Le maire de Chambly s’interroge sur les motifs d'une mise sous tutelle de la Ville

Le maire de Chambly, Denis Lavoie, répond à la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest. Ils ont accepté tous les deux de répondre aux questions du Journal de Chambly.
Absent de Chambly, le maire de la ville s’interroge sur les motifs du gouvernement de mettre la Ville de Chambly sous tutelle.
« Il n’y en a pas, de motifs sérieux pour cette mise en tutelle. La décision du gouvernement est précipitée. J’ai dédié ma vie à la société de droit et je ne peux pas croire qu’on prenne cette décision sans motif sérieux. Je n’ai jamais parlé à la ministre à ce sujet. »
Mme Laforest a confirmé au Journal ne pas avoir parlé à M. Lavoie. « Je ne veux pas commenter la réaction du maire de Chambly, car l’enquête suit son cours. Mais c’est certain qu’on a des éléments tangibles. On ne fait pas ça par gaieté de cœur. L’enquête de la CMQ, c’est confidentiel. Je ne peux pas vous avancer maintenant les éléments que nous avons. L’essentiel, c’est de redonner confiance aux citoyens de Chambly. »
Quant aux accusations à l’endroit du maire, dénonçant entre autres une action « précipitée », la ministre indique que les multiples événements qui se passent à Chambly depuis plus d’une année sont suffisants pour intervenir de la sorte « surtout pour rassurer la population. Mais on n’a pas fait ça trop rapidement, sans avoir les bonnes informations pour faire ce qu’on a fait. On a quand même l’intervention de deux instances importantes pour savoir que nous devions avancer et mettre la municipalité de Chambly sous tutelle. »
À l’entrée en poste du gouvernement au mois d’octobre, c’est dès le mois de novembre qu’il a demandé à la Commission municipale du Québec (CMQ) d’enquêter. « Nous avons ensuite envoyé un commissaire à l’intégrité municipale pour la situation à Chambly. Il y a eu aussi l’émission Enquête. Depuis plusieurs mois, il y a eu beaucoup de lanceurs d’alertes ainsi qu’une pétition, signée par 6000 citoyens, qui demandait une clarification et une enquête sur le maire. Notre action était très réfléchie. Ce matin, avec l’UPAC qui arrive dans le dossier, cela fait qu’on avait les éléments pour aller plus loin. Il fallait redonner confiance aux gens de Chambly. »
Le maire de Chambly ne comprend vraiment pas la décision du gouvernement et n’hésite pas à accuser la ministre à son tour.
« On me reproche (entre autres) d’avoir envoyé des mises en demeure à des citoyens pour diffamation. Il y a actuellement deux dossiers devant les tribunaux et il y a même une personne qui a fait ses excuses en reconnaissant ses fautes. De prendre ce motif pour imposer une mise sous tutelle, ça, c’est de l’abus de pouvoir », s’indigne le maire, qui n’exclut pas de contester devant la Cour supérieure du Québec cette mise sous tutelle.
« Je suis tout à fait sereine dans notre décision. Mais on va laisser l’enquête suivre son cours. On est très sérieux dans notre démarche; ce n’est pas un abus d’autorité. L’administration municipale continuera avec la présence de la CMQ » de répondre la ministre.

L’UPAC

Quant à l’intervention de l’UPAC, M. Lavoie se questionne, là encore, sur la légalité des agissements de l’Unité permanente. « Nous avons dû annuler la cour municipale, ce matin, avec l’arrivée de l’UPAC. Il faudra regarder s’ils peuvent agir de la sorte. »
Le maire est attendu par l’UPAC vendredi à Chambly, d’où il est absent en ce moment. « J’irai les voir vendredi. J’ai toujours voulu collaborer. En tous les cas, d’après les questions posées à l’administration, c’est moi qui suis ciblé dans cette enquête. »
Les élus devront attendre encore pour connaître leur avenir. « C’est certain que lorsqu’on aura les résultats de l’enquête de l’UPAC, on statuera sur la décision la plus réfléchie à prendre dans le dossier. On doit laisser l’enquête suivre son cours », a conclu la ministre.