La maternelle 4 ans : le ministre Roberge est déterminé

Le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Jean-François Roberge, a la ferme intention d’instaurer, au plus tard le 1er novembre 2020, une loi qui « transformera » les commissions scolaires. Avant d’y arriver, il a déposé le jeudi 14 février le projet de loi pour mettre en œuvre la maternelle quatre ans.
Lors de la dernière campagne électorale, la Coalition avenir Québec a promis « la prématernelle quatre ans, universelle, gratuite et non obligatoire » et « l’abolition des commissions scolaires ». Qui aura donc la responsabilité de gérer la mise en place de la prématernelle alors que la CAQ entend éliminer les commissions scolaires? a demandé le Journal au ministre Roberge lors d’une entrevue téléphonique tenue le mardi 12 février.
« On va d’abord déposer un projet de loi pour transformer les commissions scolaires, répond le ministre. Il ne s’agit pas d’une élimination ou d’une abolition pure et simple. On a besoin d’une administration régionale. Donc, les CS seront transformées en termes de services aux écoles. Il faut prendre le temps de rédiger le projet de loi, de le déposer, de l’étudier. Il faut que ce soit prêt le 1er novembre 2020; c’est l’échéance absolue. C’est certain que ce sera le cas. » Il ajoute que ce sont « les centres de services aux écoles qui auront le même territoire que les CS. Il n’y aura pas de redécoupage ».

« Prendre les mesures nécessaires immédiatement pour inclure cette priorité à vos projets, incluant ceux en chantier ou à l’étape des plans et devis. » – Le ministre Jean-François Roberge

M. Roberge précise en outre que la gestion de la mise en place de la maternelle quatre ans sera « au premier chef par les directions d’écoles et tous les employés ».

Des mesures immédiates

Le ministre a acheminé deux lettres aux CS dans lesquelles il leur demande de « prendre les mesures nécessaires immédiatement pour inclure cette priorité à vos projets, incluant ceux en chantier ou à l’étape des plans et devis ». Et si les CS ont besoin de fonds en la matière, leurs demandes seront traitées en priorité, peut-on lire dans le document que le bureau du député de Chambly a transmis au Journal.
Une semaine plus tard, dans une autre lettre datée du 28 janvier, le ministre dit que le gouvernement veut déployer la maternelle 4 ans à temps plein dès l’année prochaine. Le document fait état, par ailleurs, d’un sondage demandé par le ministère aux CS. Les réponses à cet exercice « serviront à déterminer le nombre de classes autorisées pour la prochaine année scolaire ». L’universalité est inscrite dans un horizon de cinq ans et vise à maintenir intactes les « 394 classes déjà en place et sur l’ajout de nouvelles en 2019-2020 ». Un soutien sera offert si la CS a de la « difficulté à maintenir ou à bonifier son offre de service actuelle ».
« On peut décoder qu’il est pressé d’ouvrir des maternelles, observe la présidente de la CSP, Hélène Roberge. On est prêts à collaborer, mais on veut s’assurer d’avoir des indications claires sur le nombre de locaux qui seront disponibles ».
La présidente mentionne avoir transmis au ministère l’existence de douze locaux pour l’année prochaine. « Cependant, poursuit-elle, on est en période d’inscription et il y a aussi les classes spécialisées ayant des besoins particuliers. »
Le ministre répond que des fonds seront alloués aux CS, au besoin, partout au Québec, mais la décision finale revient au gouvernement. Il reconnaît l’enjeu de la pénurie d’enseignants, « mais ce n’est pas pareil partout. (…) Des postes difficiles à combler, mais on va y arriver graduellement ».
M. Roberge indique qu’il n’est pas en mesure de chiffrer le nombre de places à combler sur le territoire de la CSP, compte tenu que l’offre reste facultative.
Quant à la rencontre que la CSP souhaite avoir avec le ministre, celui-ci dit ne pas fermer la porte.
Une rencontre qui pourrait servir puisque Mme Roberge entend détailler auprès du ministre l’importance du projet La Ribambelle, destiné aux enfants de 4 à 7 ans. Créée en 2009, La Ribambelle a reçu le Prix d’excellence de l’Institut de l’administration publique du Québec.
« C’est une richesse d’avoir les CPE qui s’occupent très bien des enfants de quatre ans avec le projet, car on assure la transition entre les CPE et les écoles. Ce genre de projet, plaide Mme Roberge, ne demande qu’à être bonifié et répandu à travers le Québec. C’est une solution qui répond aux préoccupations du ministre et on les partage pour s’assurer qu’on fasse un suivi des enfants de quatre ans à moindre coût et sans bousculer toutes les écoles du Québec qui manquent d’espace et de personnel. C’est une solution que j’ai hâte de présenter au ministre. »