Le match de l’espoir

Le parcours de l’équipe marocaine lors de la Coupe du Monde de soccer, qui a pris fin en demi-finale, est un symbole d’espoir pour la communauté maghrébine chamblyenne. 

L’ambiance est à la fête à Chambly chez Abdeslam Bahedda. Le Marocain est arrivé au Québec 15 ans plus tôt. Sous son toit, une dizaine de Maghrébins, principalement du Maroc, se réunissent afin d’assister à cette demi-finale de la Coupe du Monde opposant le Maroc aux Bleus français. Il ne reste qu’une demi-heure avant que le ballon ne soit mis en jeu.

Sur l’une des tables du salon, biscuits et petits gâteaux, spécialités du pays, sont déployés avec hospitalité. Café aux épices et thé sont servis. Le rouge est à l’honneur. Le Maroc vient d’éliminer deux puissances, en l’Espagne et le Portugal, il est permis d’y croire contre la France. « C’est un parcours qui est exceptionnel pour nous », convient l’hôte des lieux, dont le pays d’origine vit une première historique. Devant l’expérience de la France, tous s’attendent à une partie difficile. Unis, ils prédisent toutefois une victoire du pays africain. « Ça va prendre de la magie noire », dit à la blague l’un des convives. 

Vivre d’espoir

Derrière les performances sportives, il y a l’humain. Peu importe le résultat, le Casablancais y voit une victoire pour le peuple africain. « Pour l’estime de soi, c’est important pour les pays du »tiers monde ». C’est un message d’espoir pour les générations futures. Il n’y a plus de complexe », estime Abdeslam Bahedda. Derrière son équipe, ce n’est pas que le pays qui est représenté, mais bien tout le continent africain qui vit d’espoir. 

Un faux départ

La partie n’est « jeune » que de cinq minutes que le ciel semble s’écrouler sur la tête des spectateurs marocains. Le Français Théo Hernandez brise la glace et trouve le fond du filet alors que certains venaient à peine de se déposer sur le divan. Ébranlés, les hommes réunis ne baissent pas les bras. Une fin de deuxième mi-temps encourageante de la part des joueurs de leur pays laisse présager une deuxième moitié de joute enlevante.

Mais la France repousse toutes les tentatives du Maroc et double son avance à la 79e minute. Le nombre d’optimistes réduit considérablement dans la pièce. Les dernières minutes s’égrainent. Le Maroc baisse pavillon devant une France stratégique. La déception est palpable, mais la fierté envers l’équipe marocaine, qui a chèrement vendu sa peau, la surpasse. Sur place, ils saluent à l’unisson positivement le parcours de leur équipe qui les a fait vibrer au rythme d’émotions fortes.

Lors du match de samedi dernier, afin de déterminer quel pays termine sur la troisième marche du podium, le Maroc a disposé de la Croatie par la marque de (à compléter samedi)…

Canada contre Maroc

Lors des premières phases de groupe, le Maroc a vaincu le Canada par la marque de 2 à 1. « C’était déchirant », admet M. Bahedda, dont les enfants sont nés ici. Il aurait aimé voir le Canada passer au second tour. Entre les deux générations, le sentiment d’appartenance diffère. Le père de famille cite le comédien et humoriste Jamel Debbouze pour imager la situation. « C’est comme ton père qui joue contre ta mère. D’habitude, ton père gagne, mais tu aimerais que ta mère ait une chance de gagner. » Abdeslam Bahedda entrevoit positivement le développement du soccer au Canada et visualise fort bien son intégration progressive dans sa culture.

Un gardien de Montréal

Parmi les belles histoires de cette équipe marocaine, il existe celle de Yassine Bounou, gardien de but de l’équipe nationale. Surnommé Bono, il est né à Montréal, en 1991, de parents marocains. Il a toutefois déménagé au Maroc à l’âge de deux ans et s’est installé avec sa famille à Casablanca.  

Chambly au Portugal

Le fils d’Abdeslam Bahedda, Saad, avait été sélectionné pour représenter le Canada au tournoi de soccer international Algarve Youth Cup, qui a eu lieu au Portugal. Maintenant âgé de 15 ans, il a commencé à jouer au niveau local avec l’Arsenal de Chambly à 8 ans. De 10 à 12 ans, il est passé au chapitre compétitif. Depuis l’âge de 13 ans, il porte l’uniforme du Celtix du Haut-Richelieu. Il mentionne souhaiter faire carrière dans le soccer.

C’est l’École sportive de Montréal Canada qui a assemblé l’équipe ayant participé au tournoi qui s’est déroulé sous les auspices de la FIFA en avril dernier. L’événement a réuni des joueurs de soccer de plusieurs pays dans des catégories correspondant aux âges allant de 6 à 15 ans. 

L’équipe qui a représenté le Canada, de laquelle a fait partie Saad Bahedda, s’était entraînée à Laval dans le but de souder la chimie avant l’événement. Milieu de terrain, Saad est décrit par son père comme « ayant de belles qualités défensives ».