Mise sous tutelle de Chambly

Après la perquisition de l’Unité permanente anticorruption (UPAQ) effectuée aujourd’hui à Chambly, le Journal de Chambly a appris en primeur que le gouvernement  met sous tutelle la Ville.

À la fin du conseil du ministre aujourd’hui, le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge a indiqué au Journal de Chambly que la Ville de Chambly était mise sous tutelle. « Nous venons tout juste de l’adopter. À partir de maintenant, toutes les décisions du conseil municipal devront recevoir l’aval du gouvernement », indique M. Roberge.
Le ministre de l’Éducation et député de Chambly croit qu’il est temps de rétablir un climat de confiance au sein de la population. « L’enquête de la Commission municipale du Québec (CMQ) n’est pas terminée. Avec cette perquisition, il faut garantir un climat de paix à l’hôtel de
Ville. »
À la question du Journal à savoir si le maire Denis Lavoie était encore légitime dans ses fonctions, le ministre a répondu que « le fait de mettre la municipalité sous tutelle est un message fort du gouvernement. Les citoyens de Chambly se posent beaucoup de questions. Ils peuvent voir que nous sommes là pour y répondre. »
Une action réfléchit
La dernière année, Chambly a été au devant de la scène dans l’actualité. Expulsion de citoyens lors de séances du conseil; poursuite en diffamation du conseil municipal contre des citoyens s’opposant à des projets de la municipalité; allégations à l’effet que le maire abuserait de ses pouvoirs, intimiderait et harcellerait psychologiquement différentes personnes dont des employés de la Ville. « Le Commissaire à l’intégrité municipale et aux enquêtes procède actuellement à une analyse de divulgation d’actes répréensibles en lien avec l’administration de la Ville. De plus la CMQ fait des vérifications concernant des allégations liées à des manquements en matières d’éthique et de déontologie et maintenant voilà que l’UPAC lance aussi une enquête sur l’administration de la Ville en plus de procéder à des perquisitions », a indiqué dans un point presse la ministre des Affaires municipales Andrée Laforest, après le conseil des ministres qui se déroulait aujourd’hui.
Pour toutes ces raisons, la ministre a souligné que « la mise sous tutelle de la Ville de Chambly est le fruit d’une décision très bien réfléchie. » L’objectif étant désormais de « rétablir surtout la confiance de la population envers la Ville. »
Le rôle de la CMQ
Toutes les décisions du conseil municipal devront être approuvées par la CMQ qui pourra également ordonner des mesures au bon fonctionnement de la municipalité.
La Commission aura aussi des pouvoirs spécifiques en matières financières. Ainsi, tous les documents financiers et administratifs devront être signés par la CMQ.
Elle aura aussi le pouvoir de nommer, de destituer, de suspendre sans traitement ou encore de remplacer les officiers, les fonctionnaires et les employés de Chambly.
La mise sous tutelle en vigueur dès aujourd’hui, se terminera lorsque la CMQ le décidera.
Les élus, le directeur général et le greffier seront bientôt rencontrés par futur tuteur de la Ville pour leur expliquer comment la tutelle se mettra en place.
La ministre a indiqué qu’elle procèdera à des modifications législatives « qui permettront de ressérer les règles d’éthiques, de déontologie les municipalités », a fait savoir la ministre dans un point presse. Elle compte aussi donner encore plus de pouvoir à la CMQ, toujours dans l’objectif que les citoyens « retrouve confiance en leur institution municipale. »
Les faits depuis ce matin
Tôt ce matin, l’UPAC a fermé l’hôtel de ville de Chambly et retourné chez eux la soixantaine d’employés administratifs pour la journée. La présence policière a empêché les employés de la Ville d’entrer à leur travail. Ils ont tous été surpris par cette intervention. Aucun employé n’a eu accès à son bureau. Le personnel administratif de la Ville devrait reprendre le travail demain. Le garage municipal a subi également le même sort ainsi que le centre administratif. On pouvait lire sur une affiche à l’entrée que l’endroit serait fermé pour la journée.
Contacté par le Journal de Chambly, le maire s’est dit surpris de cette intervention. « Ils n’ont appelé personne, mais nous allons collaborer comme toujours. Nous sommes des livres ouverts. C’est quand même particulier qu’ils (UPAC) ferment les services aux citoyens. Ils auraient pu nous appeler, nous aurions collaborer de la même manière.» Le maire, en demandant si le bâtiment des travaux publics était fermé, s’est dit désolé des conséquences que cela pourrait avoir. Cependant les cols bleus de la Ville et le personnel du service incendie sont toujours au travail. La soixantaine de personnes aux services administratifs de la Ville sont par contre en congé forcé. Le maire ne serait pas actuellement à Chambly. L’UPAC a confirmé au Journal par l’intermédiaire de son porte-parole que « trois mandats de perquisition sont en cours en ce moment sur la Rive-Sud. Il n’y a pas d’arrestations qui sont prévues aujourd’hui », a indiqué le porte-parole Mathieu Delisle.
Chambly très critiquée
La Ville de Chambly connaît, depuis les dernières élections municipales de novembre 2017, une réaction très forte de la part de citoyens qui critiquent largement la gestion municipale. L’émission Enquête avait montré un visage peu flatteur du maire Denis Lavoie. À la suite de l’émission, le 30 novembre 2018, la Commission municipale du Québec a débuté une enquête sur le cas du maire, qui fait l’objet d’allégations d’abus de pouvoir. L’UPAC a indiqué au Journal qu’elle travaillait avec plusieurs collaborateurs sans nous indiquer si la CMQ en faisait partie.
Dernièrement, la destruction à la hâte de la maison Boileau, une maison ancestrale, avait soulevé l’indignation partout au Québec.
M. Lavoie est en congé de maladie depuis le mois de novembre. Il continue cependant à travailler à l’hôtel de ville même s’il ne préside quasiment plus les séances du conseil municipal de Chambly.