Le MCC : le pouvoir à des citoyens de Chambly impliqués

En février 2018, une quarantaine de citoyens de Chambly lançaient officiellement le Mouvement citoyen de Chambly (MCC). Un an après la création de l’organisme, près de 200 membres ont non seulement réussi à faire entendre leur voix, mais aussi à pousser le maire de la Ville à démissionner.

« En février 2018, nous n’avions pas encore commencé à vendre des cartes de membres. Et nous n’avions pas encore de structure officielle, c’est-à-dire une organisation dotée d’un conseil d’administration. C’est après la première campagne de ‘’ Signons les registres ’’ que nous avons décidé de faire du MCC une organisation structurée et inscrite comme OBNL auprès du gouvernement et, par la suite, nous avons obtenu nos lettres patentes », explique la nouvelle présidente du MCC, Louise Chevrier.

En un peu plus d’un an, le MCC a bouleversé la vie municipale sur les bords du bassin de Chambly. Le mouvement citoyen, proche des idées du parti de l’opposition Démocratie Chambly, s’est constitué avec la mission « d’informer en faisant sortir l’information. Il y a une force qui s’est soulevée devant une situation extrême. La grande force du MCC, c’est d’avoir brisé la loi du silence », de préciser la présidente.

Depuis l’élection à un quatrième mandat du maire de Chambly, Denis Lavoie, le MCC a été l’opposition la plus virulente. Tous les sièges dans la salle des séances du conseil municipal sont combles depuis novembre 2017. À tel point qu’il a été nécessaire pour la Ville de faire appel à des agents de sécurité pour empêcher les retardataires d’accéder à la salle comble pour des raisons de sécurité. Ces derniers avaient été initialement appelés pour faire respecter une interdiction de filmer les séances. Les questions des citoyens, en grande partie posées par des sympathisants du MCC, n’ont jamais été aussi nombreuses.

En un an

Le mouvement populaire s’est rassemblé à la base autour d’une cause commune, celle de la sauvegarde de l’ancien golf de Chambly, qui n’est plus en activité. Partisan pour faire de l’endroit un espace protégé, le MCC a été l’un des principaux acteurs pour empêcher des changements au plan d’urbanisme et de zonage qui concernaient l’endroit. « Comme citoyens, nous sommes de plus en plus inquiets de la protection de nos espaces verts, du patrimoine, de la gestion des deniers publics et des ressources par nos administrations municipales. Nous devenons conscients qu’en tant que citoyens, nous sommes les acteurs de nos démocraties et que nous devons veiller au développement respectueux de nos milieux de vie », mentionnait dans un document interne Mme Chevrier aux membres.

En février 2018, 2450 signatures dans les registres de la Ville mettaient fin aux changements prévus du plan d’urbanisme.

L’importante mobilisation du MCC pour préserver la rue Ostiguy, dans le Vieux-Chambly, n’a pas eu le même succès. Pourtant, une pétition de 2300 signatures avait été déposée à la Ville. Cette rue honorait Joseph Ostiguy, conseiller municipal et maire de Chambly-Bassin (1884-1889). La rue a finalement été déplacée et renommée Petrozza, en hommage à Alfredo Petrozza, le fondateur du restaurant Tre Colori, une institution à Chambly qui a célébré ses 50 ans en 2017.

En 2018, quatre citoyens recevaient de la Ville des mises en demeure. Deux d’entre elles se sont transformées en poursuites. Un des quatre citoyens concernés a présenté ses excuses sur des propos que la Ville estimait diffamatoires. Depuis peu, les tuteurs de la Ville ont indiqué que les poursuites étaient abandonnées.

L’organisation d’une marche pour « briser la loi du silence! » afin de dénombrer tous les griefs contre l’administration municipale; une contestation contre le prolongement de l’avenue Bourgogne; la très forte contestation contre la destruction, le 22 novembre 2018, de la Maison Boileau; les nombreuses demandes d’accès à l’information; la collaboration à l’émission Enquête, qui dénonçait les modes de gestion du maire de Chambly; l’intervention de la Commission municipale à Chambly; la mise sous tutelle de la Ville de Chambly.

Dans tous ces dossiers, et la liste n’est pas exhaustive, le MCC a joué un rôle majeur provoquant, encourageant ou proposant sa collaboration pour dénoncer ce qu’il appelle « la loi du silence. C’est ce qui a permis aux élus d’Action Chambly d’avoir des mandats. Notre mouvement de recensement des mises en demeure a permis de sortir beaucoup de monde de l’isolement. Mais il y a encore du travail à faire. Il y a encore des traces de cette loi du silence. »

Une nouvelle présidente

Louise Chevrier a d’abord été journaliste pour différents hebdos, puis chroniqueuse littéraire pour La Terre de chez nous et Histoire Québec.

Elle a pris la relève de Julie Daigneault à la tête du MCC alors qu’elle fait partie des membres fondateurs du mouvement. L’ancienne présidente a fait le choix, quant à elle, de quitter le groupe citoyen. Elle portera sa candidature au nom du parti d’opposition Démocratie Chambly aux élections partielles, qui se dérouleront le 23 juin dans le district 8.

Résidante de Chambly depuis vingt ans, Mme Chevrier ne compte pas se lancer en politique. « Toute parole publique est politique, mais je préfère ce côté-ci de la clôture. J’ai senti la force de solidarité qu’il y a au MCC et j’ai envie de remercier Denis Lavoie de nous avoir rassemblés. »

Elle garantit que le MCC ne fera pas la campagne de son ancienne présidente, même si cette dernière partage des idées similaires. « Si elle prenait une mesure en contradiction avec nos valeurs, nous serions là pour lui poser des questions. »

Depuis la démission du maire, annoncée pour le 7 mai, le MCC ne souhaite pas en rester là. « Le rôle du MCC sera de continuer à poser des questions et à rehausser la société de Chambly. La préservation du golf, ce n’est pas réglé encore, ni la maison Boileau. Il y a des conseillers qui doivent rendre des comptes encore. Si le MCC a contribué à faire de Chambly une ville moderne, ce sera déjà ça qu’on aura réussi à faire. Une chose est certaine, c’est qu’au début de cette aventure, qui a mis nos vies en veilleuse, je n’aurais jamais pensé que cela prendrait comme cela. »