Les Causeries de Champlain : l’eau du Richelieu en question

Beloeil et Mont-Saint-Hilaire seront les villes hôtesses, en collaboration avec l’Organisation de bassin de la rivière Richelieu et de la Zone Saint-Laurent, l’OBV COVABAR, de la onzième édition des Causeries de Champlain, les 5 et 6 juin prochains.
Le thème des impacts de l’aménagement du territoire sur la ressource eau fera l’objet de discussions, au cours de ces deux journées d’échanges, entre des spécialistes et des décideurs.
Les causeries biannuelles se tiennent depuis dix ans, soit lors du jumelage effectué en 2009 entre les bassins versants du fleuve Charente et les bassins versants du Richelieu. À tour de rôle, les causeries ont lieu dans des villes en France et au Québec.
Le président du COVABAR, Hubert Chamberland, en entrevue, souligne l’importance de ce jumelage étant donné l’expérience que possède le pendant du COVABAR, l’Établissement public territorial de bassin Charente, qui existe depuis quarante ans. « Deux aspects qui nous distinguent de beaucoup, illustre M. Chamberland : en France, l’organisation est composée d’élus. Nous, nous sommes interpellés pour que ce soit la société civile qui amorce l’organisation du bassin dans le but d’infléchir les décideurs. Et c’est pour ça que nos causeries se tiennent en collaboration avec les maires. »
« Nous avons la chance à Beloeil d’avoir un panorama grandiose et splendide grâce à la rivière Richelieu, a déclaré la mairesse Diane Lavoie. Évidemment, un tel cadeau de la nature vient avec des responsabilités, et nous sommes bien conscients, à la Ville de Beloeil, d’où l’importance de la saine gestion de l’eau au quotidien. »
Pour le maire de Mont-Saint-Hilaire, Yves Corriveau, la Ville « est entourée de nature. Ainsi, il va de soi que la Ville soit un chef de file en matière de préservation des milieux naturels.

Unités de voisinage

Au cours de ces causeries, le président du COVABAR souhaite l’amorce d’échanges afin de mettre en place « des unités de voisinages » qui se déclineront en la création de « petites cellules de travail de sensibilisation citoyenne qu’on baptisera probablement Aqua citoyenneté. Que les gens, localement, se prennent en main, s’informent mutuellement sur les bons côtés pour protéger notre eau ».

« Il y avait même des carcasses d’autos; la rivière servait de dépotoir. » – Hubert Chamberland

« Ce sont les humains, par leurs gestes quotidiens, qui transforment et détruisent la qualité de l’eau. Donc, il faut travailler sur les citoyens pour les inviter à changer leur comportement. »
Certes, mais est-ce une responsabilité qui relève également du ressort des décideurs? « Oui, forcément, car vu que nous avons l’obligation de travailler par concertation, nous invitons les élus à prendre le virage pour la valorisation de l’eau. Ce qui est intéressant, c’est de se comparer et de voir qu’au début des années 2000 à 2004, il y avait une négligence totale de la part des producteurs agricoles. On arrivait même à faucher les bandes riveraines pour agrandir le territoire de culture. Ce qu’on a fait, on a mis en place dès 2009 des chantiers d’intervention en milieu agricole, et je dois vous dire qu’aujourd’hui, non seulement nos chantiers sont populaires et réussissent, mais ils sont partiellement financés par l’UPA et les producteurs agricoles pour rétablir les bandes riveraines. Il y a beaucoup de producteurs qui, à la suite de nos invitations, ont accepté de changer leur comportement. (…) Mais il y a encore beaucoup de travail à faire. »
M. Chamberland pointe aussi du doigt des « promoteurs qui font de gros projets (et qui) ont tendance à entuber des petits cours d’eau et à construire par-dessus un territoire d’asphalte et de béton qui devient stérile. On réussit maintenant avec les villes à garder ces cours d’eau à ciel ouvert et ils deviennent des récepteurs d’eau pluviale pour qu’elle soit filtrée avant d’arriver à la rivière. »
Il a tenu aussi à rappeler combien le Richelieu était considéré comme un lieu de débarras. « Avec l’aide de plusieurs, nous avons effectué du nettoyage dans le coin de Saint-Charles, Saint-Marc et dans le bassin de Chambly. Il y avait même des carcasses d’autos; la rivière servait de dépotoir », relate le président, qui ajoute vouloir poursuivre le travail d’éducation et de sensibilisation de la protection de ce joyau.

Les causeries

Plusieurs invités participeront aux Causeries, entre autres, Christian Saint-Jacques, président de l’UPA Montérégie, et Julien Poisson, directeur de programme à Conservation de la nature Canada.