Hausse des tarifs d’électricité : « Tout est fragile »

L’augmentation de 3 % des tarifs d’électricité pour les ménages est perçue négativement par le milieu communautaire. Sophie Thewys, codirectrice d’Aux sources du Bassin, assure que les organismes ne peuvent pas tout endurer éternellement.

La hausse annuelle des tarifs d’électricité est effective depuis le 1er avril et est plafonnée à 3 % chez les particuliers. « Si l’électricité augmente, tout le reste augmentera inévitablement, affirme Sophie Thewys, codirectrice de l’organisme communautaire Aux sources du Bassin. Si le système économique dépend de l’électricité et de l’essence, tout est fragile. On ne peut incriminer personne, mais l’inflation est inévitable. »

La dirigeante pointe un contexte économique difficile pour les particuliers et bien plus pour les personnes fréquentant l’épicerie économique de la structure. « C’est encore plus compliqué de se nourrir si le prix de l’électricité augmente. Nos clients ont les mêmes budgets qu’avant cette hausse. »

Sophie Thewys s’attend aussi à un avenir proche plus compliqué pour renflouer le magasin de la structure, qui fournit des paniers de provisions tous les jeudis. « Les coûts de production vont augmenter, ce qui engendrera des augmentations à la vente. Les commerçants et Moisson Rive-Sud sont très généreux, mais nous avons de moins en moins de dons, car c’est difficile pour tout le monde. Notre mission est de nourrir les gens dans le besoin, mais pour cela, nous devons acheter encore plus de nourriture. De notre côté, nous devons garder des prix stables dans notre boutique afin que tout le monde puisse en bénéficier. À la fin, c’est nous qui essuyons le déficit et même si notre friperie est sur le point de s’agrandir et qu’elle soutient financièrement notre organisation, elle ne pourra le faire éternellement. »

» Actuellement, nous recevons deux ou trois bénéficiaires supplémentaires par semaine. » – Sophie Thewys

Des conditions de vie compliquées

Si, financièrement, l’affaire est compliquée pour l’organisme, la codirectrice perçoit aussi les difficultés de la population au quotidien. « Actuellement, nous recevons deux ou trois bénéficiaires supplémentaires par semaine, regrette-t-elle. Nous comptons 150 ménages venant chercher de la nourriture les jeudis. C’est une augmentation de 70 % en un an! Le profil des demandeurs évolue et on voit que même des couples dont chaque membre a un travail ont des difficultés à joindre les deux bouts. La classe moyenne est à risque! »

Un signal d’alarme est donc tiré en direction du gouvernement et la dirigeante souhaite qu’il se sensibilise davantage à l’appauvrissement de la société. « Oui, nous recevons des aides. Mais on pourrait nous aider davantage différemment. Pour cela, il faudrait que l’on nous demande comment nous aider. Nous avons encore des donateurs super généreux, on court aussi à droite et à gauche pour trouver les meilleures solutions, mais le gouvernement doit aussi en faire plus pour soutenir le communautaire. »

Les entreprises aussi en difficulté

Les tarifs de la clientèle d’affaires augmentent, quant à eux, de 5,1 %. Selon Hydro-Québec, cette hausse correspond à la variation de l’Indice des prix à la consommation au Québec entre le 30 septembre 2022 et le 30 septembre 2023.

« La Fédération des chambres de commerce du Québec avait recommandé de limiter la hausse pour tout le monde, ce qui n’a malheureusement pas été entendu, regrette Julie La Rochelle, présidente-directrice générale de la Chambre de commerce et d’industrie de la Vallée-du-Richelieu. Les petites et moyennes entreprises sont autant victimes de l’inflation que les particuliers. Cette hausse importante des tarifs d’électricité s’ajoute à d’autres hausses de coûts auxquelles font face nos entreprises. Nous trouvons aberrant que le gouvernement limite la hausse des tarifs à 3 % pour le résidentiel, mais qu’aucune limite ne soit imposée pour les entrepreneurs. »