Le vote par Internet pour les élections municipales est un projet mitigé
La vision des maires du territoire diffère relativement au projet mis en place par Élections Québec permettant le vote par Internet pour certaines villes, lors des élections municipales de 2025.
Élections Québec annonce que 21 villes ont été retenues pour participer au tout premier essai de vote par Internet au Québec à l’occasion des élections municipales de 2025. Le vote par Internet sera alors offert aux électeurs de certains districts ou arrondissements, que les Villes participantes détermineront au cours de l’année. L’initiative pourrait faciliter l’accès au vote pour les électeurs, en leur évitant de se déplacer.
Les villes couvertes par le journal ne font pas partie du lot expérimental. Alexandra Labbé, mairesse de Chambly, pense que l’intérêt d’Élections Québec pour le vote par Internet est prometteur. Avec des taux de participation qui sont à la baisse d’élections en élections, elle voit d’un bon oeil la nouvelle approche permettant de simplifier la visite aux urnes. « Je ne crois pas que ce sera suffisant pour inverser la tendance et que nous avons encore beaucoup de travail à faire pour intéresser les gens à leur démocratie locale, mais chaque pas compte », mentionne la mairesse. Elle affirme surveiller de près le projet pilote. « Je ne crois pas que ce soit une pratique qui soit implantée à court terme pour Chambly, mais nous serons prêts le moment venu », avance la première magistrate.
De son côté, Vincent Després, maire de Marieville, ne souhaite pas voir un système de vote en ligne s’implanter dans sa ville. « Je comprends l’initiative de vouloir augmenter le taux de participation en essayant de rejoindre plus d’électeurs via une nouvelle façon de voter. Je demeure perplexe sur la stratégie », établit-il. Il se questionne notamment à savoir comment assurer adéquatement l’identification des électeurs et comment savoir si c’est bien la bonne personne qui votera sur Internet, même une fois identifiée. « Je crois que de prendre quelques minutes de son temps pour aller voter à chaque quatre ans est un simple devoir de citoyen, et non un effort gigantesque », estime M. Després, qui rappelle le « luxe et privilège » de pouvoir exercer son droit de vote.
Patrick Marquès, maire de Carignan, n’a pas voulu répondre aux questions du journal à ce sujet.
Augmenter le taux de participation
Élections Québec n’est pas en mesure d’avancer que l’initiative permettra d’augmenter la participation citoyenne lors d’élections futures. « Nous serions bien sûr heureux de voir le taux de participation augmenter, mais l’étude des expériences de vote par Internet au Canada et ailleurs dans le monde ne permet pas de conclure que l’introduction du vote par Internet augmente la participation électorale », fait part l’organisation.
Lors des élections municipales de 2021, le taux de participation à la mairie a été de 32,9 % à Chambly. En ce qui concerne les élections partielles de Marieville de 2023, le taux de participation à la mairie s’est chiffré à 20,4 %.
Démarche « prudente et graduelle »
La démarche se veut « prudente et graduelle ». Si l’électorat d’un ou de quelques districts ou arrondissements de chaque ville participante pourra voter en ligne. Les secteurs choisis devront représenter environ 10 % des électeurs de chaque municipalité. En tout, jusqu’à 300 000 personnes pourront voter par Internet au Québec. Ces personnes pourront choisir de voter en se déplaçant aux urnes plutôt que par Internet, si elles le désirent, puisque toutes les façons habituelles de voter seront maintenues.
Ces 21 municipalités de plus de 20 000 habitants étaient notamment visées parce qu’on y recense moins d’élections sans opposition, ce qui assure la tenue d’un vote. La diversité des villes participantes, en matière de région administrative et de taille, permettra de brosser un portrait de l’utilisation du vote par Internet dans différents milieux.
Recherche d’un fournisseur
Lors de cette première expérience, Élections Québec utilisera une solution de vote par Internet conçue par une entreprise spécialisée. Un appel d’offres a été lancé le 16 octobre 2023 pour le trouver. Le nom de l’entreprise retenue sera dévoilé d’ici l’été 2024, à l’issue d’un processus de sélection « rigoureux ». La solution retenue devra répondre à plus d’une centaine d’exigences. Elle devra aussi réussir un banc d’essais et des audits de sécurité.
Les prévisions budgétaires pourront être confirmées une fois un fournisseur sélectionné. Les coûts liés à la solution de vote par Internet et son administration seront assumés par Élections Québec.
La poursuite des essais va entre autres dépendre de l’acceptabilité sociale du vote par Internet et du respect des différents principes qui le sous-tendent, comme l’intégrité, l’accessibilité et la fiabilité du processus de vote par Internet. À la suite de ce premier essai, Élections Québec mesurera également la satisfaction des personnes qui feront l’essai du vote par Internet.