Mouvements religieux traditionnalistes : plus d’adhérents qu’on ne le croit

IDÉOLOGIE. L’article paru dans la dernière édition du Journal de Chambly à propos de la conférence prônant le retour de la femme au foyer, menée par l’abbé Daniel Couture de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, a suscité des réactions bien partagées. P

« Dans une société, même si on a une impression d’unanimité, il y a toujours des gens très à gauche et d’autres très conservateurs. La Fraternité fait partie d’un mouvement qui prône une vision très stricte du rôle de la femme, mais également de la doctrine catholique », soutient Solange Lefebvre, directrice de la Chaire de recherche en gestion de la diversité culturelle et religieuse de la Faculté de théologie et de science des religions de l’Université de Montréal.

Selon elle, ce mouvement catholique traditionaliste n’est pas le seul, puisqu’elle répertorie entre autres l’Armée de Marie et les Bérêts blancs. La spécialiste admet donc qu’elle n’est pas surprise du discours tenu par l’abbé Couture.

« Ce qui frappe, dans son discours, c’est que c’est très absolu. La femme ne peut qu’être cela », indique Mme Lefebvre. Même si le message véhiculé prône une position plus radicale, la spécialiste croit tout de même nécessaire de mettre ces propos en perspective.

Selon elle, M. Couture n’a pas tort lorsqu’il soutient que l’éducation des enfants ne se fait pas seulement après le travail. Toutefois, elle estime que deux solutions sont possibles. « Soit on revient comme c’était avant, soit on tente de changer la société pour s’adapter. Je pense que les deux sont possibles. »

Selon l’interprétation de l’experte, le message encourageant le retour de la femme au foyer rejoint certaines personnes qui sont attirées par un discours plus ferme. « Ça ne veut pas dire qu’ils vont obéir sur toute la ligne, mais c’est comme si pour eux, le fait d’avoir un pôle qui résiste aux valeurs ambiantes était attractif », explique-t-elle.

Le chanoine Gérald Ouellette, qui s’occupait jusqu’en septembre des églises de Richelieu, Marieville, Saint-Angèle-de-Monnoir et Rougemont, soutient que les propos énoncés par la Fraternité ne sont pas ceux de l’Église.

« Je suis en faveur d’offrir des demi-temps, autant aux hommes qu’aux femmes.  Ce serait une façon d’aider les familles, car on le remarque, on court tout le temps », mentionne celui qui a maintenant repris les rênes de la paroisse de Sorel.

Pour Solange Lefebvre, l’interrogation sur le rôle de l’homme et de la femme est centrale dans la conception du bonheur. « C’est encore récent, l’émancipation féminine. On n’est pas encore tout à fait rodé. Le point que la femme peut toute faire n’est pas encore tout à fait harmonieux », conclut-elle.