Marieville ferme le Chemin des Dix-Terres aux agriculteurs et à Rougemont

La Ville de Marieville ne refera pas son chemin des Dix-Terres, au grand regret de Rougemont et de plusieurs agriculteurs qui n’ont plus accès à leurs terres.

La période des semis s’ouvre mal pour les agriculteurs de Marieville. Le 1er mai, la Ville a avisé les usagers de la fermeture définitive du chemin des Dix-Terres, situé entre le chemin de la Branche-du-Rapide et Rougemont.Cette annonce a été faite au début du mois, mais le chemin était déjà fermé à la circulation depuis le 20 mars. Depuis, une des extrémités de la route a été détruite pour en empêcher l’accès et l’autre a été bloquée par des blocs de béton.
Pourtant, la mairesse avait indiqué au Journal, quelques heures avant le conseil municipal, que le chemin, même fermé, « pourrait être utilisé par les agriculteurs pour qu’ils puissent avoir accès à leurs cultures ».

La mairesse Caroline Gagnon défend sa décision en mettant de l’avant des coûts de réparation du chemin trop élevés par rapport à son utilité. Une manière de penser que réfutent de nombreux agriculteurs cultivant leurs terres dans le secteur. Pour eux, le geste de la Ville les place comme « des citoyens de seconde zone ».

Il n’y a pas que les agriculteurs de Marieville qui se montrent furieux de la décision de la mairesse. La Ville voisine de Rougemont voit dans ce geste tout un lotissement de sa municipalité enclavé. Dans une résolution de la séance du conseil municipal de mai, Rougemont conteste d’ailleurs la fermeture du chemin des Dix-Terres de Marieville dans plusieurs considérants.

Rougemont s’inquiète entre autres du caractère sécuritaire de la fermeture de cette artère. Elle estime que cette voie est un chemin emprunté par les services d’urgence. De plus, sa fermeture entraînerait aussi la machinerie lourde agricole sur les routes voisines, créant un danger pour la circulation. Enfin, la fermeture du chemin des Dix-Terres place la Ville de Rougemont en situation de conflit avec son propre règlement de lotissement puisque la route sans issue que devient le rang des Dix-Terres mesurera plus de deux kilomètres, alors que le règlement prévoit un maximum de 275 mètres.

« Le coût estimé pour la réfection de ce chemin est de près d’un million de dollars. » – Caroline Gagnon

La mairesse a indiqué au Journal être prête « si Rougemont le voulait, on pourrait leur céder le chemin », sans céder cependant les terrains avoisinants sur le territoire de Marieville.

« C’est ridicule! » a indiqué à son tour le maire de Rougemont, Michel Arsenault. « D’autre part, contrairement à ce qui a été dit par la mairesse, nous n’avons jamais parlé de la fermeture du chemin des Dix-Terres ensemble. Elle m’avait seulement signalé, il y a un an, qu’il n’y aurait pas de travaux de réfection de faits », de préciser M. Arsenault, présent lors de la séance du conseil municipal à Marieville.

Contestation au conseil municipal
À la séance du conseil municipal qui s’est déroulée hier soir, toutes les conditions étaient réunies pour rassembler beaucoup de monde opposé à la décision de Marieville.« Vous venez attaquer mon entreprise et sur le plan de la sécurité, vous venez m’affecter. Ce sont près de 30 000 $ que je vais perdre si je n’ai plus accès à mes terres. » ; « En fermant ce chemin, vous prolongez l’intervention des véhicules de sécurité de quinze minutes. Quand une vie est en jeu, quinze minutes, c’est important. » ; « On n’a pas été informés. Lundi, j’avais des entrepreneurs qui avaient de l’ouvrage, mais la route étant fermée, ils n’ont pas pu y avoir accès. Mais j’ai dû les payer pour le temps. » ; « Je n’irai plus rendre service aux agriculteurs de ce secteur avec ma machinerie. Le détour sur la 229 est trop dangereux. Il n’est pas possible d’y passer en toute sécurité. » ; « Normalement, on est dans les champs, pas au conseil municipal pour poser des questions. Mais on n’y a plus accès avec ces poteaux qui bloquent la route et que vous avez installés sans nous prévenir. »

À toutes ces questions, la mairesse avait une réponse à apporter aux citoyens en colère, mais aucune n’a rassuré son auditoire. « C’est sûr que quelqu’un est pénalisé (par la fermeture de ce chemin). On est désolés que cela vous affecte. On doit y aller avec nos priorités et notre budget ne nous permet pas de tout faire. Le coût estimé pour la réfection de ce chemin est de près d’un million de dollars; cette route est inondée au printemps; ce n’est pas le seul chemin, il y a cinq voies parallèles à ce chemin. »

Un coût de 900 000 $
Mme Gagnon a indiqué au Journal qu’il en coûterait à la municipalité 900 000 $ pour la réfection de ce chemin. « C’est une somme qui serait amortie sur une quinzaine d‘années pour un chemin de campagne. Je sais qu’ils sont importants (les chemins de campagne), j’ai été conseillère du district 1, mais la décision a été prise avec rigueur. » Elle confirme que la fermeture de cette rue est peut-être difficile pour certains habitants de Rougemont et elle n’en est pas « contente », mais elle souhaite se concentrer sur les besoins de ses citoyens.
Elle a confirmé qu’elle avait indiqué au maire de Rougemont qu’elle lui en avait parlé il y a plus d’un an en sortant d’une rencontre de la MRC, chose que conteste M. Arsenault. Dans son entretien avec le Journal, Mme Gagnon explique que les détours possibles ne prennent que de « 3 à 4 minutes sur google maps ».