Les emplois étudiants touchés par la pénurie de main-d’œuvre

La pénurie de main-d’œuvre, connue dans plusieurs secteurs de l’industrie depuis quelques années, affecte aussi les entreprises qui souhaitent engager des étudiants. C’est le cas de l’entreprise Cargill, à Chambly, et de certaines municipalités.

« On a de plus en plus besoin d’étudiants. Avant, l’entreprise n’ouvrait que les samedis. Maintenant, on est obligés d’ouvrir certains dimanches pour répondre à la demande », affirme Nicolas Ferland, directeur général chez Cargill.

L’homme estime qu’il pourrait facilement embaucher une centaine de personnes pour ne plus devoir faire appel à des agences d’employés temporaires. Quand il a pris son rôle à la direction, il y a cinq ans, le nombre de postes oscillait autour de vingt. « C’est toujours plus facile pour les formations quand on a nos employés. Ceux des agences sont différents d’une fois à l’autre et certains ne parlent pas français », précise-t-il.

Il indique recevoir moins de curriculum vitae (CV) d’étudiants que de personnel régulier. Selon ses informations, la situation est similaire dans d’autres entreprises. « On est tous un peu en compétition les uns contre les autres pour recruter », soutient M. Ferland.

Il aimerait augmenter son nombre d’employés afin notamment d’offrir plus de flexibilité dans les horaires. « Avec un bassin plus grand, j’aurais plus de facilité à aider les étudiants. Par exemple, lors de périodes d’examens, ils pourraient ne pas entrer au travail. On veut aussi les encourager à aller à l’école », mentionne le directeur général. L’embauche de cette main-d’œuvre étudiante est importante pour cette usine de transformation de viande, principalement l’été où elle permet de combler les vacances des employés réguliers. Les étudiants embauchés peuvent travailler huit ou seize heures par semaine durant l’année scolaire et en faire plus de 40 l’été.

« Je trouve ça gratifiant pour eux d’avoir un revenu tout en allant à l’école », souligne-t-il.

L’homme ajoute apprécier la main-d’œuvre étudiante. « Ce sont des gens allumés. La formation se fait rapidement. Ils nous amènent aussi un nouveau regard sur notre production », dit-il.

« On est tous un peu en compétition les uns contre les autres pour recruter. » – Nicolas Ferland

Rétention

Afin de garder ses employés, Cargill, qui connaît un taux de roulement de 30 %, a mis certaines mesures de rétention en place dont les étudiants bénéficieront aussi. « Un des objectifs est d’embaucher, mais aussi de les garder », souligne M. Ferland.

L’entreprise offre un salaire supérieur au salaire minimum. Elle offre aux étudiants de plus de 18 ans la possibilité d’être boucher ou conducteur de chariots élévateurs. Les étudiants sont aussi invités au party de Noël en guise de reconnaissance.

L’entreprise a mis en place récemment un système de parrainage entre un employé et un nouveau. « Il sera un soutien. On vient de commencer. On a hâte de voir comment ça va fonctionner », mentionne le directeur général.

M. Ferland est conscient que l’environnement froid dans lequel travaillent ses employés n’est pas apprécié de tous.

Villes

Pendant l’été, les villes engagent des étudiants généralement pour travailler à l’animation de camps de jour ainsi qu’aux travaux publics. Les villes de Chambly, Carignan, Marieville et Richelieu, interrogées par le Journal, ont toutes confirmé avoir connu une baisse du nombre de CV reçus pour pourvoir les différents postes. Cependant, la situation varie d’une année à l’autre, selon les postes disponibles en fonction des anciens animateurs qui reviennent ou non.

À Marieville, on indique que les postes les plus difficiles à combler sont ceux des accompagnateurs pour les enfants ayant un besoin particulier. Les profils recherchés sont plus spécifiques, puisque la Ville cherche des étudiants âgés de plus de 18 ans pour œuvrer dans des domaines spécialisés.

Richelieu engage uniquement pour les travaux publics, puisque les camps de jour sont gérés par l’organisme La Saison du passeur. La directrice générale, Ann Tremblay, soutient qu’ils ont remarqué une « légère baisse du nombre de CV, mais que la qualité des candidatures était excellente », ce qui leur a permis de pourvoir leurs postes. Les autres municipalités affirment aussi réussir à embaucher le personnel nécessaire malgré la baisse de candidatures.

« Les jeunes sont à la recherche d’un emploi qu’ils pourront conserver à la rentrée scolaire alors que les camps offrent seulement huit semaines. Peut-être est-ce l’une des explications à cette situation », indique Marie-Ève Hébert, porte-parole de la Ville de Marieville.