Partir pour vivre réellement

Qui n’a pas déjà rêvé de tout quitter pour aller à la découverte de plages de sable blanc et de nouvelles cultures ou pour voir de l’eau turquoise à perte de vue ? C’est ce qu’ont fait Patricia Ménard et Patrick Jobin avec leurs deux enfants, Xavier et Melya puis leur chatte Rescue.
La petite famille de Saint-Mathias-sur-Richelieu a quitté en septembre 2016 sur son catamaran lagoon 380, le Xalya.
« Le nom du bateau vient du mix de Xavier et de Melya. Avant de partir, j’étais coiffeuse et mon capitaine, représentant en location d’équipements d’élévation», détaille Patricia.
Leur périple a commencé dans la partie américaine du lac Champlain. À partir de là, ils ont suivi l’Intracoastal, une voie navigable longeant la côte est des États-Unis.
C’est sur cette route qu’ils ont ajouté un nouveau membre à leur équipage : Ginger, une petite chienne d’un an.
Ce début de voyage leur a permis d’apprendre beaucoup, et tranquillement, une petite routine s’est installée. L’école des enfants le matin, l’épicerie, les visites touristiques, l’entretien du bateau, la gestion de leurs ressources, toute une coordination et des ajustements qui ont été bien pratiques au cours de leur voyage.
« La vie de bateau, c’est ça ! Il faut apprendre à être plus patient et à prendre les choses quand elles passent, car tout est un peu plus long en bateau. […] Une fois à terre, la plupart du temps, nous devons marcher pour nous rendre où nous devons aller, mais tout cela, ce sont de beaux problèmes », écrivait Patricia dans son blogue.

« Beaucoup de gens me disent qu’on est chanceux de faire un tel voyage. Je dis qu’on est chanceux d’avoir la santé pour le faire, le reste c’est de la détermination. »
– Patricia Ménard

Elle raconte également avoir dû attendre quelques jours avant de pouvoir reprendre la navigation en raison de l’ouragan Matthew.
Après quoi, le trajet s’est poursuivi en direction de Bimini aux Bahamas.
« À la marina où nous sommes, il y a des potlucks aux deux jours, donc tout le monde apporte quelque chose à manger et on mange tous ensemble. C’est vraiment cool ! En plus, lorsque nous sommes arrivés, nous avons rencontré notre ami Frank et sa blonde Marie que nous avions connus à Annapolis. Nous avons pêché à la sling hawaïenne et rapporté quatre beaux poissons. C’était excellent au souper ! On se sent vraiment dépaysé ici depuis que nous avons quitté les É.-U. », raconte Mme Ménard.
La famille s’est ensuite rendue dans les îles caribéennes de Turques-et-Caïques, République dominicaine, Porto Rico, les Îles Vierges des États-Unis ainsi que les britanniques.
Durant leur passage, les Mathiassois ont eu la chance de voir des dauphins à plusieurs occasions. Ils ont également dû composer avec certains imprévus, des réparations à faire sur leur embarcation et des pièces de remplacement difficiles à trouver.
« Il y a deux phrases que des navigateurs m’ont dites et je les aime bien, car c’est tellement vrai. Première phrase : tout ce qui est certain dans le sud, c’est qu’il n’y a rien de certain. Deuxième phrase : tout ce que tu veux qui reste vissé, dévisse et tout ce que tu veux qui se dévisse, ne se dévisse plus à cause de l’air salin. C’est à n’y rien comprendre », a confié Patrick Jobin dans son bilan d’un an de voyage sur le bateau.
Leur voyage a continué avec une traversée de 80 miles nautiques pour arriver à Saint-Martin et aller découvrir les îles antillaises sur leur chemin jusqu’à celle de Grenade. Au moment de mettre sous presse, Xalya et ses occupants avaient commencé la remontée vers le Québec pour être de retour en juillet 2018.

École

Un des plus grands défis pour la famille Ménard-Jobin était de faire l’école à bord du bateau. « Il est facile de vouloir se donner congé car il fait beau et on veut faire autre chose. On a bien réussi jusqu’à présent à garder une certaine discipline. Les enfants étudient quatre heures par jour, pendant cinq jours. On est partis avec l’équivalent de deux ans d’école en livres d’étude », explique la maman.
Ce voyage aura également permis aux enfants de perfectionner leur anglais.

Préparation

Partir en bateau pendant deux ans demande beaucoup de préparation.
« On n’est pas des gens riches, on n’a pas hérité, on n’a pas gagné à la loterie. Nous avons économisé énormément pour ce beau projet. On a vendu notre maison pour habiter deux ans dans notre triplex. Nous avons aussi vendu notre gros camion pour avoir une petite voiture économique et on arrêté d’aller aux restaurants », détaille la femme de 44 ans.
Le couple passionné de voile avait déjà neuf ans d’expérience en navigation. Toutefois, il avait fait peu de sorties en mer. « Il faut bien commencer quelque part pour apprendre ! Beaucoup de gens me disent qu’on est chanceux de faire un tel voyage. Je dis qu’on est chanceux d’avoir la santé pour le faire, le reste c’est de la détermination », fait-elle remarquer.
Pour suivre leurs aventures, vous pouvez lire leur blogue ici.