60 000 noms de personnes intéressées.

Les préposés aux bénéficiaires gagnent actuellement après cinq ans, 22,35$ de l’heure. Le gouvernement propose un salaire de 26$ de l’heure pour les personnes qui suivront la formation payée de trois mois.

« Ça va régler une problématique, mais pas tout. » – Denis Grondin

M. Grondin indique que les nouveaux gagneront le même salaire que les infirmières auxiliaires qui doivent suivre une formation de deux ans. « On va en perdre beaucoup. J’aimerais qu’on annonce le même genre de nouvelle pour nous aussi », affirme-t-il.

Fatigue

Les présidents soulignent que leur troupe est épuisée. « Le moral ce n’est pas facile. Je ne mentirai pas », souligne M. Grondin. Le président de la CSN a le même son de cloche. « On a hâte que la crise soit passée », dit-il.

Avec les arrêtés ministériels adoptés par le gouvernement depuis le début de la crise sanitaire, les conventions collectives ne tiennent plus. Les directives changent également régulièrement depuis le début. « On avait des directives à 9 h le matin et à 10 h ça avait changé », illustre M. Mercier.

Ceux qui travaillaient à temps partiel, souvent par obligation familiale, doivent maintenant travailler à temps plein. « Ça a été un coup très dur pour nos membres », ajoute le président de la FIQ-SPSMC.

Les vacances des travailleurs en santé ont aussi écopé. Si certains prenaient jusqu’à cinq semaines de vacances habituellement en saison estivale, ils ne pourront prendre plus de deux semaines cette année. Ils auront aussi la possibilité de prendre une journée occasionnellement, mentionne le président de la FIQ-SPSMC.

Dans les différents syndicats, certains ont quitté leur emploi, ajoutant une charge supplémentaire pour ceux qui restent. D’autres ont été infectés à la COVID-19. Heureusement dans le secteur couvert par le journal, les CHSLD ne comportent pas de cas de personnes infectées à la COVID-19.

Tout ça a mené les syndicats à manifester la fatigue de leurs membres devant les bureaux de la ministre de la Santé et députée de Sanguinet, Danielle McCann ainsi qu’à Saint-Jean-sur-Richelieu.

Deuxième vague

Les présidents craignent la possible deuxième vague. « Sera-t-elle plus petite ou plus grosse? On ne le sait pas. On va voir avec le déconfinement l’impact. Les étages dédiés à la COVID (dans les hôpitaux) ont baissé. C’est encourageant », indique M. Grondin.

« On ne sait pas comment on va pouvoir passer à travers une deuxième vague avec ce qu’on a vécu », affirme de son côté M. Mercier.