Accident impliquant un camion propane: Il risque sa vie pour en sauver plusieurs

Dominic Stébenne a agi en héros, même s’il ne se qualifie pas ainsi. Il était présent lors de l’accident d’un camion propane sur l’autoroute 15, le 7 mars. Il a risqué sa vie pour éteindre le moteur du camion accidenté afin qu’il ne prenne pas en flammes.
Initialement, le résidant de Chambly ne devait pas être présent à ce moment à cet endroit. Il devait partir plus tôt, mais le voyage du camionneur a été retardé. M. Stébenne conduit des camions transportant des chargements de matière dangereuse. « Si je me rappelle bien, c’est arrivé à 10 h 21 », souligne-t-il.
L’homme de 39 ans circulait sur l’autoroute 15 quand les voitures devant lui ont ralenti. « Mon premier réflexe a été de penser que c’était à cause de la construction. Finalement, j’ai vu les roues arrière d’un camion qui se trouvait sur le côté. Des gens débarquaient de leur véhicule. Ils disaient d’éteindre le moteur de nos voitures », raconte-t-il.
M. Stébenne ajoute qu’il a vu du liquide couler vers son camion, car la route était en pente. Comme il transportait de l’acétate de vinyle, un produit inflammable, il craignait que le camion de propane soit la proie des flammes et que l’incendie se rende jusqu’à son véhicule.
« Je suis débarqué de mon truck et j’ai couru vers l’autre, explique-t-il. J’ai une formation en matière dangereuse. J’ai vu qu’il y avait le code 1075 et j’ai su que c’était du propane. C’est là que j’ai compris qu’il y avait un problème. Si ça se rendait à mon camion, ça sautait et tous les gens autour y passaient. »

« J’ai regardé le truck, mon truck et les gens autour. Il fallait essayer de faire quelque chose. » – Dominic Stébenne

Éteindre le moteur

Comme le moteur du camion était toujours en marche, le Chamblyen a entamé les démarches pour l’arrêter. « Une mini étincelle du moteur et ça pouvait s’enflammer », soutient-il.
Celui qui conduit des camions depuis 2001 précise qu’il n’était pas le seul à faire les manœuvres. Il a été aidé d’un autre automobiliste, Sébastien Cromp. Une dame avait essayé de se rendre dans la cabine pour prêter main-forte au conducteur, qui est finalement décédé. Elle s’était blessée à la main sur la verre de la vitre avant.
M. Stébenne et l’autre homme ont donc récupéré des gants dans leur véhicule respectif. « Mon but était de sauver ma vie et celle des gens autour. Sans ça, j’aurais aussi pu partir de l’autre côté. Mais je n’aurais pas pu vivre avec ça sur la conscience », précise-t-il.
Le duo a donc tenté de tirer sur la vitre du camion pour l’enlever. M. Stébenne est aussi monté sur le muret de béton pour donner des coups de pied afin de la briser. Lorsqu’il a réussi, il est entré dans la cabine. « Toutes les affaires de l’homme s’étaient ramassées dans la fenêtre. J’ai dû sortir des trucs pour me rendre dans la cabine », raconte-t-il.
Avant d’entrer dans la cabine, il avait essayé de débrancher la batterie. L’accident ayant compliqué l’accès à celle-ci, c’était impossible à faire. M. Stébenne n’avait donc d’autre choix que d’entrer pour éteindre le moteur. « C’était tellement détruit que je ne trouvais pas. J’ai dû tâter pour trouver la switch. Quand j’ai réussi à éteindre le moteur, j’ai enlevé les clés, comme pour être sûr qu’il ne reparte pas », dit-il.

Ébranlé

L’homme a été ébranlé de cette aventure puisqu’il exerce le même métier que le conducteur décédé. Lors de l’entrevue, quelques jours après l’événement, il était en arrêt de travail. « Ça fait réaliser à quel point la vie est fragile et qu’elle ne tient pas à grand-chose », relate-t-il.
Malgré qu’il soit troublé, il soutient que si c’était à recommencer, il le referait sans hésiter. « J’ai regardé le truck, mon truck et les gens autour. Il fallait essayer de faire quelque chose », mentionne le camionneur.
Finalement, il n’a pas complété sa livraison, mais est reparti lentement vers son lieu de travail avant de rentrer chez lui.
Il conclut en se disant fier qu’il n’y ait pas eu plus de dommages.
M. Cromp lui a indiqué avoir vu l’accident. « Sébastien a vu l’impact. Quand le camionneur a frappé le muret, le camion a arrêté d’un coup. Il a levé dans les airs et est retombé sur le côté », affirme M. Stébenne.