Projet Lumicité bloqué : les raisons des citoyens et la réaction de la mairesse

Un nombre suffisant de signatures a été obtenu lors de la tenue des registres concernant le projet Lumicité, ce qui a permis aux signataires de le bloquer sous sa forme actuelle.

La Ville ne tiendra pas de référendum, puisqu’elle estime qu’il sera perdu d’avance pour le projet. François Normand, l’un des signataires des registres, a précisé au journal qu’il ne s’opposait pas au projet, ce qu’il aurait également manifesté à la mairesse de Chambly. « Nous avons offert à la Ville de discuter des préoccupations avec le promoteur, pour en venir à une entente sans avoir à passer par le processus référendaire, mais il semble que ce n’était pas possible. » 

« Nous étions convaincus que tous y verraient les bénéfices, dans le contexte de la crise du logement. On a parié, on a perdu. » – Alexandra Labbé

La problématique en cause

Quels sont alors les motifs ou insatisfactions qui ont mené à la tenue des registres? « Nous souhaitons le retrait du bâtiment de six étages, faisant diminuer le nombre d’appartements de 206 à environ 160, afin de distancer les immeubles à construire du canal, permettant de réduire l’impact sur un site patrimonial, tout en permettant une densification qui soit supérieure à ce que la Ville souhaitait au départ; compte tenu de l’achalandage massif qui s’ajoutera, nous avons demandé s’il était possible que la rue soit asphaltée sur une certaine distance. Sinon, cet achalandage additionnel aggravera l’état de la rue, qui est déjà dans un état lamentable, alors que nous sommes peu nombreux à l’emprunter; nous souhaitons également que la possibilité de tourner à gauche (vers Richelieu) soit maintenue dans son état actuel ou avec un nouveau feu de circulation; finalement, nous demandons qu’un terrain en triangle, qui longe le canal et se trouve devant les résidences de certains citoyens concernés, soit protégé afin qu’aucune construction de résidence ne puisse s’y ajouter à l’avenir », a communiqué M. Normand au journal. Ces revendications auraient ainsi été amenées lors des échanges entre le groupe de citoyens, incluant M. Normand, et le directeur général de la Ville, Jean-François Auclair, lors d’une rencontre tenue le 31 mai dernier. La mairesse de Chambly, Alexandra Labbé, avait alors confié au journal que, selon ce qui lui avait été rapporté, les citoyens présents « n’avaient pas fait preuve de beaucoup d’ouverture ».

La mairesse, déçue

« Lorsque j’ai dit que les citoyens avaient manqué d’ouverture, selon ce qui m’avait été rapporté, au détriment du bien commun, je faisais référence au fait que ce qu’ils amenaient à la table relevait du personnel et du privé. À la suite de la rencontre, notre administration ne pouvait faire aucune recommandation pour des changements réalisables. Le conseil, quant à lui, a à prendre de grandes décisions en pensant aux retombées pour l’ensemble de la population », explique Mme Labbé, rappelant que « Le processus pour ce projet a commencé il y a deux ans et demi, sous l’ancienne administration. On a tenu une consultation publique, à laquelle les citoyens ayant aujourd’hui bloqué le projet n’étaient même pas présents. Entre-temps, la Ville a recueilli des commentaires de citoyens pour bonifier le projet. Le promoteur a été de bonne foi sur toute la ligne pour offrir des solutions concrètes s’attardant aux irritants. Rappelons que le projet incluait de l’autopartage et des îlots de chaleur limités. On a aussi maintenu énormément de boisés, et on a même adopté un règlement pour s’assurer de la contribution financière aux fonds pour le logement social. Le projet n’était pas seulement accepté par la population, il était souhaité par la population. Je me faisais arrêter dans la rue pour me faire demander quand est-ce que l’on pourrait déménager aux habitations Lumicité », affirme celle qui s’attend à être confrontée au désarroi de certains. « On va rencontrer le promoteur pour lui donner le résultat. Je m’attends à recevoir des appels de citoyens qui craindront de se retrouver à la rue », illustre la mairesse.

Elle suggère qu’elle et le reste du conseil ne pouvaient concevoir que le projet ne passerait pas. « Nous étions convaincus que tous y verraient les bénéfices, dans le contexte de la crise du logement. On a parié, on a perdu. Ils viennent de bloquer le projet. On se dit qu’il est inconcevable que l’on n’ait pu mieux le présenter, en discuter et mettre de l’avant les points positifs. Je me l’explique mal. On est dans la transparence, on diffuse des informations, on met tout sur le site Internet concernant les grands projets et, pourtant, on n’y trouve pas d’écho », déplore la mairesse, déçue du dénouement, sans toutefois baisser les bras. « Le conseil va se retrousser les manches et trouver d’autres endroits pour répondre au besoin de logement. La majorité des citoyens que je croise sont satisfaits. Ils sont heureux de vivre à Chambly et me trouvent très accessible et à l’écoute. » Elle ajoute qu’ « en aucun cas, je n’ai agi pour influencer les consultations publiques. À l’inverse, des citoyens ont distribué des dépliants et appelé des résidents », ce qui pourrait avoir fait pression sur certains signataires des registres, laisse-t-elle entendre.