Carignan : les élus veulent doubler leur salaire

Le maire Patrick Marquès a décidé de reporter à une séance ultérieure le vote permettant de doubler son salaire ainsi que celui des élus.
« Je suis mal à l’aise avec une augmentation de 100 %. À la limite, on aurait pu augmenter de façon graduelle. Quelque part, nous sommes en conflit d’intérêts puisque nous votons nos propres salaires », commente, au sortir de l’assemblée du conseil mercredi dernier, la conseillère de l’opposition Stéphanie Lefebvre .
Elle aurait souhaité qu’une telle décision se prenne en consultant la population. « Le contenu discuté en comité plénier devra rester confidentiel », affirme la conseillère, qui ajoute que le maire ne la laisse pas parler lors du plénier.
« Nous discutions (de ce sujet ) depuis le mois d’avril, réplique le maire en entrevue. C’est un coup d’éclat politique. Tout le monde était d’accord en plénière. Nous allons le rediscuter. Il fallait que ce soit unanime. »
Il a tenu à dire que c’est à la demande également de la conseillère de l’opposition, Anne Poussard, que l’idée d’aller vers l’augmentation a été prise. Celle-ci n’aurait pas pu assister en réunion du plénier, qui se tenait auparavant le mardi, à cause de son travail.
Mme Poussard confirme ce fait, mais ajoute que le maire se sert de cet « argument qui m’est personnel pour justifier l’augmentation ».

L’outil de calcul de l’UMQ

L’idée d’augmenter les salaires est fixée à partir de l’outil sur la rémunération des élus municipaux de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) pour faire passer le salaire du maire de 24 000 $ à 48 000 $ et celui des conseillers de 8000 $ à 16 000 $. Un montant maximum de 16 000 $ à titre d’allocations de dépenses s’ajoute à la rémunération. Le maire précise toutefois que ce montant d’allocation sera imposable à partir de 2019 par le fédéral.
L’outil de l’UMQ a comme critères, entre autres, le nombre de la population et la richesse foncière.
Lors de la période de questions, un citoyen dit s’être servi dudit outil pour Carignan et en être arrivé à un salaire oscillant entre 20 500 $ et 28 000 $. Cette rémunération, soutient Frédéric Martineau, conseiller de la majorité, ne tient pas compte, dit-il, « des intervenants avec qui on fait affaire (organismes supramunicipaux) et le grand nombre de contraintes reliées au rôle et à la responsabilité des élus (rencontres dans les comités, déplacements, etc.) ».

« Si je calculais mon salaire au taux horaire, je suis payé en bas du salaire minimum. Quand on fait plus de trente heures, vous appelez ça comment ? » – Le maire Patrick Marquès

Plus tôt, en ouverture de la séance, le maire a justifié l’augmentation par « les tâches (qui) n’ont pas cessé de se complexifier; il y a tellement de travail, des compétences transférées, notamment en matière de développement, de transport, d’environnement. Ça devient difficile pour les élus qui ont un travail à plein temps de se présenter à des séances de travail pendant la journée. Est-ce qu’il faut prendre des gens indépendants de fortune pour siéger aux conseils municipaux? »
Et d’ajouter : « La loi nous permet de changer les paramètres de la rémunération. Nous avons fait l’analyse des échelles salariales des villes comparables en fonction du nombre de la population et de la richesse foncière ».
Patrick Marquès a affirmé aussi que la hausse n’aura pas d’impact sur les taxes pour le budget de 2019, puisqu’elle sera effective à partir de janvier prochain.

Un maire à temps plein ou à temps partiel?

« On ne peut pas dire un maire à temps partiel, tranche Patrick Marquès en entrevue. Si je calculais mon salaire au taux horaire, je suis payé en bas du salaire minimum. Quand on fait plus de trente heures, vous appelez ça comment? » Le maire dit être en fonction sept jours sur sept, 24 h par jour. « À l’hôtel de ville, je suis présent du lundi au vendredi, toutes les heures du jour et du soir, et présent les fins de semaine pour les activités pour lesquelles je suis appelé. »