Grèves en Santé et Éducation : Un appel à l’aide

La semaine dernière, les premiers mouvements de grève ont eu lieu lundi matin, principalement dans les domaines de la santé et de l’éducation. Le secteur de la Vallée-du-Richelieu a été solidaire de la grogne sociale.

Ils étaient une dizaine la semaine dernière à faire du bruit et à brandir des pancartes le long de la rue Martel à Chambly. Parmi ces employés, Vanessa Rodriguez, préposée au Centre d’hébergement Saint-Joseph et déléguée syndicale, espérait se faire entendre. » Nous avons deux principales revendications que sont le salaire et les conditions de travail. »

» On ne veut pas de grève générale et illimitée, mais on s’y prépare. » – Jean-François Guilbault

Plusieurs préposés du CHSLD étaient présents, ainsi que des membres de la branche administrative. Des employés de l’hôpital Charles-LeMoyne les ont aussi rejoints. » Cela fait 14 ans que je travaille ici, poursuit la syndicaliste. Être préposée est un métier difficile, on le fait par vocation. On veut davantage de préposés pour alléger nos tâches et un salaire conforme à notre valeur. »

Durant la COVID, des formations concernant cette profession avaient été proposées par le gouvernement. Vanessa Rodriguez le rappelle. » Ce n’est pas donné à tout le monde. Quand vous venez avec des ongles très longs, ce travail n’est pas fait pour vous. Certains cas sont lourds. Nos patients sont tous grabataires. Il faut de l’empathie pour ces gens-là et, parfois, on peut ressentir beaucoup de peine. Certains n’ont plus de famille et nous sommes là pour leur apporter de l’amour. »

Meilleure considération

Parmi les revendications, Vanessa Rodriguez réclame une augmentation de 100 $ par semaine ou bien une évolution du salaire suivant l’inflation. » Il faut que l’on soit payés à notre juste valeur, poursuit-elle. Ici, nous sommes huit préposés pour 40 patients, dont aucun ne marche. On est sous-payés et les gens ne comprennent pas toujours notre mission. On ne fait pas que donner de la nourriture. On est une deuxième famille. Le premier ministre François Legault a dit que nous étions des « anges gardiens », à lui de le démontrer. »

Le secteur de l’éducation a aussi son mot à dire. Jean-François Guilbault, président du Syndicat de Champlain, assure que la situation est critique. » Vous me demandez si le vase est en train de déborder? Je peux vous répondre qu’il est fissuré de partout. Le personnel enseignant et en soutien scolaire manque de ressources et de renfort. »

Selon le représentant, le gouvernement est en bonne partie responsable de la situation. » On avait annoncé la pénurie d’enseignants lorsqu’il a été décidé d’inclure les élèves en difficulté dans des classes régulières. Les enseignants n’ont reçu aucune aide pour gérer ces cas-là, alors que les difficultés étaient prévisibles. Les classes d’enseignants spécialisés dans les facultés se vident. Le recrutement est inexistant. »

Manque de personnel

Concernant le Centre de services scolaire des Patriotes, où Chambly et Carignan sont concernés, Jean-François Guilbault alerte quant à une situation précaire de l’enseignement. » Dans le secondaire, on compte de 250 à 300 enseignants non légalement qualifiés. C’est préoccupant pour l’avenir de nos jeunes. Au niveau primaire, les classes sont surchargées, tout comme les services de garde, dont la limite légale de 20 enfants par groupe est largement dépassée. Les enseignants et les gardiens sont davantage en gestion de crise que préoccupés à leurs tâches habituelles. Au sortir de la pandémie, le retard scolaire chez certains élèves a exacerbé le phénomène. La violence scolaire a aussi monté en flèche! »

Concernant les revendications, le syndicaliste pointe un domaine bien précis. » Pour recruter de futurs enseignants, il faut améliorer les conditions de travail, souligne-t-il. La précarité du personnel de soutien scolaire est bien réelle, avec des horaires décalés avant le début des cours, lors des heures de déjeuner ou après les classes. Il faut améliorer les horaires d’accompagnement, tout comme l’allègement de la composition des classes pour les enseignants. Les professeurs veulent enseigner et là, ils se retrouvent ensevelis sous une gestion administrative supplémentaire. »

Jean-François Guilbault est convaincu que la colère dans ses rangs est telle que le mouvement pourrait aller loin. » On est prêts à se retirer du mouvement si l’offre du gouvernement est suffisante, mais vu ce qu’il se passe depuis ces derniers mois, ce n’est pas encourageant. On ne veut pas de grève générale et illimitée, mais on s’y prépare. »

D’autres mouvements de grève sont prévus les 21, 22 et 23 novembre.