L’infâme et maléfique liste scolaire

Certains parents la redoutent, la craignent, en font des cauchemars. D’autres, pourtant détenteurs de maîtrise universitaire, n’arrivent pas, malgré tout, à la décoder. Chaque année, des milliers de parents s’arrachent les cheveux et se fondent dans une masse d’autres parents qui, comme eux, doivent se procurer le matériel de l’infâme et maléfique liste scolaire.

Depuis trois semaines, la Papeterie ABCD de Marieville est bondée. Il commence à se faire tard pour certains parents ayant procrastiné à satiété et repoussé les emplettes reliées à la rentrée scolaire. Si certains parents, plus prévoyants, se sont libérés de ce fardeau dès juin dans la paix et l’allégresse, d’autres attendent même jusqu’à la fin du mois de septembre pour acheter le matériel dont leurs enfants ont besoin.

« C’est la folie tous les jours. Le 20 août, journée des allocations familiales, a été notre plus grosse journée. On travaille jusqu’aux petites heures du matin. Le jour, on aide les clients à trouver leur matériel et quand les journées finissent, on replace le magasin, on renfloue les espaces vides et on prépare les commandes de clients », entame Annie Tremblay, copropriétaire de la papeterie

Étapes

C’est plus de 5 000 écoliers que Papeterie ABCD équipe. Afin de vivre cette période de l’année avec succès, une planification bien orchestrée aura été nécessaire au préalable pour les commerces comme celui d’Annie Tremblay. « En avril, nous recevons nos commandes que nous plaçons au cours du mois qui suit. En mai, nous formons également du personnel qui travaillera dès juin pour la rentrée scolaire exclusivement », explique la dame dont l’entreprise passe de six à quinze employés lors de ce segment crucial.

« Nous les voyons, en ce moment, ceux qui n’ont plus de patience. Ils chialent contre la liste, contre le personnel. » – Annie Tremblay

Maux de tête

Une liste d’articles scolaires peut causer de troublants maux de tête à des parents dont le seuil de tolérance et de patience diminue au fur et à mesure qu’ils en biffent les composants. Éparpillés dans cette frénésie, parfois comme des poules dépouillées de leur extrémité supérieure, ils se vouent à une chasse à finir.

« Nous les voyons, en ce moment, ceux qui n’ont plus de patience. Ils chialent contre la liste, contre le personnel. Il faut dire que les listes ont changé. Il y a moins de précisions et il arrive qu’un parent ne s’y retrouve pas. Les commissions scolaires ont enlevé des spécifications et le risque d’erreur est plus grand. Nous recevons d’avance les listes des écoles et lorsque nous vivons une incertitude, nous contactons la secrétaire de l’école qui validera avec l’enseignant dans le but que nous soyons le mieux outillés possible quand le client entrera ici » explique celle qui reçoit la liste de treize écoles provenant de la commission scolaire des Hautes-Rivières.

Magasin à grande surface

Il sont plusieurs joueurs à lutter pour remporter cette part de marché annuelle bien juteuse. Les plus petits espaces se battent contre des magasins à grande surface implantés dans la tête des consommateurs.

« Nous assurons un service qui nous distingue. Nous offrons entre autres la possibilité qu’on nous laisse la liste afin qu’on bâtisse la commande pour le client. Un geste très apprécié qui nous démarque. Nous le faisons gratuitement. Cela témoigne de notre implication envers notre clientèle. Nous incluons également des étiquettes personnalisées au nom de l’enfant ainsi qu’une livraison gratuite sur une certaine distance. Ce sont deux mois très intenses, mais j’aime ce que je fais », affirme Mme Tremblay.

Érablière Meunier

Autre que comprendre la liste scolaire, régler les frais qui l’entourent peut aussi donner du fil à retordre à certaines familles vivant une situation précaire. En collaboration avec Papeterie ABCD et Isolation Réno-Pro Inc. de Saint-Mathias-sur-Richelieu, l’Érablière Meunier de Richelieu offre une quinzaine de sacs d’école contenant le matériel exact dont a besoin un enfant ainsi qu’une boîte à lunch.

« C’est un projet familial. Nous voulions que nos enfants sachent qu’ils étaient chanceux. Derrière cette initiative, c’est le côté proximité qui est très puissant. Nous rencontrons les familles qui viennent récupérer le sac à l’érablière. Chacun a son histoire particulière. C’est comme une petite tape dans le dos pour les encourager », fait miroiter Philippe Meunier, propriétaire de l’érablière avec Valérie Lajoie, sa conjointe.

Matériel manquant

Il arrive que des élèves n’aient pas le matériel. Il se peut que ce soit par erreur, en raison de matériel non offert en magasin ou carrément par négligence.

« Ici, à l‘école, nous avisons les parents. Si, après une fois, rien ne bouge, nous pallions ce manque en fournissant à l’élève le matériel manquant. La dernière chose que nous souhaitons, c’est d’impliquer l’enfant dans ce processus et qu’il soit étiqueté », mentionne Nathalie Chenette, directrice de l’école du Parchemin.