Immigration en MRC de Rouville : « Moi aussi, je l’ai vécu »

Margarita Palacios a intégré récemment la MRC de Rouville à titre de conseillère en installation. Son travail est de trouver les ressources afin d’aider les immigrants à se faire une place dans ce coin de la Montérégie.

Originaire de la ville de Mexico, Margarita Palacios a connu la transition entre son Mexique et le Québec. Cela fait plus de dix ans. « Ce fut compliqué, car cela s’est passé assez rapidement. Je me suis mariée avec un Québécois et le voyage ne fut pas trop planifié. Lorsque je suis arrivée ici, ce fut un véritable choc culturel. C’était en hiver! »

« J’ai découvert la chaleur familiale québécoise. » – Claudia Elisabeth Hurtado Bernal

Designer graphique, elle a dû se réorienter professionnellement. « J’ai d’abord commencé par la francisation. Ensuite, je me suis tournée vers la nourriture mexicaine, puis tout s’est enchaîné. » L’automne dernier, Margarita Palacios a intégré la MRC de Rouville en tant que conseillère en intégration, fonction qu’elle partage avec son activité à l’Ancre, une organisation d’aide à la migration à Saint-Jean-sur-Richelieu. « Moi aussi, je l’ai vécu, poursuit-elle. Je connais les priorités et les besoins. Je me sens plus utile avec des personnes qui ont vécu la même chose que moi. »

Parmi les personnes qu’elle aide de manière individuelle figure Claudia Elisabeth Hurtado Bernal. En avril 2022, cette mère de 48 ans s’est envolée de Bogota, en Colombie, pour rejoindre Miami avec deux de ses enfants de trois et neuf ans. « Mon mari est un ancien militaire et il était violent avec moi et mes enfants. Pour le fuir, je lui ai fait croire que nous partions quelques semaines en tourisme aux États-Unis. »

Arrivée compliquée

Pour accomplir son rêve de changer de vie, l’infirmière en névralgie a décidé de rejoindre le Canada pour y demander refuge. « J’étais avec mes enfants dans le métro de New York, sans argent et la date de retour approchait. Nous avons rencontré une religieuse qui nous a permis d’arriver à la frontière avec le Canada. Nous étions en pleine crise de COVID. »

Après une vingtaine de jours d’incertitude, l’immigration a enquêté. « Une patrouille nous a amenés à la frontière, poursuit Claudia Elisabeth Hurtado Bernal. Nous sommes finalement montés dans un bus direction Montréal pour trouver un refuge. Sans argent. »

L’aventure a alors pris une tournure compliquée. « On vivait dans une chambre temporaire. Finalement, nous avons trouvé une solution à Saint-Léonard. On s’est équipés au fur et à mesure avec ce que l’on trouvait dans la rue. Mon fils était scolarisé, mais il a été stigmatisé, car on lui reprochait que son pays est celui de la cocaïne et de Pablo Escobar. On nous a alors proposé Marieville pour nous installer. »

À la fin de l’année scolaire 2023, la famille, rejointe entretemps par la fille aînée de 30 ans, y déménage.

« Nous avons trouvé un appartement dans un coin vraiment tranquille, poursuit Claudia Elisabeth Hurtado Bernal. Notre grande sortie quotidienne était d’aller à La Cabotine, le magasin du centre d’action bénévole. »

Côté professionnel, l’infirmière de profession ne peut exercer. « C’est très frustrant, confie-t-elle. On m’a refusée à cause de la langue, alors que les besoins sont criants. Ensuite, je suis allée dans toutes les entreprises de Marieville pour proposer mes services, mais on m’a refusée. »

Au bout du compte, La Cabotine s’est révélée une bonne perspective. « C’est une bénédiction. J’ai travaillé trois mois bénévolement avant d’y être embauchée, explique-t-elle. À Marieville, j’ai trouvé une stabilité de vie. Mon fils est très bien intégré et joue désormais au soccer. J’espère que mes enfants continueront ici. Cette aventure nous a fait grandir émotionnellement. J’ai découvert la chaleur familiale québécoise ici, qui est tout le contraire de Montréal. »

Immigration différente

Roxanne Fyfe s’occupe de la gestion des travailleurs étrangers temporaires dans la MRC de Rouville. Pour elle, le phénomène de migration n’est pas nouveau. « Cela a commencé avec les travailleurs agricoles. Après la pénurie de main-d’œuvre, les petites et moyennes entreprises ont commencé à recruter davantage et avec des statuts plus permanents. C’est cela qui n’était du jamais-vu. »

Ainsi, la MRC a décidé de prendre le taureau par les cornes pour aider à l’intégration. « On s’est penchés davantage sur la migration et les échanges culturels, poursuit Roxanne Fyfe. Nous avons mis en place des actions pour la régionalisation de la migration et nous attaquer à certains enjeux, car aucun organisme spécialisé n’est physiquement présent ici. »

Pour y parvenir, la MRC a demandé de l’aide à l’Ancre. « Nous avons tellement de demandes et de besoins, assure la spécialiste. L’aide au logement ou encore le remplissage de documents administratifs sont souvent demandés. Mais on reçoit aussi de plus en plus d’appels d’entreprises pour aider leurs employés. »

Une fête des rencontres interculturelles a lieu le dimanche 19 mai, de 10 h à 16 h 30, au parc Florence-Viens de Richelieu. Entrée et nourriture gratuites.