Les signaleurs veulent plus de police aux abords des chantiers

Les deux accidents mortels de la route, survenus coup sur coup chemin Sainte-Thérèse à Carignan, interrogent. La sécurité sur les chantiers routiers est-elle garantie ou si le comportement des automobilistes est à revoir? Toute une profession réclame des changements.

Un adolescent en civil de 16 ans et un signaleur de 58 ans ont perdu la vie sur le chantier du chemin Sainte-Thérèse à Carignan à la mi-octobre. Tout le monde pointe la vitesse ou l’alcool, voire les deux. Pour Jean-François Dionne, président de l’Association des travailleurs en signalisation routière du Québec, il est temps d’agir. « Nous déplorons trois travailleurs blessés, dont un mort en une semaine. Beaucoup de monde ont quitté ou vont quitter. Ils ne se sentent plus en sécurité! Mais ni le gouvernement, ni les municipalités ne nous écoutent! »

« Les travaux sur le tunnel Louis-Hippolyte- La Fontaine commencent et plusieurs signaleurs seront sollicités. » – Jean-François Dionne

Le ton monte et les revendications s’affirment. Le dirigeant n’y va pas par quatre chemins. « On veut plus de police. Il n’y a pas assez de surveillance autour des chantiers. Il est nécessaire aussi que la signalisation soit accentuée autour des zones de travaux. Enfin, on souhaite une campagne de sensibilisation de la part des villes concernant la profession de signaleur. Sherbrooke l’a très bien fait! » À la suite d’une manifestation commencée sur le chantier à Carignan, qui a mené jusqu’au ministère des Transports, la profession a obtenu la promesse d’un entretien avec la ministre des Transports, Geneviève Guilbault. « On est fiers de cette rencontre, poursuit Jean-François Dionne. Mais on veut des actions. Les travaux sur le tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine commencent et plusieurs signaleurs seront sollicités. »

Martin Poirier, directeur des Travaux publics à Carignan, se sent concerné par ces accidents même si le chantier du chemin Sainte-Thérèse n’était pas du ressort de la commune. « On suit constamment les recommandations du ministère des Transports, assure le dirigeant. On utilise de la signalisation, des feux temporaires et des signaleurs selon la réglementation sur les routes limitées à 70 km/h ou 50 km/h. Nos employés sont toujours formés pour devenir signaleurs. »

Une mentalité à changer

Face à ces drames, le directeur pointe clairement le comportement des automobilistes. « Les gens sont devenus plus agressifs, ils sont tout le temps pressés! J’entends les ouvriers se plaindre fréquemment de l’attitude du public. » Les panneaux « Circulation locale seulement » ne semblent plus suffisants. À Chambly, par exemple, le chantier sur l’avenue De Salaberry est souvent traversé par des véhicules qui violent l’interdiction de passer, pour gagner quelques minutes, au risque de renverser un ouvrier ou de percuter un autre usager arrivant en sens inverse dans cette rue réduite à une seule voie jusqu’au printemps, a priori. « À Carignan, on pense à barrer complètement la voie, surenchérit Martin Poirier. Au moins, les gens fâchés pourront râler durant leur détour et non sur les ouvriers! »

À court terme, le directeur des Travaux publics espère trouver des solutions.« Doit-on signaler avec des barrières supplémentaires? Faut-il ajouter des dos d’âne temporaires? Le but est de faire ralentir les automobilistes et de les rendre moins agressifs. C’est vraiment pas facile d’être signaleur, les gens sont tout le temps contre eux. Ce sera difficile de faire changer les mentalités. D’autant que je ne comprends pas pourquoi les gens agissent ainsi dans le secteur. Il n’y a pas tant de travaux que cela. »