L’austérité dont vous êtes le héros

Mises à pieds massives dans les organismes publics, diminution de services dans les écoles, hausses de tarifs, le journal Métro s’est attelé, en se basant sur les données les plus récentes de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IR

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C’est 145 mesures qui ont ainsi été comptabilisées et contre-vérifiées par Métro, pour des compressions totales de 1,3 G$. «Ce n’est que la pointe de l’iceberg», a avancé Minh Nguyen, le chercheur de l’IRIS en charge du projet. M. Nguyen a sélectionné les mesures en se basant presqu’exclusivement sur des informations publiées dans les médias et confirmées par les organisations qui les subissent. «Ce ne sont pas tous les organismes et institutions qui ont dénoncé leurs compressions dans les médias. Par exemple, je n’ai pas trouvé le détail des compressions pour tous les cégeps», a souligné M. Nguyen.

Alors que les effets de certaines coupes passent sous le radar, d’autres peuvent être exagérées par les organismes qui les subissent, croit Mia Homsy, directrice générale de l’Institut du Québec, un centre de recherche socio-économique. «Une commission scolaire peut annoncer des coupes pour faire réagir et que le gouvernement revienne sur sa décision», a-t-elle argué. Se rajoutent à cette incertitude les compressions annoncées puis annulées par le gouvernement et les organismes.

Les impacts des mesures d’austérité sur les services à la population peuvent d’ailleurs prendre plusieurs années à se faire sentir. Difficile pour les citoyens, donc, d’en avoir une juste vision d’ensemble. Le répertoire de Métro est ce qui permet de s’en rapprocher le plus. Les mesures ont été organisées dans un outil en ligne nommé Austérimètre, par lequel les citoyens répondent à un questionnaire qui leur permet de voir quelles mesures sont susceptibles de les toucher.

«Quand on a un emploi stable, aucun problème de santé et que tout va bien dans la famille, on voit moins d’impact. Mais le jour où on a un pépin, la descente est très rapide. On va avoir besoin d’un filet social et on va réaliser que ce celui qu’on a mis 40 ans à construire sera effrité, a estimé Julie Nicolas, directrice générale du RACOR en santé mentale, qui regroupe 86 organismes. Les personnes qui vivent des difficultés, elles, voient très concrètement les effets sur elles.»

Contexte économique difficile

Il faut replacer les mesures d’austérité dans leur contexte socio-économique, souligne Mia Homsy, co-auteur du rapport intitulé «Croissance économique et austérité. L’heure juste sur la situation du Québec». Cette étude conclut entre autres que la croissance économique du Québec ne serait pas remise en question par les compressions actuelles.

«Avec le vieillissement de la population, maintenir l’équilibre budgétaire va être un défi. Si on continue à trop dépenser, on va traîner le déficit et compromettre les services aux citoyens dans le futur», a-t-elle évalué.

Même si Mme Homsy croit que les compressions budgétaires sont nécessaires, elle estime qu’on peut questionner la manière dont le gouvernement s’y prend. Elle reconnaît également que le travail de documentation des impacts à court terme sur la qualité des services aux citoyens, tel que le fait l’IRIS et le journal Métro, peut être complémentaire à sa propre analyse.

L’éducation particulièrement touchée

Selon plusieurs intervenants interrogés par Métro, les coupes dans le secteur de l’éducation sont particulièrement inquiétantes. Le décompte non-exhaustif de Métro monte à 72 mesures, pour un total de 448 M$.

Parmi les mesures marquantes, notons que 252 postes de professionnels du réseau de l’éducation, dont plusieurs psychologues, seront perdus pour 2015-2016, selon la recension effectuée par la Fédération des professionnels de l’éducation du Québec (FPPE-CSQ).

Par ailleurs, au moins sept commissions scolaires ont annoncé avoir coupé les budgets de l’aide aux devoirs. Selon certaines sources journalistiques, ce serait même au dessus d’une dizaine. Ces coupures ayant soulevé de l’indignation, le gouvernement a toutefois indiqué dans le projet de nouvelles règles budgétaires des commissions scolaires que ces dernières ne pourront plus, sauf exception, couper dans l’aide au devoir, l’aide alimentaire, l’achat de livres et la lutte contre l’intimidation.

«Les coupes en éducation sont intenses et semblent être désorganisées. Pourtant, ça nous prend une population bien formée et éduquée pour bâtir une société prospère», a commenté l’économiste Mia Homsy.

En collaboration avec Naël Shiab

L’austérimètre dans notre région

Quelles sont les grosses mesures qui pourraient vous toucher ? Vous êtes :

Parent 

À la Commission scolaire des Patriotes : compressions de 6 000 000 $ et abolition de 45 postes.

Elle affirme que 45 % de son budget destiné à appuyer la réussite scolaire a disparu. Fin de l’aide aux devoirs. «C’est la première fois, en cinq ans, que nous nous voyons obligés de couper dans les services près des élèves», indique la présidente de la CSP, Hélène Roberge. Le ministre Bolduc a envoyé un vérificateur général pour vérifier si c’était bien la seule coupe envisageable.

Enfant

Pour les centres de la petite enfance : compressions de 74 000 000 $

Le ministère de la Famille entend récupérer 74 millions de dollars dans les budgets des centres de la petite enfance (CPE) et des garderies privées subventionnées, ce qui correspond à une coupe de près de 4 %

Usager du réseau de santé 

Au CSSS Haut-Richelieu-Rouville, compressions de 5 500 000 $.

Depuis le 1er avril 2015, ce CSSS a été intégré au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Centre.Le montant représente l’objectif de diminution de dépenses du Centre. Fermeture de 39 lits (27 en pédiatrie, 10 à l’unité des médecins, 2 aux soins intensifs) et abolition de 80 postes (infirmières auxiliaires, préposés aux bénéficiaires, ergothérapeutes, etc.)

Fonctionnaire

Environ 1150 postes doivent être abolis dans la fonction publique d’ici la fin de 2015-2016

Bénéficiaire de l’aide sociale

Québec a annoncé en janvier qu’il resserrait les règles pour l’admissibilité à l’aide sociale dans le but d’économiser jusqu’à 15 M$. Par ailleurs, depuis le début du mois de mai, le revenu mensuel des prestataires d’aide sociale hébergés dans des centres de traitement des dépendances est passé de 747 $ à 200 $

Pour consulter l’austérimètre en ligne : http://journalmetro.com/actualites/national/800913/austerimetre/#austerimetre