La maison Boileau dans les livres d’école

La maison Boileau sera immortalisée dans un ouvrage scolaire de géographie au Québec.

Un texte de

Dans un chapitre abordant le thème du patrimoine, la deuxième édition en français de Géo à la carte, aux Éditions CEC et destinée au premier cycle du secondaire, a actualisé son contenu pour intégrer entre autres cette nouvelle. « Nous abordons dans ce passage du manuel les menaces auxquelles est confronté le patrimoine, comme les catastrophes naturelles, la pollution ou encore le manque d’entretien », explique Julie Charette, l’auteure de cette section.

En écoutant l’abondante actualité entourant la maison Boileau, elle a eu l’idée de capter cette information pour illustrer le manuel avec un exemple québécois. « Nous avions une autre image dans l’ancienne édition qui montrait une réalité plus lointaine que celle de Chambly. Utiliser cette information permet de rapprocher les élèves aux enjeux du patrimoine, une question d’actualité au Québec aussi. Dans cette même partie du manuel, on parle aussi des manières de protéger le patrimoine comme pour le Vieux-Québec, qui est un site protégé depuis 1985 et inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. »

C’est d’ailleurs une photo prise par un journaliste du Journal de Chambly que la maison d’édition a choisie pour illustrer l’ouvrage.

La parution est prévue pour la fin mars, à 150 000 exemplaires en version imprimée et numérique, aussi bien en français qu’en anglais (pour une première édition). Les manuels scolaires seront prêts dès la rentrée 2019-2020 pour générer le débat entre élèves et professeurs autour de Chambly.

Julie Charette, l’une des trois auteurs de l’ouvrage, est enseignante elle-même à l’école secondaire Curé-Mercure, située à Mont-Tremblant. « Ce manuel est déjà très présent dans beaucoup d’écoles québécoises. Il reste cependant un livre d’apprentissage avec du contenu théorique et un cahier pratique que les élèves utilisent au quotidien dans toutes les régions du Québec. Ce manuel ne nécessite pas la relecture du ministère de l’Éducation et est acheté par les parents. »

Comment les professeurs utiliseront-ils l’image de la maison Boileau? « Cela alimentera de manière informelle des discussions dans la classe sur le patrimoine, qui seront propres à chaque enseignant. Il n’y a pas beaucoup de texte pour la maison Boileau, mais il sera possible de comparer avant et après sa destruction, comme on le fait pour le patrimoine de Katmandou en Inde. Les questions des élèves entraîneront un raisonnement et il en découlera un débat peut-être sur les responsabilités des municipalités ou encore des ministères. Cela reste cependant des concepts un peu vagues au premier cycle du secondaire. Plus tard, dans le manuel, il est question aussi du rôle de l’UNESCO. »

L’enseignante est en accord pour dire que la destruction de la maison Boileau a été un point important dans la discussion autour de la protection du patrimoine au Québec. « Un événement comme ça contribue à une prise de conscience. Il suffit de voir la couverture médiatique de la destruction de la maison Boileau. Ce qui est dommage, c’est de voir qu’il faut attendre la démolition du patrimoine pour constater que cette action est irréversible. »

Rappel

Le 22 novembre 2018, vers 7 heures, sur la rue Martel à Chambly, le froid matinal n’a pas ralenti les pelles mécaniques, qui se sont mises à l’ouvrage pour détruire la demeure ancestrale datant du 19 siècle. Dans un communiqué, l’administration municipale avait alors expliqué que « Cette décision a été principalement prise pour des raisons de vétusté du bâtiment et de sécurité, car la maison était devenue dangereuse pour les citoyens. Les rapports des professionnels, les analyses des experts et les coûts engendrés pour sa réhabilitation ont également motivé cette difficile décision », pouvait-on y lire.

La Ville a expliqué clairement que « le mauvais entretien de la maison, avant son acquisition par la Ville, a causé des dommages irréversibles qui ne peuvent sauver la structure d’origine. Les experts concluent que les désordres structuraux sont trop importants et que le bâtiment ne peut être ni rénové ni conservé. »

Cette destruction avait soulevé une indignation aussi bien populaire que politique, et mis au cœur des conversations la question de la conservation du patrimoine québécois.

Question aux lecteurs : La destruction de la maison Boileau est-elle pour vous un moment charnière relativement à la protection du patrimoine au Québec?