Abus sexuels : l’Église fait face à un audit

Saint-Jean-Longueuil fait partie des cinq diocèses qui seront soumis à un audit externe relatif aux abus sexuels qui auraient été commis par des membres du clergé et du personnel pastoral à l’endroit de personnes mineures et d’adultes vulnérables.
C’est l’ancienne juge Anne-Marie Trahan qui sera à la tête d’une équipe d’une dizaine de personnes qui auront à éplucher les archives relatives à des allégations d’agressions sexuelles dans les diocèses de Montréal, de Saint-Jérôme, de Valleyfield, de Saint-Jean-Longueuil et de Joliette. L’enquête, étalée sur deux ans, concernera la période allant de 1950 à aujourd’hui.
Yvon Métras, responsable du Service des ressources humaines, explique en entrevue les raisons qui ont poussé le diocèse Saint-Jean-Longueuil à faire partie de cet exercice. « Depuis un an que les évêques de la province ecclésiastique (diocèses cités en haut) sont en réflexion par rapport à cette démarche d’audit. Deux éléments motivent cette démarche. D’abord, c’est un exercice de transparence. Ensemble, ils souhaitaient avoir un portrait juste de la situation de leur diocèse plutôt que de s’investir individuellement dans une démarche. Et en septembre dernier, la Conférence des évêques catholiques du Canada a publié de nouvelles lignes directrices sur la gestion des cas d’abus envers les personnes mineures et les adultes vulnérables. »
L’inclusion de Saint-Jean-Longueuil demeure d’ordre géographique étant donné la proximité de Montréal. Ces diocèses font partie de la terminologie ecclésiastique qu’on nomme les diocèses suffragants.
Le diocèse Saint-Jean-Longueuil comprend une cinquantaine de paroisses. À Chambly, il y a les églises Saint-Joseph-de-Chambly et Très-Saint-Cœur-de-Marie, tandis que Carignan accueille la Chapelle Saint-Joachim, et Saint-Basile, la Paroisse-Saint-Basile-Le-Grand.

Diocèse de Saint-Hyacinthe

De l’autre côté de la rivière Richelieu (comprenant aussi des municipalités de la MRC de Rouville), c’est le diocèse de Saint-Hyacinthe, qui compte environ 85 paroisses et 105 églises. Cette entité fait partie d’une affiliation qui regroupe les diocèses de Sherbrooke et de Nicolet. Ce regroupement n’a pas rejoint les diocèses qui ont mis en place l’audit. « Depuis douze ou treize ans, les trois diocèses travaillent ensemble à réfléchir à ces questions, commente Jean-Marc Robillard, relationniste auprès du diocèse de Saint-Hyacinthe. On a posé un certain nombre de gestes et nous avons un protocole qui va être révisé en 2019. » M. Robillard ajoute que le diocèse a « l’intention de lancer cette opération (audit) en concertation avec les autres diocèses. Notre désir est d’emprunter la voie de Montréal ».

« La seule personne qui a été désignée par les évêques, c’est la juge qui mènera l’enquête. Me Trahan a une réputation sans tache. » – Yvon Métras

Les gestes posés par le diocèse de Saint-Hyacinthe ont trait à la création d’« un comité qui réfléchit et aborde ces questions plus particulièrement; (la tenue) de trois rencontres diocésaines afin de pouvoir informer et former les prêtres et le personnel pastoral pour le diocèse de Saint-Hyacinthe ».

Enquête publique?

Le Comité des victimes de prêtres a critiqué l’approche retenue par les diocèses. Il aurait souhaité la mise sur pied d’une commission d’enquête. « La seule personne qui a été désignée par les évêques, c’est la juge qui mènera l’enquête. Me Trahan a une réputation sans tache, ajoute Yvon Métras, porte-parole du diocèse Saint-Jean-Longueuil. C’est une dame avec un bon jugement, capable de s’entourer d’une équipe qui fera l’analyse la plus indépendante possible. C’est elle qui déterminera son mandat et l’ensemble de ses collaborateurs. Une enquête publique aurait probablement concerné l’ensemble des diocèses au Québec. C’est au gouvernement à prendre une décision. »
Le diocèse Saint-Jean-Longueuil mettra prochainement sur son site Internet une adresse courriel et un numéro de téléphone pour les gens souhaitant faire des signalements d’abus subis par des mineurs ou des personnes vulnérables.