La MRC de Rouville attend de voir les fonds des gouvernements pour croire au développement d'Internet pour tous

La MRC de Rouville veut déployer Internet haute vitesse sur son territoire. Une bonne nouvelle pour elle, c’est aussi la volonté du gouvernement fédéral, comme il l’a exprimé dans le cadre de son dernier budget.
À l’annonce du budget fédéral 2019, la semaine dernière, le ministre des Finances, Bill Morneau, a mis sur la table une enveloppe de 5 à 6 milliards de dollars pour la connexion à haute vitesse de 95 % des ménages et des entreprises d’ici 2026, et de tous les citoyens d’ici 2030.
Une annonce largement saluée par la Fédération québécoise des municipalités (FQM). « C’est ahurissant qu’en 2019, la question du branchement des régions à Internet haute vitesse ne soit pas encore réglée. Les investissements importants annoncés aujourd’hui par le ministre Morneau pour remédier à la situation sont donc plus que bienvenus. Maintenant, il s’agit de s’assurer que tous les paliers de gouvernement, sous la responsabilité du gouvernement du Québec, travaillent de concert pour brancher rapidement l’ensemble des citoyens, peu importe où leur résidence est située sur le territoire », a déclaré le président de la FQM, Jacques Demers.
Pour la Fédération, la recette du succès pour brancher les régions passe par les MRC, qui ont une connaissance fine de la réalité sur leur territoire. Tout nouveau projet devrait compter sur la collaboration et l’approbation des MRC pour obtenir son financement.

Budget de Québec 2019

Dans son budget annoncé jeudi dernier, le ministre des Finances québécois, Éric Girard, a assuré l’accès à une connexion Internet haute vitesse et à 4.2.1, un réseau cellulaire large bande dans toutes les régions. Pour ce faire, le gouvernement prévoit des investissements additionnels de 400 millions de dollars sur sept ans pour établir un accès à des infrastructures numériques de qualité dans l’ensemble du Québec.
Dans le cadre d’un processus d’appel à projets qui sera lancé au cours des prochains mois, le nouveau programme Québec haut débit offrira un financement aux projets les plus prometteurs.
Avec cette initiative, les entreprises et les ménages québécois en milieux ruraux et en régions éloignées, qui n’ont toujours pas accès à une connexion Internet haut débit ou à un réseau cellulaire large bande, seront desservis, affirme le ministre.
Le gouvernement du Québec indique qu’il travaillera en collaboration avec les municipalités et les municipalités régionales de comté (MRC) dans l’objectif d’accélérer le déploiement d’infrastructures numériques de qualité dans les zones non ou mal desservies.
Avec la contribution du gouvernement fédéral et des promoteurs, les nouveaux investissements de 400 millions de dollars prévus par le gouvernement du Québec permettront aux régions de se doter d’infrastructures numériques complètes et modernes.

MRC de Rouville

Pierre-Olivier Labart, conseiller en développement rural et mentorat pour la MRC attend de voir les appels d’offre des gouvernements pour y croire. « C’est une bonne nouvelle, mais je vais le croire quand je vais le voir. Aujourd’hui il n’y a pas eu de programme d’annoncé, pas d’appels de projets, mais nous nous sommes prêts. »
La MRC de Rouville avait d’ailleurs déjà fait ses démarches afin de doter la région d’Internet haute vitesse.
Les résultats d’un sondage qu’elle a mené ont permis de confirmer l’état de la situation. « Même avant le dépôt de notre rapport, on savait qu’il y avait un manquement en ce qui concerne Internet », soutient M. Labart.
Il explique que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) avait réalisé une carte montrant les endroits desservis par Internet. Cependant, il mentionne que la méthodologie donnait des résultats erronés. « On a produit un document qu’on a déposé au CRTC pour dénoncer sa façon de faire et inviter ses intervenants à revoir leur méthode, qui n’est pas juste », affirme M. Labart.
La MRC estime qu’entre 3000 et 4000 résidences n’ont pas accès à Internet haute vitesse. « On n’a pas les chiffres exacts parce que les fournisseurs ne nous donnent pas l’étalement de leur réseau », indique M. Labart.
Un autre point positif, est que le gouvernement provincial a annoncé vouloir travailler avec les municipalités et les MRC.

Mandat à un OBNL

La MRC a donné un mandat à l’entreprise IHR Télécom afin qu’elle trace le portrait et produise une demande d’aide financière aux gouvernements. Lorsqu’elle obtiendra le financement des deux paliers gouvernementaux, IHR Télécom déploiera un réseau de fibres optiques. L’organisme à but non lucratif (OBNL) a déjà rempli ce mandat pour d’autres MRC, dont présentement celle de Brome-Missisquoi.
Patrick Bonvouloir, président de l’OBNL, avait déjà mentionné au Journal qu’il attendrait que les gouvernements ouvrent un programme pour pouvoir faire une demande pour la MRC de Rouville. Il pourra, dès qu’il sera possible de le faire, aller de l‘avant et demander une aide pour couvrir environ 400 kilomètres de territoire nécessitant ce service, d’après ses estimations.
Il affirme que le provincial a besoin que le fédéral finance aussi le programme pour desservir l’ensemble du Québec. La Coalition avenir Québec a promis que toutes les régions auraient accès à Internet haute vitesse d’ici 2022. Cependant, le député chargé du dossier a mentionné qu’il était utopique de penser que tout le Québec serait couvert avant la fin du présent mandat.

Importance

M. Labart souligne que le déploiement d’Internet haute vitesse est important pour la MRC, notamment pour répondre aux besoins agricoles. « Près de 96 % du territoire est agricole, dit-il. Internet haute vitesse est un enjeu important pour les agriculteurs parce que la technologie est rendue là. Les mises à jour de la machinerie sont faites par l’entremise d’Internet. Comme Internet haute vitesse n’est pas présent, ça prend du temps. »
C’est également un enjeu économique pour les travailleurs autonomes. « On parle de plus en plus de télétravail, mais le réseau n’est pas capable de l’absorber », soutient M. Bonvouloir.