La bouche : cette oubliée

Le mois d’avril est celui de la santé buccodentaire. Marylie Carrier-Bonsaint, hygiéniste dentaire, fait de la prévention et de la sensibilisation à cet effet sur le territoire de la Vallée-du-Richelieu.

Mme Carrier-Bonsaint contribue au bien-être de cette zone du corps, parfois négligée en raison des coûts des soins qu’elle nécessite, dite la bouche. Oeuvrant pour la compagnie Votre hygiéniste dentaire, elle se promène et offre ses ateliers principalement aux CPE et aux garderies familiales pour le moment. Contrairement aux hygiénistes dentaires embauchés par les CLSC en fonction de budgets gouvernementaux qui vont dans les écoles, Marylie Carrier-Bonsaint est travailleuse autonome. Sa prospection, elle la cible donc vers le milieu de la petite enfance. « Ces hygiénistes dentaires n’ont pas le temps d’aller dans les garderies. On se tourne donc vers les plus jeunes. Ça n’affecte en rien l’hygiéniste qui les verra par la suite à l’école l’année suivante. Ça fait en sorte que les enfants ont déjà un petit bout de chemin de fait et, à 3 et à 5 ans, ils sont en âge de comprendre », tisse-t-elle.

L’atelier dont parle Mme Carrier-Bonsaint, proposé entre autres à Chambly et à Carignan, dure 45 minutes. Les thèmes abordés sont le brossage, la soie dentaire, la carie, l’alimentation, la chute des dents primaires, l’éruption des dents permanentes et la visite chez l’hygiéniste dentaire/dentiste. La méthode utilisée afin de capter l’intérêt se veut ludique. Grâce à un livre d’histoires géant, un jeu et une démonstration faite à l’aide d’une marionnette (à l’effigie du personnage principal de l’histoire, soit Dentine), l’enfant se transporte dans un univers où l’apprentissage devient amusant.

« La mission, c’est de faire de l’éducation et de la prévention à plus grande échelle parce qu’en bureau, nous bénéficions rarement de temps pour faire ces enseignements d‘hygiène. Et moi, ça me passionne. Ce n’est pas le nettoyage que l’on fait aux patients une fois tous les six mois ou une fois par année qui fait la différence sur la santé de sa bouche; c’est ce que le patient fait au quotidien chez lui. Si l’on ne prend pas le temps de lui enseigner les bonnes méthodes, de lui donner les bons outils pour s’occuper de sa bouche chaque jour, ce ne sera pas suffisant », ajoute Fannie Leblanc, présidente et fondatrice de Votre hygiéniste dentaire, qui a lancé ses ateliers en 2012 et qui a quitté définitivement les cliniques dentaires il y a cinq ans afin de se consacrer exclusivement à son entreprise. Découlant de son initiative, 11 franchisés ont emboîté le pas.

L’importance d’une bonne santé buccodentaire

À cause des frais reliés à la santé buccodentaire, l’entretien de la bouche peut être une étape escamotable pour certains. Toutefois, les répercussions sur la santé globale sont envisageables. « La bouche, c’est la porte d’entrée. Toutes les bactéries qui se trouvent dans notre bouche peuvent voyager dans notre corps au grand complet par les vaisseaux sanguins qui s’y trouvent. Il y a donc un lien entre les maladies que l’on retrouve dans une bouche et les maladies systémiques. Une mauvaise hygiène buccale peut avoir un lien avec le diabète, la haute pression, etc. Souvent, les gens ne voient pas l’importance d’une bonne hygiène buccale, car c’est coûteux et au Québec, quand on parle de la santé en général, on a l’impression que la bouche n’en fait pas partie, car les cliniques sont privées et les gens doivent payer. Ce qui est un peu déplorable », évoque Marylie Carrier-Bonsaint

Prévention avant la naissance

L’entreprise met aussi de l’avant un atelier pour futurs et nouveaux parents. «La prévention, ça commence avant même la naissance. Une femme enceinte ayant une maladie de gencives non traitée et non prise en charge peut engranger des problèmes en phase avec sa grossesse. Elle peut faire de la prééclampsie, vivre une naissance prématurée, avoir un bébé de faible poids, donc un bébé plus vulnérable, etc. », révèle Mme Leblanc.

Brosser les dents d’un enfant autiste

Entrer dans la bulle physique d’un enfant atteint du spectre de l’autisme n’est pas chose simple. De même, entrer dans sa bouche doit relever du défi. « On est en train de monter un atelier pour les enfants à besoins particuliers. Il y a beaucoup de cliniques qui ne sont pas à l’aise de recevoir des enfants autistes de haut niveau. Elles ne savent pas comment interagir avec eux ni comment les traiter. Avec une telle clientèle, il est parfois possible que tu doives faire venir le jeune quatre fois sur ta chaise avant même de pouvoir baisser celle-ci et de lui ouvrir la bouche. Ce n’est pas payant pour les dentistes. L’atelier aidera donc les parents à les désensibiliser et à les préparer à la visite chez le dentiste, car le problème que l’on vit est que ces enfants sont orientés vers des spécialistes. Les listes d’attente débordent. Sinon, ils peuvent même se retrouver en anesthésie générale, mais encore, il y a deux ans d’attente. Comme parent, tu ne veux pas nécessairement endormir ton enfant pour lui faire faire un nettoyage », termine sur une note rarement abordée la présidente fondatrice de Votre hygiéniste dentaire.