L’ARTERRE : une terre pour apprenti

Le service L’ARTERRE apparaît sur le territoire de la MRC de Rouville. Il permet d’établir le maillage entre les propriétaires de terres agricoles et des particuliers souhaitant se lancer dans l’agriculture.

Matthieu Cerri vient de changer de vie. À 32 ans, il a quitté son travail dans une ferme en Montérégie pour lancer son exploitation dans le Haut-Saint-Laurent. « J’ai créé ma micropépinière et je possède désormais ma collection d’arbres fruitiers et de noix. J’ai pu réaliser mon projet grâce à L’ARTERRE, qui a trouvé l’endroit pour m’installer. »

L’ARTERRE est un service lié à la MRC de Rouville depuis peu. Son rôle est de mettre en relation des personnes voulant se développer dans l’agriculture et les propriétaires terriens. Un travail d’analyse fine, selon Maude St-Jean, agente de maillage sur le secteur de la MRC de Rouville. « Ce n’est pas un essai ou un stage. On veut vraiment quelque chose de sérieux avec, pour but final, de vendre des produits. »

Maude St-Jean doit d’abord passer au peigne fin chaque candidature avant d’aller plus loin. « Beaucoup ne se rendent pas compte du milieu de l’agriculture, qui est très demandant. Ainsi, lorsque quelqu’un se présente, nous demandons d’abord un minimum d’expérience ou de formation dans le domaine visé. Mon travail est de valider les critères de sélection et de détecter d’éventuels manques en gestion ou en formation. Si la candidature est refusée, la personne peut revenir plus tard en ayant comblé ses manques. Ensuite, il faut être capable de rédiger un modèle d’affaires afin de convaincre un bailleur de fonds. »

Guider l’apprenti agriculteur

C’est là que le rôle de la conseillère prend tout son sens. Même si elle connaît le monde agricole, son but est de guider l’apprenti agriculteur dans son parcours pour obtenir sa propre exploitation. « Ma mission est de mettre en relation, poursuit-elle. Si le candidat a des questions, je peux le référer à un spécialiste tel qu’un agroéconomiste ou un avocat spécialisé dans le droit agricole. L’objectif final est d’arriver devant un notaire spécialisé en agriculture avec des documents signés. »

En plus des spécificités que demande le milieu, Maude St-Jean s’attarde sur la situation privée des candidats, où des difficultés peuvent persister. « Parfois, ce n’est juste pas le bon moment. Des gens veulent se lancer dans une exploitation alors qu’ils ont des enfants en bas âge, ou bien un conjoint qui ne veut pas se séparer de son travail. Les enfants vont dans une école. Ils n’auront pas le temps ou l’énergie. Cela peut aussi être compliqué de changer de région s’il n’y a pas de solution à proximité. »

Trouver le bon exploitant pour la bonne terre n’est pas toujours aisé. Parfois, la spécialiste doit parcourir des kilomètres pour parvenir à la solution idéale. « Les gens sont souvent attachés à leur région. De plus, lorsqu’on déménage, il faut prévoir un logement et dans ce contexte de pénurie, c’est très difficile. Si le but est de faire un élevage de bêtes, l’exploitant n’a pas le choix, il doit être sur place. »

Le potentiel des terres

S’il faut analyser le profil des candidats, celui des terres n’est pas à négliger non plus. Maude St-Jean est convaincue du travail à réaliser dans la MRC de Rouville. « En Montérégie, L’ARTERRE a du succès. Les objectifs sont variables, mais en ce moment, le maraîchage sur de petites surfaces est très courant. Il est aussi possible de demander de l’aide pour de petites ou grandes exploitations. Tout est possible. »

La conseillère rencontre déjà les propriétaires terriens afin de pouvoir se rendre compte des possibilités.

« On peut faire beaucoup de choses en valorisant des bâtiments agricoles, et ça, tout le monde n’en a pas conscience. En ce moment, beaucoup de propriétaires cherchent un binôme pour mener à bien leur exploitation. Mais c’est très délicat à gérer, car unir deux agriculteurs sur la même exploitation est comme un mariage. Il faut s’entendre au quotidien. »