Francis Lavoie prend les grands moyens contre le gel

Francis Lavoie du Domaine De Lavoie de Rougemont a investi pas moins de 3000 $ pour qu’un hélicoptère survole ses terres afin de réchauffer l’air autour de ses précieuses vignes, dans la nuit du 22 au 23 mai.

Bien que spectaculaire, cette mesure est assez courante pour M. Lavoie, puisqu’il a recours à un hélicoptère environ un an sur deux afin créer un mouvement de convection qui favorise le réchauffement de l’air.

Depuis le début de la saison, M. Lavoie dit avoir investi près de 7000 $ pour protéger ses vignes du gel. Malgré tous ces efforts, il prévoit que le froid causera des pertes de 10 % cette année.

Pourtant, plusieurs mesures avaient été mises en place pour diminuer les dégâts. Certaines vignes ont été recouvertes par des membranes géotextiles qui sont utilisées l’hiver pour protéger les plants.

De plus, une dizaine d’employés ont aussi alimenté des petits brasiers qui se trouvaient à environ tous les 10 mètres dans plusieurs rangs de vignes.

L’équipe de M. Lavoie avait également posé de l’urée sur les plantes quelques heures avant ce grand froid. Effectuée 12 à 20 heures avant le froid, cette technique permet à la plante d’augmenter son endurance au froid d’un demi-degré.

 « Si nous n’avions rien fait, nous aurions encaissé des pertes de 25 à 30 %. Malgré les pertes de 10 % que l’on prévoit, nous sommes un vignoble en développement, alors c’est certain que nous produirons plus que l’année dernière », commente Francis Lavoie.

Selon le sens de la montagne

Du côté du vignoble Coteau Rougemont, les dégâts causés par le gel sont plutôt limités. Selon le vinificateur Patrick Fournier, le versant sud de la montagne a été épargné, tandis que les vignes qui se trouvent sur le côté ouest et celles qui sont louées à Saint-Paul-d’Abbotsford ont été touchées.

Ce dernier explique que le gel printanier, communément appelé la gelée noire ne tue pas la plante. Il attaque le bourgeon primaire, dont la branche et les feuilles deviennent brunâtres. Au cours de la saison, les vignes produisent des bourgeons trois fois. Les vignerons peuvent donc compter sur les deuxièmes bourgeons.

« Le 2e bourgeon est un peu moins fertile. Il produit moins de raisins. Le 3e produit rarement des fruits, mais est plutôt l’assurance vie de la vigne », explique Patrick Fournier.

Même si les deux vignobles se trouvent à Rougemont, les conséquences de la température sur les vignes varient en fonction des déplacements d’air.

Système d’éoliennes fixes

Si le feu pour réchauffer l’air est la méthode traditionnelle pour protéger les vignes des gels printaniers, les deux producteurs envisagent se procurer un système d’éolienne fixe, qui souffle de l’air chaud, grâce à du propane.

Même s’il n’est pas prêt à se lancer dans un tel projet, Patrick Fournier ne ferme pas la porte à une telle mesure. « Il faut comprendre que les changements de températures ne sont pas propres au Québec. Tous les vignerons courent ce risque en pratiquant ce métier », soutient-il.

Francis Lavoie réfléchit sérieusement à se procurer un tel appareil, d’une valeur de 30 000 $, afin de protéger les 90 000 vignes que compte son domaine.