Maison Louis-Degneau : le dilemme de la conservation

Olivier Leclerc devra d’ici l’été prochain se doter d’un plan détaillé pour restaurer la maison Louis-Degneau, classée immeuble patrimonial par l’État québécois depuis 1960.
Olivier Leclerc est un promoteur immobilier qui a fait construire une centaine de condos et maisons en rangée à Carignan, soit à proximité de la maison ancestrale. Son intention est de réhabiliter la maison et la vendre.
« Très peu de gens connaissent la restauration, observe M. Leclerc. Le métier de mon père était restaurateur de monuments historiques. Ce sera lui qui va guider les travaux. »
Son père Robert Leclerc, poursuit le fils, a déjà restauré la maison de Saint-Hubert qui se trouve à Carignan (présentant un intérêt patrimonial pour ses valeurs historique et architecturale), le moulin à vent de L’Île-Perrot, et les fortifications militaires dans les Caraïbes.
Il précise que le projet de construction de condos et l’éventualité de pouvoir convaincre un acheteur, c’« est de créer un environnement qui va contrebalancer l’effet négatif du financement », car, explique-t-il, « il n’y a pas – ou très peu – de banques qui veulent financer cela. Parce que ça vient avec toutes les contraintes et en plus, ils (ministère de la Culture et des Communications) veulent les renforcer. Donc, peu de gens pourraient l’acheter. »

L’état de la maison

La maison Louis-Degneau, de forme rectangulaire, date de 1790. Sur le site Internet du ministère, on peut y lire que « la demeure a un étage et demi, est coiffée d’un toit à deux versants aux lamiers retroussés flanqués de larges souches de cheminée. En façade, le prolongement du larmier protège une galerie de pleine longueur. »

« C’est toujours deux poids deux mesures. On veut sauvegarder, mais il faut que ça ne coûte rien. » – Olivier Leclerc

M. Leclerc rapporte que la demeure est « abandonnée depuis les années 50, mais elle se conserve bien ». Il explique qu’il n’était pas possible de construire les infrastructures essentielles qui devaient servir la maison il y a trois ans en raison de la réglementation de la Ville. « Mais le printemps dernier, avec l’ouverture de la rue Isaïe-Jacques, les infrastructures sont à quatre pieds de la maison. » Et d’ajouter qu’une intervention urgente est nécessaire pour refaire la toiture afin de ne pas abîmer l’intérieur. « Il y a eu un feu dans les années 1980, qui a endommagé une partie du toit. On voit encore les brûlures sur les planches, mais ces dernières sont encore saines. Dans un futur rapproché, il faudrait imperméabiliser la toiture. Les poutres sont belles et saines. Il y a eu une intervention sur les fondations grâce à une subvention dans les années 1990 afin de solidifier la maçonnerie. »

Coûts prévus

M. Leclerc estime à environ 400 000 $ le coût de la restauration qui sera faite par des artisans. Un montant auquel il faudra ajouter celui de la vente estimée à 300 000 $, pour un total de 700 000 $.
Il évoque la démolition de la maison Boileau à Chambly pour dire que « que ce soit la municipalité ou le privé, c’est toujours une question de coût; c’est 30 à 40 % de plus qu’une maison neuve ».
Il cite un article publié le samedi 19 janvier dans le journal Le Devoir qui parle de plusieurs municipalités faisant face au dilemme entre la volonté de la conservation et le coût élevé pour l’assumer. « Ce que Chambly a fait, ce n’est pas correct, mais tous les gens qui s’opposent et qui vont au combat… à ce que je sache, c’était une maison privée avant. Pourquoi son propriétaire ne l’a-t-il pas achetée? Je trouve dommage que des gens aillent au combat sans soulever la question du coût. C’est toujours deux poids deux mesures. On veut sauvegarder, mais il faut que ça ne coûte rien. »
La meilleure solution, a-t-il avancé, serait que « le gouvernement octroie lui-même l’hypothèque si les banques ne veulent pas. Si la personne ne paie pas, le gouvernement peut devenir alors propriétaire. »
Notons que le ministère peut octroyer une aide maximale de 40 % du coût des dépenses admissibles pour un bien classé.