Le pouvoir d’influencer 55 000 fans depuis Carignan

Profession influenceuse : c’est le choix qu’a fait une publicitaire de Carignan en changeant de métier pour gagner sa vie. Aujourd’hui, 55 000 fans suivent ses conseils de consommation sur le Web et ils sont de plus en plus nombreux.
Depuis Carignan, derrière son ordinateur, son téléphone intelligent, sa tablette ou tout autre support connecté aux réseaux sociaux, Marie-Josée Carrière commente sa vie de Mères Testeuses, le nom du site de l’entreprise créé il y a deux ans.
À n’importe quelle heure de la journée, pendant les fins de semaine, en vacances, il n’y a désormais pas un moment où cette entrepreneure, enregistrée aux registres des entreprises, n’est pas en train de conseiller ses suiveurs.

Profession influenceuse

Travaillant dans une agence de publicité, tout en testant des produits sur son site, Mme Carrière a voulu passer à la vitesse supérieure en abandonnant son travail et en se consacrant à temps plein à son activité.
« J’ai toujours rêvé d’être une animatrice à la télévision. J’ai étudié pour ça. Je le suis un peu à travers Les Mères Testeuses maintenant. C’est une forme d’infopub du monde moderne. »
La petite entreprise familiale de Marie-Josée ne connaît pas la crise. Même si les débuts n’étaient pas lucratifs en achetant des produits qu’elle testait, pour les présenter à ses 2000 fans, elle est aujourd’hui sollicitée par de grandes marques. Ces dernières font appel à ses services pour vanter leurs produits en échange d’une rémunération. « Je n’accepte pas de mettre en avant tous les produits, je ne prends que ceux que j’aime. Les autres, je n’en parle pas. »
Comme une travailleuse autonome, les salaires chaque mois sont très variables. « Je ne sais jamais ce que je vais avoir à la fin du mois, mais pour l’instant, je n’ai eu qu’une seule période creuse d’environ 30 jours. »
Avec 55 000 fans, il est plutôt rare qu’elle soit à la recherche de clients, ce sont plutôt les agences en relations publiques des entreprises qui la contactent. « Les clients savent que les influenceurs sont une manière très lucrative de faire de la publicité. J’ai fait une fois une histoire sur Instagram sur un toutou qui clignote. En 15 secondes, il y a 700 personnes qui ont cliqué sur le lien pour acheter la peluche. »
Avec une équipe de tournage, elle fait des capsules vidéo et toute la famille est mise à contribution. Son père est devenu un grand-père influenceur, ses deux filles âgées de 6 à 8 ans sont, quant à elles, des « mini-influenceuses. »
Et les deux petites filles adorent ça. « Elles sont très populaires à l’école. Elles sont suivies et leurs amies achètent les produits qu’elles présentent. Elles se font même reconnaître dans la rue ou dans des magasins, parfois. »

Les contraintes des influenceurs

« Ce qui est plus difficile, c’est qu’il vaut mieux être passionné par ce qu’on fait, car on n’a plus de vie. Je ne suis jamais en congé, il faut toujours être présent pour les personnes qui nous suivent, être très disponible », ne cache pas Mme Carrière.
Les clients demandent aussi des comptes par après. « Il est nécessaire par la suite de donner des statistiques, les likes reçus, parfois des captures d’écran de discussions avec nos abonnées. Il faut savoir évoluer avec cette pression. »
Une des difficultés rencontrées est de faire un choix dans les représentations que les influenceurs vont faire. « Je refuse en moyenne 2 contrats sur 10, même si cela vient de grosses compagnies. Il est important de garder ses valeurs et sa personnalité. C’est pour ça que même si des entreprises de produits érotiques m’ont approchée, j’ai toujours refusé. »

Une communauté d’influenceurs

Marie-Josée n’est pas la première à se lancer dans cette nouvelle profession et favoriser le marketing d’influence. Depuis la naissance des réseaux sociaux, ce phénomène n’a pas cessé de croître et les milléniaux semblent être la cible idéale. En effet, selon une étude américaine menée par Collective Bias, près de 70 % des milléniaux se fient aux recommandations des influenceurs avant d’effectuer un achat.
D’après le rapport annuel d’Izea, quelque 54 % des spécialistes du marketing sondés ont constaté une augmentation de l’efficacité des efforts déployés dans le marketing d’influence par rapport à 2017, malgré la diminution des budgets plus imposants et l’augmentation des plus modérés. Cette tendance pourrait s’expliquer par la montée en puissance des nano et des micro-influenceurs, qui ont moins de fans, et qui se font payer par des produits plutôt que par un salaire.
Selon le rapport d’Izea, Instagram demeure la plateforme préférée des influenceurs (88 %).
Définition de l’influenceur
Les influenceurs sont des personnalités qui créent des contenus originaux pour leur communauté. Ils bénéficient d’une notoriété enviable qui leur permet de joindre de nombreux internautes et de les encourager à acheter un produit qu’ils apprécient particulièrement. Ils deviennent les ambassadeurs de confiance d’un produit et il est facile d’échanger avec eux, permettant un lien de proximité. Au Québec, on parle également de micro-influenceurs dans le cas de personnalités ayant moins de 10 000 abonnés.
Un site d’influenceurs au Québec
Le site influenceurs.québec répertorie les principaux influenceurs québécois et leur attribue des notes sur 10 afin de les classer en fonction de leur notoriété. En première position de ce classement, avec un score de 8,98, on retrouve Céline Dion, suivi par 28,9 millions d’abonnés. Loin derrière, en deuxième position, avec une note de 7,5, c’est le premier ministre canadien Justin Trudeau qui affiche ses 13,8 millions d’abonnés. Figurent dans cette liste des personnalités les plus suivies : Eugénie Bouchard, Georges St-Pierre, Arcade Fire, P.K. Subban.