Les tuteurs tracent le bilan de la tutelle à Chambly

Les tuteurs ont annoncé la fin imminente de la tutelle et tracé le bilan de leur passage des huit derniers mois à l’Hôtel de Ville de Chambly.

C’est devant une cinquantaine de personnes que Maître Denis Michaud a exposé ce que lui et son collègue, Maître Martin Saint-Laurent, ont découvert durant la tutelle, ce qu’ils ont fait et comment est la Ville actuellement.

La tutelle sera officiellement levée le 29 novembre, soit neuf mois plus tard. Cependant, les tuteurs conserveront la mainmise sur les ressources humaines pour un temps indéterminé, sûrement quelques mois. Ils ont fait ce choix notamment parce que le directeur général, Jean Lacroix, est toujours en congé de maladie, que le responsable des loisirs est suspendu et que l’ancien directeur général et son adjointe poursuivent la Commission municipale du Québec (CMQ) et la Ville en raison de leur congédiement. « Ce sont toutes des sources d’inquiétude pour les employés », a souligné M. Michaud.

Les tuteurs assureront aussi une période de transition et seront disponibles pour répondre à des questions, au besoin.

M. Michaud a précisé que, bien que la tutelle soit levée, les différentes enquêtes menées par l’Unité permanente anticorruption et par le ministère des Affaires municipales contre la Ville se poursuivent.

Découverte

Dès leur arrivée, les tuteurs ont constaté un « sérieux problème de gouvernance, dans l’exercice du pouvoir, la prise de décision et l’imputabilité ». M. Michaud souligne qu’il y avait un manque de transparence et que les pouvoirs étaient « centralisés dans quelques mains ».

Il a rappelé que le directeur général, son adjointe ainsi que le maire avaient utilisé les cartes de crédit de façon inappropriée et qu’il n’y avait pas de contrôle sur ce type de dépenses. De plus, la directrice générale adjointe, Annie Nepton, utilisait un véhicule « à des fins personnelles et sans que son contrat de travail ne le prévoie ». Sa relation de proximité avec le maire lui aurait permis de « bénéficier de certains avantages particuliers et surprenants, dont un salaire supérieur à celui du directeur général ». « Quand on parle aux employés, on constate que le vrai boss, c’était la directrice générale adjointe », ajoute M. Michaud.

« La situation imposait un redressement. » – Denis Michaud

De plus, il a mentionné qu’il y avait véritablement une « peur de collaborer » au sein des employés à cause de «  ceux qui détenaient les autorités ». Il précise avoir eu de la difficulté à recruter un directeur des ressources humaines pour cette raison.

Le tuteur a aussi souligné que l’ex-maire, Denis Lavoie, était « absent et présent ». Il avait obtenu une dispense d’être présent aux séances du conseil, mais se présentait régulièrement à l’hôtel de ville et effectuait des voyages. Il l’a dépeint comme une personne « autoritaire, agressive et arrogante ».

Il a mentionné que les conseillers qui ont appuyé ses gestes étaient soit « ignorants (puisqu’ils n’avaient pas toute l’information) ou complaisants ». Rencontré à la fin de la présentation, le conseiller Luc Ricard a soutenu qu’il avait été maintenu dans l’ignorance par M. Lavoie, qui ne divulguait pas toute l’information. Il lui faisait confiance, puisqu’il mentionnait souvent des articles de loi.

Actions

« La situation imposait un redressement », affirme M. Michaud. Les tuteurs ont donc pris le contrôle des ressources humaines afin que les employés puissent collaborer sans crainte. Ils ont donc retiré ses fonctions à Annie Nepton ainsi que son véhicule et sa carte de crédit. Ils ont abandonné les procédures judiciaires contre les citoyens.

Ils ont nommé un directeur général par intérim, en la personne de Jean-François Auclair. « On a choisi quelqu’un qui avait la capacité, les compétences et qu’on était certains qu’il collaborerait », indique M. Michaud.

« On a enlevé le dossier du Pôle à Mme Nepton pour le confier à M. Auclair pour s’assurer qu’il se termine et que le chantier soit géré comme il faut », poursuit-il.

De nouvelles méthodes de travail ont été implantées au sein du conseil municipal ainsi qu’une meilleure collaboration avec les fonctionnaires.

« Une Ville comme Chambly ne peut pas être l’affaire de deux ou trois personnes », conclut le tuteur.

État actuel

Les tuteurs ont souligné qu’il y avait une « réelle reprise en main de la Ville par le conseil ».

Des règlements ont été adoptés ou le seront concernant le contrôle des dépenses et du budget et sur la rémunération des élus. La diffusion des séances sur le Web permet une plus grande transparence. Un rapport avec recommandations sera également transmis à la Ville d’ici le 31 janvier 2020.

Les élus et les fonctionnaires façonneront eux-mêmes le budget qui sera présenté en décembre.

La mairesse, Alexandra Labbé, souligne que le conseil retrouve son autonomie. « On a l’impression de retrouver nos ailes et d’être capables de fonctionner de manière autonome », dit-elle.