Chambly : l’industrie du taxi en pleine mutation

Il est encore prématuré de connaître les réels impacts de la nouvelle législature proposée par le gouvernement de François Legault sur l’industrie du taxi à Chambly.
Un des points majeurs du projet de loi est l’élimination des permis qui, il y a quelques années, pouvaient valoir entre 100 000 $ et plus de 200 000 $. Si la loi est mise en vigueur dans un an, un chauffeur de taxi n’a besoin que d’un permis de classe régulier (classe 5). De plus, il n’aura que sept heures de formation au lieu des 60 à 150 heures exigées auparavant. Exit l’acquisition de la plaque T au coût de 1000 $. De nouvelles modalités ont trait par ailleurs à l’abolition du territoire et à la tarification dynamique selon le moment de la journée et la demande, entre autres.

« Pas de valeur? Oui et non. Quelqu’un qui veut vendre, son permis n’aura pas de valeur, mais il peut le garder. » – Driss Belkhadir

Driss Belkhadir est propriétaire de Taxi Chambly et de Taxi du Bassin de Chambly, qui possède une flotte de quinze véhicules qu’il loue à la semaine à des chauffeurs. C’est lui qui défraie les coûts de l’immatriculation, de l’assurance et de l’entretien. Dans un an, ses permis n’auront aucune valeur, mais il accueille les modifications à venir avec philosophie. « Pas de valeur? Oui et non, observe le résidant de Carignan d’origine marocaine. Quelqu’un qui veut vendre, son permis n’aura pas de valeur, mais il peut le garder. C’est comme un immeuble ou une action; si tu ne les vends pas, tu les as toujours. Tant qu’on peut travailler, on va continuer à travailler. Il faut s’adapter. »

Que le meilleur gagne!

En ce moment, Taxi Chambly couvre le territoire allant jusqu’à Carignan, Saint-Mathias, Sainte-Angèle et Rougemont. Les chauffeurs de taxi pourront certes amener des clients à Saint-Césaire, Saint-Bruno ou Beloeil, bref, partout au Québec, mais ils ne peuvent pas transporter des gens qui sont à l’extérieur de leur territoire à moins que ces derniers ne le demandent personnellement.
L’arrivée d’Uber a bouleversé l’industrie du taxi qui, au fil des ans, n’a pas pu s’adapter à la nouvelle réalité technologique. De plus en plus de gens se servent désormais d’une application sur leurs portables pour commander un taxi et payer en ligne. Or, il y a encore des entreprises de taxi qui fonctionnent avec les répartiteurs, dont Taxi Chambly.
M. Belkhadir dit vouloir attendre de voir « tous les détails de la loi ». Craint-il l’arrivée d’Uber et le risque de voir les chauffeurs abandonner la location de ses véhicules? « Pour l’instant, je ne vois pas de changement, s’il (Uber) vient, on va continuer et que le meilleur gagne! » Quant à la possibilité que les chauffeurs mettent fin à la location, il dit attendre de « voir comment les choses vont se passer. Pour l’instant, ils travaillent pour moi. Je suis le seul. Je n’ai pas de concurrents ».
A-t-il observé au cours des dernières années une baisse des revenus en raison d’Uber? « Non, je ne l’ai pas remarquée. Il y a beaucoup de développement dans la région, beaucoup de gens qui se sont installés et qui ont compensé. »
Selon M. Belkhadir, il y aurait une dizaine de chauffeurs qui travaillent pour Uber. Une information que le Journal de Chambly n’a pas pu vérifier. Uber n’a pas répondu à nos appels. De plus, le Journal a tenté en vain de parler avec les chauffeurs de Taxi Chambly.

L’industrie du taxi en chiffres

Selon des statistiques, il y aurait 8300 permis de taxi au Québec. Le Bureau de taxi de Montréal, au 31 décembre 2017, les chiffre à 4423, et le nombre de chauffeurs à Montréal est à 8950.
Notons qu’il en coûte, pour un chauffeur qui loue un taxi, de 350 à 500 $ par semaine.
Rappelons aussi que les détenteurs de permis ont reçu une compensation équivalente à 250 millions de dollars sous l’ancien gouvernement. Le ministre des Transports mentionne qu’il réservera un autre 250 M$ aux propriétaires de taxis dont la valeur de permis a chuté brutalement ces dernières années.