La vente du Sunset Ranch marque la fin du camp illicite
Après avoir floué des dizaines de parents, les propriétaires du Sunset Ranch, Danika Beaudin et François Bureau, ont vendu leur propriété sur laquelle ils exploitaient de façon illégale leur camp équestre.
« La situation entourant le Sunset Ranch est malheureuse, mais par chance, elle est rare et isolée », relativise Sylvain Casavant, maire de la Ville de Saint-Mathias-sur-Richelieu, devant le départ des citoyens encombrants.
Rappelons qu’en juillet dernier, le Service d’urbanisme avait effectué des inspections pour des éléments non conformes. Un avis d’infraction avait été envoyé aux propriétaires. Seuls les usages agricoles y étaient autorisés en raison du zonage du lieu. Le camp équestre avec nuitées, étant un usage autre que l’agriculture, ne s’y conformait donc pas.
Outre l’argent dérobé aux familles et la non-conformité de leur camp, les propriétaires sont aussi blâmés pour négligence envers les enfants du camp ainsi que maltraitance sur leurs chevaux. « Nous ne souhaitons pas qu’une telle situation se répète et espérons que celle-ci aura su révéler certains problèmes auprès des instances responsables afin que des actions soient entreprises pour éviter de tels problèmes dans les camps de jour partout dans la province », affirme le maire de l’endroit.
Le Sunset Ranch deviendra une terre maraîchère sur laquelle pousseront des légumes biologiques. Les nouveaux propriétaires ont préféré ne pas s’adresser au journal.
Des voisins rassurés
Le voisinage est unanime : tous se disent rassurés par le départ des anciens propriétaires du Sunset Ranch. Ils auraient aimé que la Ville réagisse autrement dans ce dossier.
« La Municipalité n’a pas l’autorité d’intervenir dans un cas comme celui du Sunset Ranch, ni l’autorité de juger de la conformité du camp, ce pour quoi d’autres instances, tel le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), ont été interpellées dans le dossier lorsque la situation a été rapportée », soutient Sylvain Casavant.
» Nous ne souhaitons pas qu’une telle situation se répète. » – Sylvain Casavant
La Municipalité avance avoir tenté de guider les plaignants et les intervenants externes « dans la mesure du possible » et est intervenue dans les « délais habituels » au sujet des infractions qui se trouvent dans son champ de compétences, soit principalement des infractions aux règlements municipaux. Également, la Commission de la protection du territoire agricole du Québec avait été avisée de l’usage non conforme puisque la résidence se trouve en zone agricole.
Agence du revenu du Canada
Certains voisins affirment que des travailleurs de l’Agence du revenu du Canada (ARC) ont cogné à leur domicile afin de trouver les anciens propriétaires du ranch. En raison des dispositions relatives à la confidentialité de la Loi de l’impôt sur le revenu, l’ARC n’a pas voulu formuler de commentaires à l’égard de « dossiers spécifiques ni au sujet des enquêtes qu’elle pourrait mener ».
Laissés pour compte
Parmi les dizaines de parents qui n’ont pas revu la couleur de leur argent, Cathy Morneau se dit laissée pour compte. Son dossier est toujours en attente à l’Office de la protection du consommateur et aux petites créances. « C’est peine perdue. On a perdu leur trace officiellement pour la suite. J’aurais apprécié que leurs créances soient considérées pour la vente du ranch », mentionne-t-elle avec désolation. Elle peine à accepter la situation. « Je n’aurais pas cru possible, en 2023, dans une société comme la nôtre, qu’il serait aussi facile de flouer des gens à coups de centaines de dollars et pouvoir s’en sauver aussi facilement », s’indigne-t-elle.
Elle s’apprête à réserver dans un autre camp équestre, celui-ci enregistré à l’Association des camps du Québec. Elle soulève toutefois les mêmes enjeux de dépôt et de paiement complet. Elle doit impérativement payer 2 600 $, taxes en sus, par virement bancaire uniquement. Le paiement doit être complété deux mois avant, sans possibilité de remboursement intégral. « Ces pratiques sont toujours maintenues sous prétexte qu’il y a des listes d’attente. J’ai demandé un paiement par carte de crédit pour me protéger, mais c’est impossible pour eux », dépeint Mme Morneau.
Karolanne Bouchard est l’une des premières mamans à avoir levé le drapeau rouge contre le Sunset Ranch. « Ce qui me fait le plus peur, c’est qu’ils recommencent ailleurs. La vente du ranch signifie, oui, d’une part, que notre argent est définitivement disparu, mais qu’ils peuvent maintenant repartir à zéro », blâme-t-elle. De son côté, sa fille refuse catégoriquement de s’inscrire à un camp d’équitation pour l’été à venir.