Incinérateur pour animaux: Forcé de repenser son projet

La compagnie Compagnons Éternels, un service funéraire et d’incinération pour animaux, est à revoir ses plans afin de pouvoir s’établir à Chambly.

L’entreprise avait soumis un premier projet qui devait être situé au 1623, Périgny, soit en face du Pôle culturel de Chambly. Ce projet a été arrêté par les membres du conseil après avoir passé les étapes sur le plan administratif. Les élus avaient demandé un avis juridique afin de valider si le zonage actuel permettait ou non l’usage de crématorium pour animaux. Jean-François Auclair, directeur général de la Ville, a indiqué au journal que « l’interprétation était complexe » et que des amendements au règlement de zonage seraient apportés afin de clarifier les usages permis dans les zones commerciales. Le conseiller Mario Lambert a pour sa part soutenu que l’avis était clair : « Un crématorium, c’est pour les humains et un incinérateur, pour les animaux. Il faut faire attention aux comparaisons », a-t-il dit. La demande d’accès à l’information pour obtenir le document a été refusée au journal.

Un des propriétaires et promoteur du projet, Pierre-Yves Anglaret, a mentionné recommencer à zéro son projet, mais avoir malgré tout toujours la volonté de s’installer à Chambly. Le second endroit visé est situé toujours sur le boulevard Périgny, mais plus près du quartier industriel et du Complexe funéraire Desnoyers. M. Anglaret n’a pas voulu dévoiler exactement où il se trouve, puisque rien n’est encore définitif. Il affirme que rien ne sera officiellement commencé tant qu’il n’aura pas l’assurance de pouvoir aller de l’avant.

M. Lambert a affirmé en séance du conseil que le « débat commencerait dans les prochaines semaines ». En entrevue, il soutient avoir la crainte que l’entreprise choisisse de faire de l’incinération à grande échelle. « Comment la Ville s’assurera-t-elle que le projet ne changera pas de vocation? » Il ajoute que sa préférence est que la compagnie opte pour un endroit davantage en zone industrielle.

« Notre métier est d’accompagner les gens dans ce moment difficile du deuil de leur animal pour que ça se passe au mieux. » – Pierre-Yves Anglaret

Services

« L’incinération et la crémation des animaux, ce n’est qu’un moyen. Notre métier est d’accompagner les gens dans ce moment difficile du deuil de leur animal pour que ça se passe au mieux », explique M. Anglaret. Il ajoute qu’on y
« retrouve les mêmes services que dans un centre funéraire pour humains, mais que c’est adressé aux animaux ».

Celui qui a été vétérinaire durant 12 ans et qui se décrit aujourd’hui comme un « spécialiste de l’après-vie » estime que l’accompagnement et le soutien que l’entreprise offre aux clients sont précieux. « Parfois, comme vétérinaire on réalise des interventions extraordinaires, on fait des miracles. Les gens nous disent merci, sans plus. Au moment de l’euthanasie, c’est la fin de la relation. C’est un moment unique. Je n’ai jamais autant reçu de vin, de fleurs et de chocolat », dit-il.

Il souligne que le centre prévoit un endroit de recueillement pour les familles. Il pourra aussi y tenir des rencontres de groupe de soutien ou des formations. Jean-François Auclair a indiqué en séance publique qu’environ 80 % de la superficie du commerce servira à l’administration et aux services aux clients. L’incinérateur serait utilisé, annuellement, pour environ 500 animaux de petite taille. Selon le ministère de l’Environnement, l’incinérateur aura une capacité de brûler 75 kg à l’heure.

M.Anglaret mentionne qu’il avait initialement choisi un lieu plus dans le centre-ville, afin que les clients puissent profiter des commodités des commerces autour durant l’incinération de leur animal.

Normes environnementales

M. Anglaret œuvre avec La Compagnie des vétérinaires, basée en France depuis 25 ans, et est en partenariat avec l’entreprise Compagnons Éternels, établie à Rigaud. Il soutient que ce type de commerce est très encadré et qu’il doit respecter des normes environnementales élevées afin de pouvoir être exploité.

Le ministère de l’Environnement confirme l’information. « Les fours doivent respecter les normes prévues par les articles 124 à 129 du Règlement sur l’assainissement de l’atmosphère (RAA). Pour être autorisés, ils doivent répondre à des exigences réglementaires, comme l’obligation d’avoir un four en deux parties, dont la deuxième servira à traiter les gaz de combustion et qui devra atteindre une température minimale de 1000° C avant que le four puisse être utilisé. De plus, un suivi de la stabilité de cette température doit être effectué, ainsi que le respect de la concentration maximale en matières particulaires à la sortie de la cheminée. Le Ministère s’assurera que les émissions atmosphériques générées par le projet présenté dans la demande d’autorisation respecteront les normes de qualité de l’atmosphère à l’extérieur du terrain. »

Un échantillonnage des émissions atmosphériques à la cheminée est aussi exigé tous les cinq ans afin de s’assurer du bon fonctionnement. Le Ministère s’assure aussi que les cendres seront gérées adéquatement.

Beaucoup de frais sans résultat

L’entreprise a déjà déployé plusieurs frais dans la première version du projet. Compagnons Éternels est devenue propriétaire du bâtiment sur Périgny. Des dépenses ont été engendrées pour les plans d’architecte. Ces derniers continuent d’œuvrer avec l’entreprise. Des sommes ont été déboursées pour obtenir toutes les autorisations nécessaires. Tout ça doit être refait.

De plus, la compagnie doit payer les assurances pour le bâtiment qui est toujours vacant et entreposer le four à crémation qu’elle a fait fabriquer par une compagnie québécoise, précise-t-il. « On a bien hâte de trouver une solution », affirme l’homme.

Pour le moment, aucune démarche juridique n’a été entreprise contre la Ville. « On souhaite avancer dans quelque chose de positif » affirme M.Anglaret. La mairesse, Alexandra Labbé, soutient que la Ville devra sûrement dédommager l’entreprise pour les frais encourus.

Les citoyens pourront s’opposer au changement de zonage par écrit dans les 15 jours suivant la diffusion de l’avis public.