Oui pour les journalistes toujours non pour les citoyens

CHAMBLY. Lors de la séance publique du conseil municipal de Chambly, le 5 juin, le conseil a voté pour l’autorisation aux journalistes d’avoir recours à la captation d’images lors d’un conseil.
« Toutefois, il est permis aux journalistes accrédités, détenant leur carte de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) et/ou sont en affectation auprès d’une organisation médiatique reconnue qui exerce des fonctions journalistiques et qui produisent des reportages. Les journalistes qui désirent filmer lors d’une séance du conseil doivent s’annoncer préalablement auprès de la Direction générale afin de faciliter la logistique. » C’est ce qui a été ajouté à l’article 10 du règlement 2010-1188 visant l’interdiction de la captation d’image.
L’interdiction reste en vigueur à Chambly, mais ne s’adresse désormais qu’au public venu assister à la séance.
« Nous avons demandé à M Hétu, de la firme Dufresne, Hébert, Comeau, une sommité en droit municipal et il nous a expliqué que cette réglementation était parfaitement adaptée », a indiqué M. Lavoie.
La consultation juridique a coûté 6 000 $ à la Ville.
Avant ce changement de règlementation, plusieurs plaintes à ce sujet avaient été déposées au ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire (MAMOT), dont celle de la FPJQ.
Le président de la FPJQ, Stéphane Giroux n’est toujours pas satisfait du règlement. « C’est un pas dans la bonne direction, mais nous considérons qu’un journaliste n’a pas à demander la permission pour faire son travail, c’est inacceptable. Cela laisse la place à l’arbitraire des autorités municipales. D’autre part, il ne devrait pas y avoir deux standards, une pour les journalistes et l’autre pour les citoyens. Une plainte a été déposée il y a quelque temps au MAMOT et nous attendons d’en savoir plus à ce sujet. »

Dans un premier temps interdit

Rappelons que la Ville de Chambly avait réglementé la captation vidéo le 12 décembre, interdisant aux citoyens tout enregistrement. Il n’était indiqué nulle part que les journalistes étaient affectés par cette mesure, mais lors de la séance du conseil municipal d’avril, deux journalistes, dont l’un du Journal de Chambly, avaient été rappelés à l’ordre. Lors de la même séance, le Journal de Montréal rendait public peu de temps après l’enregistrement vidéo de la séance publique qu’un de ses journalistes avait filmé en caméra cachée.
Par la suite, M. Lavoie avait indiqué que les journalistes seraient les seuls habilités à faire des images lors de la séance du conseil municipal de Chambly. Ce qui est le cas depuis la séance de mai.
M. Lavoie indique cependant qu’il n’agit pas sous la pression du MAMOT qui n’a contacté la municipalité (à la suite des plaintes déposées) que pour « demander à notre directeur général de lui envoyer la réglementation que nous avions déjà votée », précise M. Lavoie.

Une amende toujours en vigueur

Un citoyen de l’arrondissement de LaSalle, Francisco Moreno, candidat dans l’équipe de la ministre Mélanie Joly quand cette dernière s’était présentée à l’élection municipale de Montréal, s’est vu sanctionné en janvier d’une amende de 149 $ pour avoir filmé une séance du conseil municipal de Chambly.
Le maire a confirmé au Journal que cette contravention restait en vigueur, même avec la nouvelle réglementation mise en place lundi dernier. « Nous avons autorisé les journalistes à filmer, toujours pas les citoyens », indique-t-il.
Un journaliste du Journal de Montréal avait lui aussi contrevenu au règlement de la Ville en avril. Ce dernier ne sera pas sanctionné comme l’a précisé, lors de la dernière séance du conseil, le maire suppléant Jean Roy à la suite d’une question d’un citoyen.
M. Moreno contestera sa contravention et se fera représenter par M Pierre-Paul Bourdage dans ce dossier. « Mon client veut faire de sa contravention un débat politique. Il est prêt à aller jusqu’au bout. Le MAMOT a déjà indiqué que les municipalités face à ce sujet devraient être très prudentes. Ensuite, comment la municipalité va se comporter ? Pour l’instant, mon client n’a toujours pas reçu d’avis de la Ville de Chambly », de préciser l’avocat.