L’importance de se protéger lors de l’éclipse pour éviter l’irréversible

Marie-Andrée Morin, optométriste à la clinique visuelle Opto-Réseau Chambly, rappelle que les dommages associés à une observation directe de l’éclipse solaire du 8 avril prochain peuvent être permanents.

« Le danger pour la vision est bien réel puisque les gens seront plus tentés de regarder le soleil qu’à l’habitude », établit d’entrée de jeu Mme Morin. 

« Si les cellules de la rétine sont brûlées, elles ne se régénèrent pas. » – Marie-Andrée Morin

L’optométriste pointe plus précisément la rétinopathie solaire. C’est une maladie qui affecte de manière irréversible la vision centrale. Elle peut rendre la lecture impossible à vie et entraîner la perte du permis de conduire. Mme Morin a personnellement pu en observer quelques cas au Québec. « Si les cellules de la rétine sont brûlées, elles ne se régénèrent pas. On en a une quantité limitée », évoque la docteure. Elle compare avec la peau lors d’un coup de soleil, qui, elle, au contraire, se renouvelle. 

« Ce sont des gens qui seront considérés légalement aveugles, même si ce n’est pas le noir total. J’aime dire à mes patients que c’est la zone qui reçoit en haute définition », ajoute la professionnelle de la vue.

Observation sécuritaire

Marie-Andrée Morin martèle sur « l’absolue nécessité » d’observer le phénomène avec l’aide de filtres appropriés répondant à la norme ISO12312-2. Elle soutient qu’il ne faut pas utiliser la lunette pendant plus de trois minutes consécutives. Il ne faut pas non plus observer l’éclipse si l’on vient de subir une intervention chirurgicale aux yeux, telle une chirurgie réfractive ou de la cataracte. L’optométriste, qui travaille à Chambly, soulève aussi la possibilité d’observer l’éclipse indirectement avec la fameuse boîte à chaussures. « Mais ça me semble extrêmement plate comme observation », estime-t-elle en riant. 

Exposition sans filtre

Mme Morin avance que dans le cas d’un inconfort suivant une exposition sans filtre, il faut impérativement consulter son optométriste. « Les brûlures superficielles sur la cornée pourraient nécessiter des gouttes hydratantes sans agent de conservation ou certains onguents. Pour une rétine touchée, c’est irréversible », répète-t-elle. 

Elle ajoute que, éclipse ou pas, il ne faut pas regarder le soleil. « L’éclipse n’augmente pas la quantité de soleil. Ça augmente l’attrait de regarder le soleil », nuance-t-elle.

Missions humanitaires

Marie-Andrée Morin a également noté des cas de rétinopathie solaire lors de ses missions humanitaires. La première de celles-ci a eu lieu en 2009, en Roumanie. Elle en était alors à la troisième année de son doctorat en optométrie et accompagnait Vosh Santa Cruz, un organisme humanitaire sans but lucratif. La mission nécessitait notamment d’examiner 1 400 patients en une semaine. « On s’est rendu compte qu’il y avait de la corruption. Au début, on examinait des médecins et des amis du parti politique en place. On a vu les pauvres après », décrit-elle.

C’est à titre, cette fois, d’optométriste diplômée qu’elle a vécu sa seconde mission humanitaire en 2016, à Lima, au Pérou. La femme avait 25 étudiants à sa charge. « On était vraiment dans un bidonville », remarque Mme Morin. 

Dans le cadre des missions, elle mentionne avoir donné des soins de premières nécessités. « Ce qui me frappe le plus, c’est qu’il y a des gens qui sont aveugles, dans d’autres pays, qui ne l’auraient jamais été s’ils avaient été ici », conclut Mme Morin, qui révèle un écart quant à l’accès aux soins.

Marie-Andrée Morin fait savoir que les cliniques d’optométrie récupèrent les lunettes usagées pour les redistribuer lors de missions humanitaires. Elle assure avoir bien hâte de recommencer lesdites missions, lorsque ses deux jeunes enfants auront vieilli et qu’ils pourront l’accompagner avec son conjoint, aussi optométriste à Chambly.