Les tuteurs rencontrent les citoyens à Chambly

Les deux tuteurs nommés pour mener la tutelle à Chambly ont tenu à rencontrer la population pour expliquer leur rôle et répondre aux nombreuses questions des citoyens.
« Nous ne sommes pas un tribunal populaire. C’est à vous, à un moment donné, de faire un choix tous les quatre ans. C’est la démocratie », a répété à de nombreuses reprises Me Denis Michaud, l’un des tuteurs de la Ville de Chambly.
Hier soir, Me Michaud et Me Martin Saint-Laurent, l’autre tuteur dans la mise sous tutelle de Chambly, ont convié les citoyens à une séance d’information publique portant sur les pouvoirs de la Commission et sur le fonctionnement de la Ville pendant la tutelle.
La rencontre s’est déroulée au Centre des aînés de Chambly devant une salle comble, en présence des cadres de la Ville.
« C’est la deuxième fois que la Commission municipale du Québec (CMQ) organise une rencontre de la sorte avec les citoyens d’une Ville sous tutelle. La première fois, nous l’avions fait à Baie-Trinité (NDLR : une Ville toujours sous tutelle après un peu plus d’un an). Nous répondons ainsi à une grande inquiétude manifestée par les gens », a indiqué Me Michaud.
Après la présentation de leur mission, les tuteurs ont expliqué les gestes posés depuis trois semaines dans la Ville.
« Le directeur général, Michel Larose, est malade. Nous avons donc nommé Jean-François Auclair directeur général par intérim. Il travaillera avec nous pour redresser la situation. Au début, notre présence sera plus intensive, mais on va progressivement s’effacer et régler les choses à distance. »
Les tuteurs ont précisé leur décision de suspendre les procédures judiciaires de la Ville au civil contre les citoyens. « Elles pourront être autorisées, mais seulement après vérification. C’est la première fois que la Commission demande à une Municipalité de suspendre des procédures du genre. »
Les tuteurs ont parlé de leur indépendance par rapport aux différentes enquêtes menées actuellement à Chambly. « La Commission des enquêtes se penche sur les problèmes de déontologie. On est dans la même institution, la CMQ, mais nous n’avons pas le même rôle. Nous n’avons pas les mêmes dossiers. C’est encore plus vrai avec l’UPAC. On ne sait pas ce qu’ils font. Quant au Commissaire à l’intégrité municipale et aux enquêtes (CIME), il contrôle des actes répréhensibles qui peuvent avoir eu lieu à Chambly. »
Me Michaud a aussi expliqué pourquoi les tuteurs avaient enlevé les cartes de crédit au maire, au directeur général et à la directrice générale adjointe. « Utilisation inappropriée de carte de crédit, cela ne veut pas dire qu’il y a eu de la corruption. Le problème de l’utilisation d’une carte de crédit de la Ville, c’est qu’ensuite, nous ne pouvons pas savoir ce qui a été consommé. On pense, d’autre part, que ces dépenses ne sont pas insignifiantes. En 2016, 2017 et 2018, sur trois cartes de crédit, il y a eu des dépenses personnelles pour près de 30 000 $. On ne parle pas d’un geste criminel. On parle de trois personnes, peut-être de bonne foi, mais qui n’ont pas procédé de la bonne façon. Cette histoire montre que les contrôles sont insuffisants. »
Les tuteurs ont rappelé que « des gens auront à justifier leur décision ».
Devant un manque de collaboration relativement aux enquêtes du CIME, de la CMQ ou encore de l’UPAQ, les tuteurs ont rappelé que leur rôle était de « mettre en place les conditions qui permettront aux gens de collaborer ».

Période de questions

« Nous, on ne fait pas de politique. Si le conseil décide de porter un projet, il en répondra devant les citoyens aux prochaines élections. Si la décision contrevient à la loi, on va la bloquer. On n’est pas là pour faire un job de bras. On est là pour que la Ville fonctionne bien », a souvent indiqué aux citoyens Me Michaud.
Beaucoup d’applaudissements dans la salle ont salué la démarche des tuteurs, celle d’être venus à la rencontre des citoyens. « Je tiens à vous remercier de votre présence », entendait-on régulièrement à la fin de chacune des questions.
Plusieurs citoyens se sont inquiétés de ce qui se passera après le départ des tuteurs. « Nous resterons le temps qu’il faudra. C’est le gouvernement qui décide quand la tutelle commence, mais c’est la Commission qui décide quand elle finit. »
Les tuteurs ont indiqué que dès qu’ils le jugeraient nécessaire, ils referont cet exercice devant les citoyens. La séance d’information, qui a commencé à 19 h, s’est terminée après 21 h.