L'usine Bennett Fleet de Chambly

L’usine désaffectée est un lieu où de nombreux méfaits se produisent 

L’incendie de nature suspecte, qui a eu lieu le 22 octobre dernier à l’usine patrimoniale Bennett Fleet de Chambly, ravive le débat entourant la sécurité du lieu, où les méfaits s’accumulent depuis des années.

L’endroit n’est pas inconnu de la part de la Régie intermunicipale de police Richelieu-Saint-Laurent. Au cours des cinq dernières années, la Régie a dû se déplacer plus de cent fois sur le lieu. Introductions par effraction ou « jeunes » sur le toit font partie des raisons menant les forces de l’ordre à se mobiliser là où se situe l’usine désaffectée.

Les panneaux placardés ne suffisent pas aux contrevenants, qui notamment les déclouent et pénètrent illégalement le lieu.

Une démolition envisagée

« On en est à travailler pour trouver des solutions pour peut-être faire démolir certains bâtiments accessoires. La Ville regarde la possibilité de parler avec les propriétaires à savoir s’il est envisageable d’aménager les lieux de façon plus sécuritaire », avance Nicolas Drapeau, directeur par intérim du Service incendie de Chambly. Il est attendu que des « actions plus sérieuses » de la part du propriétaire soient posées pour éviter des méfaits comme celui vécu dernièrement. Des barricades font partie des options considérées. « C’est sûr que des personnes plus malicieuses réussissent à les contrer », convient toutefois le chef des pompiers.

Retour sur l’incendie

Le 22 octobre, vers 1 h, les services d’urgence ont été contactés en raison d’un feu déclaré à la Bennett Fleet. Avec une trentaine de pompiers, Nicolas Drapeau était au front pour contrôler l’incendie déclaré à l’ancienne usine. C’est une approche sécuritaire qui est requise dans le cas de la Bennett Fleet. « Ce que l’on fait, c’est une attaque en mode défensive pour ne pas exposer les pompiers à tout risque d’effondrement », affirme le chef par intérim des pompiers. Une attaque provenant de l’intérieur n’est pas envisageable. « C’est voué à la démolition, alors on ne s’exposera à rien », réitère Nicolas Drapeau. Il aura fallu une douzaine d’heures aux pompiers pour maîtriser le feu. L’assistance d’une pelle mécanique a été nécessaire pour démolir certaines sections qui menaçaient de s’effondrer.

Enquête en cours

Relativement à l’incendie, l’enquête bat son plein. Le Service d’incendie de Chambly révèle avoir trouvé deux foyers d’incendie : un sur le bâtiment principal, à l’avant, et un autre à l’arrière, dans les bâtiments accessoires. La police a donc des motifs de croire qu’il s’agit bel et bien d’un incendie criminel.

Un projet figé

C’est Groupe Sélection qui était le promoteur du projet situé sur le lieu de l’usine patrimoniale. Le 21 novembre 2022, la Cour supérieure du Québec a placé Groupe Sélection sous la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies en raison de son endettement de plus d’un milliard de dollars. PricewaterhouseCoopers Inc. en est devenu le contrôleur. Cette firme a pris les rênes pour redresser les finances de Groupe Sélection.

En avril 2023, PricewaterhouseCoopers a mis en place un processus de sollicitation d’investissement et de vente avec certains actifs de GS. Des groupes d’investisseurs avaient jusqu’à la fin du mois d’avril pour signifier leur intérêt en s’inscrivant sur une liste.

À ce jour, la Cour supérieure du Québec n’a toujours pas approuvé ni autorisé de transaction de vente concernant le projet de la Bennett Fleet. Alexandra Labbé, mairesse de Chambly, mentionne que, du côté de la Ville, il n’y a « rien de nouveau » dans le dossier.

« Étant donné que ce dossier est devant les tribunaux, nous ne pouvons pas émettre de commentaire pour l’instant », explique Christian Bourque, de PricewaterhouseCoopers Canada.

Le 31 août 2023, la Cour supérieure du Québec avait rendu une ordonnance prolongeant jusqu’au 31 octobre 2023 la suspension des procédures contre Groupe Sélection.

Projet de redéveloppement immobilier

Le projet sur le site de la Bennett Fleet implique la construction de deux immeubles résidentiels : un immeuble en résidence privée pour aînés et un immeuble résidentiel locatif. Une garderie est intégrée à l’immeuble résidentiel locatif. Plus de 400 logements sont prévus.

Groupe Sélection avait estimé le projet de complexes à 150 M$. Selon Groupe Sélection, les coûts de démolition et de décontamination étaient évalués à 5 M$, dont 3 M$ pour la décontamination.