Les agriculteurs visent 50 % d’augmentation d’ici 2025

Les 142 producteurs de bovins des MRC de Rouville et de la Vallée-du-Richelieu veulent augmenter de 50 % leurs cheptels dans un horizon de sept ans.
Les agriculteurs locaux souscrivent ainsi à l’idée du Plan de développement 2018-2025 mis de l’avant par les Producteurs de bovins du Québec.
Pourquoi donc une telle augmentation alors que la viande ne manque pas sur le marché, bien au contraire ? a demandé le Journal de Chambly à Jean-Marc Ménard, président des Producteurs de bovins de Montérégie-Est. « La production est devenue plus difficile; il y a eu 40 % de baisse depuis une dizaine d’années environ. »
Celui qui est aussi producteur laitier de la région impute la baisse aux dépenses élevées, et ce, malgré l’aide venant du Programme d’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA). « On ne rencontre pas nos coûts de production. On a mis des critères difficiles à remplir, ce qui fait que beaucoup (de producteurs) ont lâché la production. »

Un marché sans frontières

L’ASRA sert à protéger les producteurs contre les changements des prix du marché et des coûts de production. Ce programme octroie une compensation si le prix moyen d’un produit est inférieur au revenu stabilisé; celui-ci étant fixé sur la base du coût de production des entreprises spécialisées, peut-on lire sur le site gouvernemental La Financière agricole.

« Il n’y a pas de limites à importer du bœuf canadien ou américain au Québec. Nous, on n’a pas le choix de rencontrer nos coûts de production alors qu’ailleurs, ils n’ont pas les mêmes conditions en matière de normes du bien-être animal et environnemental. » – Jean-Marc Ménard

De fait, Jean-Marc Ménard précise que le prix du bœuf est contrôlé par la Bourse de commerce de Chicago (devenue plus tard Chicago Mercantile Exchange). « Il n’y a pas de frontières pour l’importation ou l’exportation du bœuf en Amérique du Nord, dont le Brésil et le reste du Canada. » Ce marché comprend également l’Australie et la Nouvelle-Zélande. « Il n’y a pas de limites à importer du bœuf canadien ou américain au Québec, rapporte le président. Nous, on n’a pas le choix de rencontrer nos coûts de production alors qu’ailleurs, ils n’ont pas les mêmes conditions en matière de normes du bien-être animal et environnemental. »
Jean-Marc Ménard cite les dépenses relatives aux bâtiments à aménager et à chauffer, alors que dans des pays comme le Brésil ou l’Australie, les producteurs, mentionne-t-il, peuvent laisser leur bétail à l’air libre. « Nous sommes obligés d’avoir des sites clôturés d’une superficie parfois jusqu’à trois à quatre kilomètres pour entreposer le fumier », rapporte le producteur. Cet aménagement permet d’empêcher les animaux d’accéder à des cours d’eau et de risquer de les contaminer.

Une aide attendue

Jean-Marc Ménard espère que les Producteurs de bovins du Québec recevront une part des « 100 millions de dollars » à même l’enveloppe d’argent prévue dans le cadre de la future politique bioalimentaire du Québec.
Le soutien financier permettrait, selon le président, d’« ajuster les coûts de production pour certains agriculteurs, car souvent ces coûts augmentent avant que le gouvernement ait le temps de vérifier et de réagir ».
« Il faut adapter le programme de stabilisation aux coûts réels qui ne sont pas reconnus par le gouvernement », réclame Jean-Marc Ménard non sans ajouter qu’il faudrait également « avoir une subvention au démarrage pour la relève si on veut maintenir notre production ».
Questionné à savoir si l’augmentation de la production ne va pas tirer les prix vers le bas, le président estime que celle-ci va plutôt « développer l’économie de notre région. On produit 25 à 30 % de la consommation; au Québec, on aime les produits qui sont faits ici et surtout ça permet l’occupation du territoire ».

Un secteur névralgique

La MRC de Rouville compte 87 entreprises en production bovine, dont 73 ont des cheptels destinés à produire de la viande en bœuf haché. 11 œuvrent dans le bouvillon d’abattage, soit de la viande transformée en une multitude de coupes de bœuf. Les autres producteurs sont spécialisés, dans le veau de grain et le veau de lait.
Sa voisine la Vallée-du-Richelieu a sur son territoire 55 entreprises, dont 47 producteurs de viande pour en faire du bœuf haché. 21 entreprises s’occupent de l’élevage de veaux de grain et de veaux de lait.
Appuyez-vous les producteurs de bovins dans leur volonté de hausser de 50 % leur production ?