La qualité de l'eau du Richelieu : pas de péril en la demeure, selon le COVABAR

Marcel Comiré, directeur général du Comité de concertation et de valorisation du bassin de la rivière Richelieu (COVABAR) juge sérieux l’état de santé du Richelieu, mais il indique que la qualité de l’eau, quant à elle, ne s’est pas détériorée.
Un rapport publié récemment par la Fondation Rivières arrive à la conclusion que l’eau du Richelieu a une « qualité inquiétante ». Cet avertissement a été soulevé par la Fondation, qui rapporte avoir répertorié 4 796 déversements d’eaux usées survenues en 2016.
« C’est un bon portrait que la fondation a réalisé, commente le directeur général du COVABAR. Faut-il le décrire comme alarmant ? Je n’irais pas jusque là. Ça peut être inquiétant à l’avenir si on ne fait rien. Les Villes vont y aller selon leurs moyens, mais il faut un coup de pouce. »

Des milliers de surverses

Marcel Comiré souligne, à juste titre, que des centaines de municipalités rejettent des eaux usées dans les cours d’eau. N’eut été, rappelle-t-il, du « flushgate » survenu en 2016 à Montréal où pendant quatre jours, on a déversé dans le fleuve Saint-Laurent, 4,9 milliards de litres d’eaux usées, on ne parlerait pas aujourd’hui de ce gâchis environnemental.
Le rejet de ces eaux survient lors des fortes pluies ou lors d’un bris dans une usine de traitement.
Reste que si des milliers de surverses se produisent chaque année depuis longtemps, c’est qu’inévitablement, la qualité de l’eau pourrait être mauvaise même sur le court terme ? « Non, pas là, la qualité de l’eau ne s’est pas détériorée avec les années. Elle s’est même améliorée dans certains endroits-je ne sais pas si toutes les usines brisaient en même temps… Ce qui sauve un peu le Richelieu, ajoute Marcel Comiré, c’est que par rapport à d’autres rivières, il y a un fort débit qui amène une dilution de l’eau. »

« C’est un bon portrait que la fondation a réalisé. Faut-il le décrire comme alarmant ? Je n’irais pas jusque là. Ça peut être inquiétant à l’avenir si on ne fait rien. Les Villes vont y aller selon leurs moyens, mais il faut un coup de pouce. » – Marcel Comiré

D’autres problèmes reliés à la qualité de l’eau pourraient aussi constituer un casse-tête pour les autorités. Les déversements apportent maintenant un nouvel intrant, rapporte le représentant du COVABAR. « On parle de médicaments dans l’eau, donc il faut que les usines soient adaptées à cette situation. Est-ce que l’ozonation serait la solution ? », s’est-il interrogé.

Des coûts financiers énormes

Une première solution quoique très coûteuse serait que des municipalités puissent effectuer des travaux dans les vieux secteurs résidentiels pour séparer la conduite pluviale de celle sanitaire. « C’est toujours une question d’argent, fait-il observer. Il y a eu dans les années 1960-1970 un programme d’infrastructure spécial pour ces travaux. »
Peut-être comme le suggère le président de la Fondation Rivières dans sa lettre ouverte publiée dans nos pages (le 28 mars 2018), « le Fonds vert ainsi que le Fonds des générations, dotés de milliards de dollars, seraient ainsi adéquatement mis à contribution. »
Une autre issue est proposée cette fois par le député de Chambly, Jean-François Roberge. Il a dernièrement évoqué dans une lettre adressée au Journal de Chambly, une résolution de sa formation politique la Coalition Avenir Québec, selon laquelle, un gouvernement caquiste pourrait transformer le Fonds vert en un fonds vert et bleu. L’argent servirait alors à « prévenir et à lutter contre la dégradation de nos cours d’eau ».
Peut-être aussi un début de solution serait que des municipalités, fait remarquer Marcel Comiré, prennent la décision de construire un bassin de décantation pour recueillir l’eau de la pluie pour qu’après, cette eau retourne dans les cours d’eau.