Église Saint-Nom-de-Marie de Marieville

Offre d’achat acceptée

La Fabrique de Marieville a accepté une offre d’un promoteur et l’achat pourrait se concrétiser au cœur du mois de juillet.

« Il est en train de vérifier ce qu’il peut faire et ne peut pas faire », explique Éloi Giard, curé de la Fabrique, en parlant du promoteur. Il n’a pas été possible de savoir qui serait l’acheteur derrière le projet.

L’achat est donc conditionnel à la faisabilité du projet du promoteur. « Il veut transformer ça en habitations », résume Éloi Giard. L’acheteur potentiel a jusqu’à la mi-juillet pour concrétiser son intention à aller de l’avant.

La Fabrique demandait 995 000 $ pour la vente de son lieu de culte. Le lot inclut l’église, le presbytère ainsi que le terrain. « On a accepté peut-être plus, peut-être moins, peut-être beaucoup plus, peut-être beaucoup moins, ça, je ne peux pas vous le dire », confie Olivier Maurice, courtier immobilier chez Royal LePage Triomphe, qui s’occupe de la vente du lieu patrimonial.

Actuellement, le terrain sur lequel repose l’église est zoné lieu de culte ou institutionnel. Pour l’instant, aucune modification de zonage, de permis de démolition ou de construction n’ont été déposés, confirme la Ville. « En attendant, le bâtiment continue de se délabrer », rappelle Caroline Gagnon, mairesse de Marieville

À travers les démarches de vente, un regroupement égyptien avait signifié son intérêt à devenir propriétaire des lieux pour s’en faire un lieu de culte. Éloi Giard confirme que ce ne sont pas les acheteurs retenus en bout de ligne.

M. Giard demeure sur le lieu de l’église. « Il faut que le curé se trouve un logement », prévoit-il. En août, il déménagera vers un autre lieu saint, dans le secteur d’Iberville.

Offre de la Ville

Au terme de plusieurs mois de discussions, la dernière offre formelle déposée par la Ville a eu lieu en août 2022. Marieville proposait l’achat symbolique de l’église au coût de 1 $, comme la procédure se voit dans d’autres dossiers d’églises. Elle offrait également au lieu de culte une gratuité de location. Caroline Gagnon convertit en valeur financière le coût de location. « La Ville paie pour la location de l’espace au sous-sol de l’église pour la bibliothèque et les locaux de la Société d’histoire. On paie environ 60 000 $ par année », chiffre Mme Gagnon. Dans l’entente, la Ville proposait cinq années de gratuité de location, donc l’équivalent de 300 000 $.

 Il veut transformer ça en habitations.  – Éloi Giard

Dans cette entente, la Ville suggérait aux administrateurs des lieux actuels de poursuivre l’utilisation du presbytère et que l’église demeure à leur disposition pour louer des espaces de culte.

La Fabrique avait refusé l’offre. Elle avait répondu avec une contre-offre « qui n’était pas raisonnable », avait estimé la mairesse de la Municipalité.

Fin d’un patrimoine

Sur les réseaux sociaux, un groupe s’est formé afin de préserver l’église patrimoniale. « Nous sommes témoins d’un changement de destin pour cet édifice historique, qui occupe une place spéciale dans nos cœurs. Cependant, plutôt que de rester spectateurs, peut-être qu’il n’est pas trop tard pour nous unir et agir ensemble pour préserver la présence de cet édifice patrimonial au sein de notre communauté », écrit l’administratrice du groupe.

Interpellée, la mairesse marievilloise a réagi. « Ce désengagement de leur part (l’église) dans la préservation du patrimoine m’a jetée à terre. Je n’en suis pas encore relevée, honnêtement », répond la première magistrate de la Ville.

Spécialité : vente d’églises

Olivier Maurice raconte qu’il a fait de la vente d’églises sa « spécialité ». Ayant transigé une trentaine d’églises au fil de sa carrière, le courtier souligne l’écart entre la vente d’une maison et celle d’un lieu de culte. « Il y a des particularités à traiter, des enjeux divers, c’est totalement différent », assure M. Maurice.

Il mentionne que les acheteurs sont nombreux à s’intéresser à une église mise en vente. Dans le cas de Marieville, la dimension du terrain accompagnant l’église accentue l’intérêt des promoteurs. « Il y a des appels toutes les semaines », confirme le vendeur immobilier.

Ceux-ci déchantent plus souvent qu’à leur tour devant l’ampleur de la démarche. « Ils ne savent pas combien c’est complexe, toutes les étapes à franchir », résume Olivier Maurice. L’acceptabilité sociale, les enjeux liés à l’envergure de ce type de bâtiment, les travaux, les rénovations et la conversion font partie des défis pouvant heurter l’ambition d’un promoteur. « C’est clairement plus compliqué. Les gens, des fois, ont de beaux projets mais n’ont jamais rénové ne serait-ce qu’une maison. Lance-toi pas dans une église, tu vas trouver ça dur un peu! », convient le courtier.