Incursion dans une classe de maternelle 4 ans

Tous les matins, Émilie Mailloux et sa collègue Stéphanie St-Pierre accueillent seize élèves de maternelle 4 ans. Ces derniers font leur petite routine avant d’aller s’asseoir à une table pour réaliser un atelier.
Le Journal a fait une incursion dans la classe de maternelle 4 ans à l’école de Ramezay, l’édifice Fatima, à Marieville. Cette classe est en fonction depuis trois ans. L’école avait alors une cote de défavorisation de 9 sur une échelle de 1 à 10, où 10 est très défavorisé. Aujourd’hui, la cote en est à 6, selon le directeur Sacha Plamondon.
L’enseignante mentionne leur apprendre les règles de la société, comme attendre son tour, partager ou lever la main pour parler. Dans une journée type, les enfants arrivent en autobus et entrent dans l’école quand la cloche sonne. Ils sont autonomes dans leur routine avant de prendre place à leur atelier. « Ça permet de ne pas les bousculer quand ils arrivent », indique Mme Mailloux.
Après l’atelier, ils se regroupent pour prendre les présences ensemble. Ils regardent le calendrier pour identifier la journée à l’aide de pictogrammes et font différentes activités en groupe.
« On chante des comptines à travers les activités. Ça permet à tous de participer. On fait tout sous forme de jeu. Les apprentissages, ils les font s’ils sont prêts », indique la professeure. Elle précise que le but est de les rendre prêts à passer à la maternelle. « On n’axe pas sur la réussite, mais sur l’éveil », dit-elle.
Les élèves ont accès à tous les services scolaires, dont le transport, le service de garde, un local d’ordinateurs et la bibliothèque. Ils ont aussi un cours d’éducation physique par semaine. Il leur est également possible de faire les mêmes sorties scolaires que les autres.

« On n’axe pas sur la réussite, mais sur l’éveil. » – Émilie Mailloux

Ressources accessibles

Selon l’enseignante, la technicienne en éducation spécialisée et le directeur, la grande force de la maternelle à 4 ans est l’accessibilité des ressources pour les enfants avec des besoins particuliers. L’école a notamment à sa disposition les services d’orthopédagogue, d’orthophoniste, de psychologue et d’ergothérapeute. M. Plamondon indique que la cote de défavorisation de l’école permet également d’obtenir plus d’argent pour offrir ces services.
De plus, l’enseignante est accompagnée, au moins pendant dix-sept heures et demie, par une technicienne en éducation spécialisée (TES).
Mme St-Pierre, TES, explique qu’elle travaillait avant dans un Centre de la petite enfance (CPE). Elle avait été promue dans un poste pour les enfants à besoin particulier. « Je ne me sentais pas outillée parce que j’étais seule, sans soutien ni équipe. J’ai décidé d’acquérir une formation en éducation spécialisée pour travailler dans le milieu scolaire où il y a une équipe de spécialistes », affirme-t-elle.
La technicienne ajoute que les parents d’enfants fréquentant l’école n’ont pas à débourser pour avoir recours à ces ressources, comparativement à ceux qui s’en remettent aux milieux de garde. Selon elle, devant la longue liste d’attente des 0-5 ans au CLSC, les parents se dirigent vers le privé. « Les spécialistes viennent nous voir régulièrement et les parents ont un rapport à la fin de l’atelier. Ils voient déjà s’ils ont besoin ou non », relate Mme St-Pierre.
L’enseignante et la TES estiment qu’il devrait y avoir plus de classes de maternelle 4 ans. « On en voit les bienfaits », souligne Mme St-Pierre. « Pour les élèves anxieux ou ayant reçu un diagnostic, ça les prépare sur ce qu’est la vie scolaire », croit Mme Mailloux.

Des ajouts sur cinq ans

La demande pour la maternelle 4 ans à Marieville est bien présente. Le nombre d’inscriptions dépasse celui des places disponibles. Le directeur souligne qu’ils sélectionneront les élèves en fonction de critères établis, dont celui de ne pas fréquenter un service de garde ou de faire partie d’un quartier défavorisé.
Le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge abondait dans le même sens lors d’un entretien avec le Journal. « Je me rends compte que les gens veulent ce service. Quand une classe est ouverte, elle est rapidement complète. L’offre est inférieure à la demande », soutient-il.
Le député de Chambly assure que sur cinq ans, des locaux seront construits et des enseignants formés pour répondre à la demande. Des mesures seront aussi prises pour attirer les étudiants dans les facultés en éducation. En cinq ans, il prévoit créer 40 000 places pour les enfants de 4 ans.
M. Roberge précise qu’il s’agit d’une offre complémentaire au service de garde déjà en fonction. « Ce n’est pas de la concurrence; c’est une complémentarité », précise-t-il.

Camp de jour adapté

Pour accommoder les parents des enfants fréquentant la maternelle 4 ans, la Ville de Marieville a adapté son offre de service du camp de jour. Ces jeunes sont donc admissibles au camp de jour régulier de la ville. L’école envoie la liste des enfants de la classe.
« La Ville a mis en place cette mesure afin de venir en aide aux parents qui se retrouvaient dans le besoin, leurs enfants n’ayant pas accès à d’autres milieux de garde pour l’été », indique la porte-parole de Marieville, Marie-Ève Hébert.