Forestation à Chambly : « Ce n’est pas suffisant »

Josée Pichette épouse la cause écologique depuis plusieurs années. La résidente chamblyenne est biologiste et critique ouvertement la gestion des arbres dans la ville ainsi qu’autour du bassin.

Josée Pichette est intervenue à plusieurs reprises au conseil municipal. L’objet de sa colère touche en général les projets immobiliers chamblyens nécessitant la coupe de plusieurs arbres. Parmi eux, elle pointe le boisé le long du boulevard De Périgny, à quelques mètres de l’aréna Robert-Lebel. « C’est vraiment dommage, soupire la biologiste à la retraite. Le petit parc Lebel, joyau forestier, a été amputé d’une grande superficie durant les années 80 afin d’y construire des maisons. Sous l’emprise de la vogue de mobilité à tout prix et d’une prétendue sécurité, la Ville en a déboisé une bonne partie dernièrement pour y installer un sentier illuminé, alors qu’à peine à 100 mètres en bordure, il existait déjà une piste. »

Une politique de l’arbre

Le projet Lumicité, sur l’ancien site d’Agrico, est aussi la cible de son courroux. « Beaucoup d’arbres ont été coupés même si certains ont été sauvés. Le terrain est grand, on a sûrement préféré prendre le plus d’espace possible au détriment de cette bordure forestière, laquelle est fortement fragilisée à présent puisqu’elle est ainsi devenue plus vulnérable, exposée aux forts vents. D’ailleurs, ces arbres auraient servi à protéger les futurs résidents de la pollution engendrée par la circulation automobile. » De même, la situation au parc des Rapides l’interpelle.

« J’étais directrice de l’association Vivre-au-Vert, dissoute depuis. On avait constaté une érosion extrême à cause des rapides. Plusieurs arbres ont été sauvés, la Ville en a replanté, mais ce n’est pas suffisant. »

Pourtant, la Ville de Chambly possède une politique de l’arbre qui, selon son rapport de 2022, vise à augmenter l’indice de canopée de 10 % en 2035 alors qu’elle était de 20 % du territoire en 2019 soit 5,5 km2 couverts. « Mais un arbre centenaire n’est pas comparable à un autre fraîchement planté, précise la biologiste, qui a travaillé 20 ans au Jardin botanique de Montréal. En termes d’oxygénation, ce n’est pas du tout la même chose. Il faut attendre quelques années pour qu’il soit efficace. »

Les projets immobiliers visent à lutter contre la pénurie de logements que vit actuellement le Québec. Josée Pichette n’est pas convaincue. « Dans ce cas, on peut cimenter partout. On a besoin des arbres et des plantes. Pour des raisons vitales, mais aussi pour le paysage. On a l’impression que ces arguments passent loin derrière dans la gestion de la ville. Ça me fait de la peine. »

Appel à un moratoire

Selon elle, il est nécessaire de durcir le règlement concernant les arbres. « Je pense qu’il faudrait exiger que les élagueurs doivent avoir leurs cartes de compétences. On voit trop souvent, autour du bassin, des particuliers couper leurs arbres n’importe comment. Or, un arbre mal taillé s’affaiblit. Je me rappelle qu’après le grand verglas de 1998, nous avions obtenu des subventions pour nettoyer et élaguer. Avec les changements climatiques, les bris d’arbres vont se poursuivre. Je fais appel aux élus et aux citoyens pour demander des changements urgents, avec un moratoire sur la coupe des arbres et la destruction d’ensembles boisés et l’adoption de mesures afin de préserver nos arbres. Il est plus qu’urgent d’agir, et ce, dans le bon sens. »