Gestion de famille reconstituée à Noël

Le temps des Fêtes est ce moment de l’année où les familles se réunissent. À travers cet horaire complexe au rythme parfois effréné, qu’en est-il des familles reconstituées et de leur gestion de garde d’enfants?

Karine* est mère de cinq enfants provenant de deux pères différents. Les fruits de sa première cuvée ont respectivement 19 et 21 ans et demeurent avec elle. Ses trois autres enfants vivent la garde partagée une semaine sur deux. De plus, son conjoint actuel a, quant à lui, deux enfants aussi. Le plus vieux, âgé de 18 ans, vit avec eux à temps plein alors que la plus jeune est sous leur toit une fin de semaine sur deux.

« Ça fait beaucoup de familles à organiser, lance-t-elle d’emblée. Mes deux vieux allaient chez leur père le 24 et revenaient chez moi le 25 vers onze heures. Le 24, on s’organisait une soirée de jeux avec ma famille pour que mes plus jeunes fêtent un peu, sans les cadeaux. Le 25, tous chez ma mère pour la journée.

Le père des deux plus vieux était toujours en chicane, en opposition avec tout, mais il a fini par accepter.

Quand je me suis séparée du père des trois plus jeunes, je lui ai demandé de garder la même façon qu’avant. Il a accepté. On se partage les enfants selon nos fêtes respectives sans trop d’anicroches. Par contre, les plus vieux ont maintenant des conjoints; je les avertis donc deux mois d’avance et leur rappelle régulièrement pour être certaine d’avoir tout mon monde. C’est difficile, puisqu’il y en a deux qui travaillent en pharmacie, impliquant qu’ils peuvent travailler le 25 », dépeint la mère, dont la gestion du personnel familial requiert une gymnastique malléable.

Séparation avant/après les Fêtes

Bien qu’elles représentent une période où l’on propage l’amour, les Fêtes n’épargnent pas les couples à bout de souffle, nécessitant l’intervention de professionnels en la matière.

« Nous assistons à des séparations après les Fêtes, oui, et il y a des familles, déjà séparées, qui font appel à nous avant les Fêtes afin d’organiser le partage de leurs enfants », fait miroiter Patrick Marquès, médiateur familial et avocat, entre autres, en droit de la famille pour Belley Avocats.

« L’enfant en question se retrouve émotionnellement fragile; il devient anxieux et se sent coupable. » – Geneviève Réhaume

« La médiation est un processus volontaire. Cela sous-entend que les parents sont de bonne foi et mettent de l’avant l’intérêt de l’enfant. Il se peut toutefois que la rencontre devienne houleuse. Lorsqu’un des deux parents, nourri d’amertume à la suite d’une rupture fraîche par exemple, est animé par une autre volonté que celle du bien de l’enfant, les tribunaux deviennent pratiquement inévitables », conclut le médiateur et avocat.

Un phénomène de plus en plus répandu depuis une décennie, c’est la présence des coachs de vie. Carolyn Prud’homme est coach pour l’entreprise Naître au Pluriel et se spécialise en séparation familiale.

« Les parents qui ne sont pas flexibles sur les jours de garde durant le temps des Fêtes ont souvent différentes raisons. Il y en a certains qui ne peuvent vraiment pas déplacer une certaine date. Il y a aussi le type de parent qui refuse, même s’il n’en a pas toujours conscience, par désir de déranger l’autre ou de le blesser, parce qu’il est lui-même blessé et qu’il croit que l’autre se sentira aussi mal qu’il se sent lui-même », dépeint Mme Prud’homme.

« La vérité, dans une situation comme celle-là, c’est que les seuls perdants dans cette histoire sont le parent qui ne se montre pas flexible et le(s) enfant(s). Utiliser les enfants comme excuse n’en est pas une bonne. Il faut se poser les bonnes questions. Quelles sont mes motivations? Pourquoi fais-je cela, réellement? Est-ce que je fais ça seulement pour blesser l’autre parent? », fait valoir la coach.

Conséquences pour les enfants

Geneviève Réhaume a été éducatrice en milieu scolaire. En ces temps difficiles, elle servait principalement de tampon entre les deux parties et l’enfant tout en devenant l’adulte réconfortante pour celui-ci.

« Les impacts sont énormes et surtout négatifs sur le plan de la sphère socioaffective. C’est très lourd pour un enfant de voir ses parents se déchirer. L’enfant en question se retrouve émotionnellement fragile; il devient anxieux et se sent coupable. L’estime de soi en prend un coup », exprime-t-elle avec empathie.

« La meilleure façon d’accompagner l’enfant est de le laisser s’exprimer, de l’aider à évacuer les émotions négatives. Le plus important, c’est d’être très compréhensif et de donner le réconfort nécessaire. Faire des comptes rendus remplis de tact et subtils pour faire comprendre aux parents que l’enfant ne va pas bien et que la solution, c’est eux », soutient l’ancienne éducatrice, qui travaille désormais chez une maison d’édition qui crée des outils pour les enfants aux besoins particuliers.

*Karine est un nom fictif pour préserver l’anonymat.