Lancelot à la rescousse des humains

La vie de Lancelot est marquée par un revirement de situation spectaculaire. Après avoir été sauvé dans un état lamentable, le boxeur rhodésien aide aujourd’hui son maître à semer le bonheur dans le cœur des aînés et des enfants.

On ne donnait pas cher de la peau de Lancelot, lorsqu’on l’a trouvé en forêt. Lancelot était amaigri, avait des copeaux de bois sous la peau, des racines d’arbre dans ses dents et souffrait d’un cancer dans une patte.

Tous les chiens de l’accompagnateur  Daniel Morin ont tous une histoire touchante. Mais celle de Lancelot est très émouvante, car il est un véritable survivant. «Lancelot avait peur des humains et sautait partout. Il était craintif. Mais, petit à petit, il a repris confiance», raconte M. Morin.

Le boxer possèderait les trois intelligences canines. La plupart des chiens n’en ont que deux. Il a la capacité d’adaptation, l’intuition et l’habileté. C’est ce qui lui a permis de survivre en forêt. Aujourd’hui, il est le chien le plus habile de la meute de Daniel Morin lorsqu’il donne un spectacle.

«Lancelot entre rapidement en relation avec les humains. Il peut marcher auprès d’une personne. Sa principale réalisation a été de faire la preuve qu’avec du courage, de la ténacité, il a réussi à vaincre les épreuves, la maladie comme le cancer qui est aussi répandu chez animaux que chez les humains », explique-t-il.

Lancelot établit un contact privilégié avec une personne en perte d’autonomie. Avec l’aide d’un objet, comme une balle, il va être capable d’établir une relation. Il est de nature calme et a beaucoup d’endurance. Il est capable de travailler pendant plusieurs heures tout en donnant de l’attention auprès des adultes ou des enfants.

«Il peut sur demande demeurer passif et se faire caresser et peut répondre immédiatement à l’invitation au jeu», explique Daniel.

Les bienfaits de la zoothérapie

Pour Daniel Morin, la zoothérapie peut accomplir des miracles. Au fil des ans, il en a été témoin. Celui qui se considère comme un facilitateur de réadaptation a souvent affaire à une clientèle atteinte d’Alzeimer, de Parkinson, de sclérose en plaques, de surdité ou non voyante.

Son incursion dans le domaine de la zoothérapie a commencé bien modestement, alors qu’il a lancé l’activité zoo-info en travaillant dans un centre d’accueil  à Marieville.

«Je partais battre la campagne avec ma caméra à l’épaule pour aller filmer les animaux chez les éleveurs de la région. Je filmais des chiens, des chevaux, des cochons. Après, je ramenais ça au centre pour montrer une vidéo aux personnes âgées. L’engouement pour mes reportages a été immédiat. Puis l’idée d’avoir un chien m’a trotté dans la tête. Je me suis donc associé avec Mira. J’ai commencé cette belle aventure avec mon Labrador Alaska. Il a été ma carte d’entrée dans les institutions», lance Daniel.

« Tout devient plus facile »

Avec la zoothérapie, Daniel a pu rejoindre une clientèle plus marginale. Les personnes seules dans leur chambre qui souffrent d’isolement, les personnes à mobilité réduite. La présence d’un chien a répondu à des besoins affectifs importants.

Le contact physique avec un animal éveille les sens. Avec la zoothérapie utilisée en service de réadaptation, les résultats se sont fait sentir rapidement.

«Plusieurs personnes âgées n’ont pas toujours la motivation pour sortir de leur chambre pour aller faire leurs exercices. Avec la présence d’un chien à leur côté, tout devient plus facile. Je me souviens d’une dame en réadaptation qui ne voulait rien savoir des docteurs. Quand elle m’a vu passer avec mon chien dans le corridor, elle me lance: Oh! qu’il est beau votre chien! Il me rappelle celui que j’avais quand j’étais petite.».Voulez-vous le promener que je lui dis? En moins de deux, elle sort de sa chambre et s’en va en réadaptation. Deux semaines plus tard, elle était de retour chez elles!»

Reconnaissance

Pour Daniel Morin, la plus belle récompense qui soit demeure les actions concrètes qu’accomplissent ses chiens dans la réadaptation des personnes âgées. Dans le milieu scolaire, c’est l’approche éducative qui le rend le plus heureux. Il offre une quinzaine d’ateliers aux enfants qui vont de la socialisation à l’estime de soi. Mais qu’importe le cadre dans lequel il est amené à évoluer, Daniel Morin retire une grande satisfaction de ses interventions.

«La zoothérapie est un travail très demandant. Il faut être altruiste et disponible. S’occuper de dix chiens à la maison, c’est du sport! Après toutes ces années, la passion demeure aussi vivante qu’au premier jour. Ce qui maintient la flamme en vie, c’est de voir les bienfaits immédiats s’installer en présence des chiens. Un chien est, quelque part, porteur d’une magie. En plus de 20 ans, je n’ai pas vu une personne oublier de me remercier en partant.»