La CAQ devrait transformer les commissions scolaires

Dans un communiqué au lendemain de l’élection provinciale du 1er octobre, la Commission scolaire des Patriotes (CSP) a félicité les quatre candidats, élus sur son territoire, appartenant chacun à la formation politique caquiste désormais majoritaire. La Coalition Avenir Québec (CAQ) souhaite cependant transformer les commissions scolaires.
« On a lancé une invitation au futur gouvernement pour les rencontrer. Nous espérons qu’il nous donnera la marge de manœuvre, l’autonomie et les moyens nécessaires pour réaliser notre Plan d’engagement vers la réussite « Tous Patriotes pour la réussite! », souhaite la présidente de la CSP Hélène Roberge.
Le message n’est pas anodin. Avant et pendant la campagne électorale le parti de la CAQ, aujourd’hui au pouvoir, ne s’est jamais caché de vouloir réformer les commissions scolaires au Québec.
Dans son livre Et si on réinventait l’école, le député réélu de Chambly, Jean-François Roberge, pressenti comme le futur ministre de l’Éducation, un livre imprimé en 2016, il est clairement écrit : « Dans sa forme actuelle, avec son conseil des commissaires et ses innombrables comités et sous-comités, le modèle de gouvernance des commissions scolaires est devenu un facteur de paralysie. Prisonnières d’un système hautement hiérarchisé et ridiculement bureaucratisé, nos écoles manquent d’air. »
Il parle dans son ouvrage, une œuvre appuyée lors de sa sortie par le chef de la CAQ, François Legault, de la « lourdeur bureaucratique » que représentent les commissions scolaires.
« Je ne suis pas le seul à remettre en question le rôle des commissions scolaires et à prôner une plus grande autonomie des écoles. Cependant, les forces de l’inertie sont puissantes, et certains refusent que le modèle actuel soit contesté », écrit-il.
Dans un entretien accordé au Journal de Chambly, le député nouvellement élu a cependant précisé, comme dans son livre, qu’ « il n’est pas question ici de prôner l’abolition pure et simple des commissions scolaires, mais bien de les transformer en des centres régionaux aux écoles. Par contre, il faut absolument inverser le lien hiérarchique : les centres de services devraient travailler pour les écoles, et non pas les gérer. »
Mme Roberge ne comprend pas cette volonté de transformation. « Je n’y crois pas. Je crois que la CAQ ne sait pas que nous sommes déjà un centre de service. C’est pour cela que nous avons invité nos quatre députés à une rencontre pour leur montrer notre mode de fonctionnement et leur présenter notre plan de la réussite, avant de parler de structure. Nous avons besoin de support, d’engagement et de financement. »

Plus d’élections scolaires

Si Jean-François Roberge parle d’une « transformation » des commissions scolaires à venir, il est beaucoup plus précis quant à l’avenir des élections scolaires. Il indiquait clairement au Journal, après sa réélection, la volonté de les abroger. « Nous ne ferons aucune coupure en éducation. C’est une priorité pour la CAQ. Mais oui, nous pourrons faire des économies en supprimant les élections scolaires, soit 20 millions de dollars en quatre ans.
Mme Roberge quant à elle voit en la suppression des élections scolaires une brèche dans le système démocratique mis en place. « Pourquoi nous priver d’une démocratie en éducation alors que c’est une priorité. Cela fait 20 ans que je travaille dans le milieu de l’éducation et que je vois des commissaires, des parents, des citoyens engagés. Quant au taux de participation aux élections scolaires qui reste bas, plutôt que de les supprimer, il faudrait tout mettre en œuvre pour les valoriser. Pourquoi ne pas valoriser le vote électronique? Pourquoi ne pas voter aux élections scolaires en même temps que les élections municipales? Cela ferait partie de la solution. »

Un regard vers le privé

Jean-François Roberge ne cache pas dans son ouvrage le fait qu’il serait bien, pour l’école publique de s’inspirer des écoles privées sur certains aspects sans cependant prendre les idées de l’une pour l’appliquer à l’autre.
« On ne peut donc pas bêtement appliquer le modèle de gestion des écoles privées aux écoles publiques. Rien ne nous empêche, cependant, de nous en inspirer, d’éliminer une couche de bureaucratie et d’alléger la gouvernance des commissions scolaires pour enfin les mettre au service des écoles. »
En entrevue, le député a cependant indiqué que son livre n’engageait que sa personne, mais que les idées qui étaient développées « s’intègrent bien dans la vision de mon parti politique. »