Noël : Et la spiritualité ?

Noël arrive à grands pas. Le joyeux rituel des décorations et des cadeaux se met en place en occultant l’aspect religieux. Au grand regret de Christian Vermette, curé de la paroisse Saint-Joseph de Chambly.

Les radios commencent à tourner en boucle les succès de Noël, les listes de cadeaux des enfants s’allongent et les rues revêtissent leurs décorations de fête. Et la naissance de Jésus, dans tout ça? « Noël est devenu une fête commerciale, soupire Christian Vermette, curé de la paroisse Saint-Joseph de Chambly. On se doit de célébrer un Rédempteur qui a sauvé l’Humanité. Or, aujourd’hui, les gens se tournent vers les illusions. Tant que tu es dans l’illusion, tu es contrôlé. On s’est perdus dans le matériel. Les gens préfèrent une grande maison, la dernière voiture ou les jeux vidéo. Mais seul l’amour est éternel. Il est nécessaire de sécuriser la vie spirituelle plutôt que le matériel. Pour cela, je pense qu’il faut passer par un esprit synodal. »

« La foi est ce que tu amplifies dans une humanité fragilisée. » – Christian Vermette

L’influence de la religion s’est amenuisée au fil du temps dans la société québécoise. « On a enlevé le côté spirituel dans l’éducation et cela m’inquiète, poursuit l’homme d’Église. Certains se sont servis des scandales de pédophilie pour décrédibiliser la religion. On est en train d’effacer nos racines. Marguerite Bourgeoys et Marguerite d’Youville ont donné leur vie pour les autres. Tout a été mis sur pied par des missionnaires : les hôpitaux, les écoles… Nous sommes sur une terre de chrétienté. Cela nous a sortis de l’ignorance! »

Concernant la pédophilie, le prêtre assure la combattre. « Lorsque j’étais jeune travailleur de rue dans la vingtaine, je parcourais les rues de Montréal pour sortir les enfants des réseaux de prostitution mineure. La pédophilie existe partout et depuis toujours. Les gens critiquant l’Église ne savent pas qu’elle demande pardon tous les jours. Soigner la pédophilie demande beaucoup d’amour. Cela passe par la miséricorde. Quand je dis cela, les victimes veulent me sauter dessus. Cependant, il faut comprendre que l’Église est sainte, mais pécheresse par la totalité de ses membres, moi compris! La religion est là pour les malades et non les bien portants. L’Église sera toujours critiquée, mais nous sommes là pour guérir. Néanmoins, j’ai l’habitude de dire aussi que certaines personnes se croient bien portantes alors que pas forcément. La guérison commence par la reconnaissance de sa maladie. Cela demande beaucoup d’humilité. Nous sommes constamment en combat spirituel pour devenir meilleurs. »

Rester libre de ses choix

L’humilité est un point essentiel dans la vision de la société. « On veut par exemple s’éloigner de la vieillesse avec des opérations ou des médicaments au lieu de tout simplement l’accepter et de vivre avec, poursuit Christian Vermette. L’ignorance spirituelle s’est installée. On s’achète une vie et on est bien, mais nous ne sommes pas libres. La foi est ce que tu amplifies dans une humanité fragilisée. » La pandémie a fait son œuvre et l’Église a aussi eu des moments difficiles concernant l’organisation des célébrations entre les provaccins et les antivaccins. » J’étais complètement contre le confinement durant la pandémie. Vous ne pouvez pas empêcher quelqu’un d’aller voir ceux qu’il aime tout en ayant connaissance des risques. Un peuple avisé reste libre. Or, j’ai assisté à une division de la population où certains sont devenus des spécialistes de la santé. «

Écouter le cœur des autres

Selon le prêtre, la religion est une solution, mais il reste compliqué d’aller chercher de nouveaux fidèles. » Il est difficile de parler de Jésus à des personnes qui ne le connaissent pas. Il faut changer de langage. Si j’arrive en criant » Dieu existe! « , je ne serai pas écouté. Au contraire, il faut écouter le cœur des gens. Que veulent-ils vraiment? Pas leurs caprices. Il faut qu’ils disent ce qu’ils vivent et que nous cheminions ensemble. Une conversion du cœur, c’est ensemble. Pour cela, il faut être prêt à accueillir le Seigneur et le laisser croître en soi. «

Pour célébrer la naissance de Jésus, la paroisse Saint-Joseph propose quatre messes, une par semaine, jusqu’au 24 décembre. » Nous allons nous préparer tous ensemble lors de la première cérémonie, assure le curé. La deuxième sera un appel à la conversion. Es-tu prêt à recevoir la guérison? C’est le chemin de la liberté. Dieu respecte la liberté. L’Église ne dit pas aux Hommes ce qu’il faut penser mais donne des pistes de réflexion. Elle veut que les gens se réalisent en pensant par eux-mêmes, alors que certains parents veulent contrôler la vie de leurs enfants. La troisième messe sera l’occasion de nous réjouir de son arrivée avant que la quatrième soit la joie de l’accueillir. » 

Les cérémonies ont lieu les dimanches à 9 h et à 11 h en la paroisse Saint-Joseph, 164, rue Martel.