Budget de Saint-Césaire : les agriculteurs digèrent mal la hausse de taxes

L’Union des producteurs agricoles de Rouville accueille très mal l’augmentation de taxes annoncée dans le budget de Saint-Césaire.
« On est très déçus, déplore Jean-François Ridel, vice-président de l’UPA de Rouville. D’un côté, l’augmentation des taxes va se traduire par des revenus de 50 % de plus. La Ville va profiter d’un grand accroissement de revenus du côté agricole, alors que de l’autre côté, ils vont baisser le résidentiel de trois sous. »
L’administration du maire Guy Benjamin a, depuis septembre, un nouveau rôle d’évaluation 2019-2020-2021. Celui-ci a fait bondir la valeur des terres agricoles de 84,56 %, ce qui a amené la Ville à ajuster un taux de taxation de 0,6310 $ par tranche de 100 $ d’évaluation. Malgré cet ajustement, la hausse est incontournable. L’an dernier, les secteurs agricole et résidentiel avaient le même taux, soit 0,7510 $.
M. Ridel et son père sont des agriculteurs à Saint-Césaire. M. Ridel aurait souhaité un taux de 0,4330 $. « Chez nous, ça représente 8000 $. Donc 50 %, c’est 4000 $. En tout, c’est environ 12 000 $ que nous aurons à payer », a-t-il indiqué en ajoutant que, certes, ils bénéficient d’une réduction d’environ 80 $ chacun pour la taxe résidentielle, mais en tant qu’entreprise, l’imposition a augmenté de 4000 $.
N’eût été la compensation du ministère de l’Agriculture qui pourrait atteindre 80 %, M. Ridel aurait payé près de 35 000 $.

L’impératif du développement

« On ne pouvait pas diminuer le taux de taxes pour que l’agricole n’ait aucune augmentation, a réagi en entrevue le maire Guy Benjamin. C’est impossible, car avec les travaux qu’on a dans le futur, il fallait garder un revenu assez considérable. On est très conscients de la problématique, mais on n’avait pas le choix. »

« Il faudrait éventuellement que le gouvernement fasse une refonte complète pour la taxation du secteur de l’agriculture. » – Le maire Guy Benjamin

M. Ridel ne partage pas ce point de vue. « Ce qui indigne le monde agricole, c’est que le résidentiel va baisser de deux ou trois sous, alors que les besoins de la Ville sont croissants, et de l’autre côté, – oui, les valeurs foncières des terres agricoles ont explosé dû à une certaine conjoncture économique et spéculative -, en fin de compte, la Ville en profite pour augmenter ses revenus et faire un cadeau du côté résidentiel. »
M. Benjamin reconnaît que les revenus issus du secteur agricole ajouteront 550 000 $ dans les coffres de la Ville. Du même souffle, il ajoute qu’en 2013 et 2014, il y a eu des « hausses astronomiques » pour le secteur résidentiel. Il dit que sa Ville n’est pas « très compétitive » avec ses voisines sur les plans commercial et industriel. Selon M. Benjamin, la solution serait du côté du Québec. « Il faudrait éventuellement que le gouvernement fasse une refonte complète pour la taxation du secteur de l’agriculture. Il faut considérer notre situation; ce n’est pas la même chose partout. Il faut considérer par rapport aux investissements, aux infrastructures, aux équipements sportifs et par rapport aux travaux dans le futur. »

Un budget en hausse de 8,73 %

Le budget 2019 de la Ville de Saint-Césaire atteint 10 356 179 $, soit 8,82 % ou 870 131 $ de plus que l’exercice financier de l’an dernier. Le taux ajusté pour le résidentiel est de 0,7310 $ par tranche de 100 $.
Une résidence dont la valeur est de 261 425 % a une hausse de 0,06 % par rapport à 2018, soit 16,46 $ de plus à payer.
Au chapitre des revenus, les taxes continuent à occuper une très large portion, soit 84,32 % (8,6 M$ vs 7,9 M$ en 2018). Un montant de 806 904 $ pour des services que la Ville a rendus. Les paiements tenant lieu de taxes sont de 187 082 $.
Les montants destinés aux salaires et à l’administration générale occupent 20,91 % du budget des dépenses, suivis du transport (voirie, travaux publics, etc.) avec 20,25 % et de la sécurité publique (sûreté de Québec, incendie, etc.) avec 16,33 %. Celle-ci est estimée à 1,5 M$, dont 1M$ pour la Sûreté de Québec, ce qui fait dire au maire que « la facture monte et les services diminuent ».