Le grand voyage du miel

RICHELIEU. Les nuits fraîches du mois d’août sont annonciatrices du retour imminent des classes, au grand désarroi de ceux qui se sont accoutumés à la oisive routine. Le retour à l’école est synonyme toutefois de projets stimulants pour les assoiffés de connaissances. En ce sens, le Centre d’interprétation des énergies renouvelables (CIER) propose aux élèves une panoplie d’activités stimulantes comme l’apiculture jusqu’à la confection du miel, activité à laquelle s’est prêté le Journal de Chambly.

Dans une des ruches verticales à cadres divisées en trois sections, environ 50 000 abeilles vaquent à leurs occupations quotidiennes. Composée de trois types d’abeilles, la colonie comprend l’abeille ouvrière, principal individu de cette société, le faux-bourdon, mâle minoritaire dans la ruche, ainsi que la gracieuse et noble reine, qui n’a pas daigné se présenter le bout du dard lors de la visite du Journal, peut-être trop occupée à pondre dans le confort de son inimité.

Vol nuptial

La reine est la seule qui puisse se reproduire. Elle peut pondre 2000 œufs par jour pendant l’été. Elle ne s’accouple qu’une fois dans sa vie, lors d’un vol nuptial suave et effréné au cours duquel plusieurs mâles lui offriront leur semence, qu’elle emmagasinera pour longtemps dans sa spermathèque. Une reine vit en moyenne quatre à cinq ans.

Mâle paresseux

Les mots abeille et chômage ne vont pas de pair. Le cycle de vie d’une ouvrière d’été est de 35 à 45 jours. Au cours de ce cycle condensé, une abeille exercera sept métiers. Elle sera tour à tour nettoyeuse, nourrice, maçonne, magasinière, ventileuse, gardienne et butineuse. À l’automne, ou lorsque la nourriture se fait rare, le faux-bourdon est expulsé de la ruche, destiné à mourir de froid ou tout simplement tué par les ouvrières. Ne faisant que se nourrir, le mâle devient un fardeau que les ouvrières n’ont pas le luxe de tolérer ni d’entretenir.

7 – C’est le nombre de métiers qu’exerce une abeille dans un cycle de vie.

Fabrication du miel

Plusieurs produits sont issus de la grande vitalité de l’abeille. Cire, propolis (mortier pour boucher les fentes de la ruche, car l’abeille déteste les courants d’air), pollen, gelée royale et miel représentent la grande productivité de cette manufacture naturelle.

La création du miel est un travail communautaire nécessitant multiples compétences et interactions. Ayant amassé le nectar des fleurs, la butineuse revient à la ruche et transfère le contenu de son jabot, duquel une première transformation aura lieu à l’aide d’enzymes, dans le jabot d’une abeille magasinière. La magasinière place le miel à différents endroits dans la ruche, entre autres, pour nourrir les larves. La ventileuse s’affaire ensuite à faire évaporer l’eau contenue dans ce miel en devenir. Enfin, quand il reste moins de 20 % d’eau dans le miel, l’ouvrière opercule d’une pellicule de cire l’alévole pleine de miel pour l’obstruer.

Avec soin, les dix cadres installés dans chacune des sections de la ruche sont retirés et operculés. Utilisant préalablement l’enfumoir, Jean-Nicolas Desrochers, agent de développement au CIER, ouvre le toit et l’entretoit d’une section. L’enfumoir a pour effet de réduire la capacité de communication entre les abeilles et crée un semblant de début d’incendie, occupant les abeilles à chasser la fumée. Dévoilées au grand jour, les milliers d’abeilles sont effectivement actives, mais étonnamment très dociles.

À l’aide d’un couteau chauffant, les cadres sont désoperculés sinon le miel ne sortira pas des alvéoles. Les cadres sont ensuite mis dans une centrifugeuse qui effectue de rapides rotations, permettant au miel d’en sortir et de tomber au fond d’une cuve. Une mixture combinée de miel, de morceaux de cire et de quelques pattes et ailes d’abeilles est donc recueillie, nécessitant une phase de filtrage pour enlever les impuretés. Le miel décantera ensuite pendant une ou deux journées afin d’éliminer les bulles d’air. Contrairement à certains miels coupés de différents produits, que l’on retrouve sur les tablettes des épiceries, un miel pur sera ensuite prêt à la mise en pot, permettant aux becs sucrés de se régaler du nectar de ce dur labeur.