Faut-il consigner le verre?

Jacques Ladouceur, président de la Table des préfets et élus de la Couronne-Sud, s’interroge sur la pertinence d’élargir la consigne aux contenants de verre, dont les bouteilles de vin de la Société des alcools du Québec.
La sortie du président survient à la suite d’informations publiées dans les médias voulant que l’ensemble des 82 municipalités de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) ait souscrit à ladite consigne. Or, précise M. Ladouceur, les discussions se poursuivent au sein des quarante municipalités de la Couronne-Sud, qui représentent six MRC dont celles de la Vallée-du-Richelieu et de Rouville.
« Si on retire les bouteilles de vin du bac bleu, il y a un effet pervers, affirme M. Ladouceur en entrevue. Toutes les compagnies qui produisent les emballages contribuent à un fonds qui est redistribué aux municipalités selon leur façon de récupérer et de valoriser plus de matières. Les fonds sont répartis au tonnage. Si on enlève une bouteille (de vin) qui pèse plus que la bouteille de plastique, on change la donne. Les municipalités recevront-elles moins de compensations? »

Qui dit vrai?

La CMM veut réviser le Plan métropolitain de gestion des matières résiduelles (PMGMR) « pour répondre à la crise de l’industrie québécoise du recyclage », a-t-on pu lire dans un communiqué le 22 janvier dernier. La Commission de l’environnement devra se réunir le 21 février après avoir rencontré les partenaires municipaux.
On sait que l’an dernier, la Chine avait fermé la porte aux produits recyclés, dont le papier et le carton, en raison de leur contamination qui serait causée par le verre ou le plastique.

« Qui fait circuler cette information et à quelle fin? » – Le maire Jacques Ladouceur

M. Ladouceur mentionne que « les centres de tri se sont perfectionnés depuis des années et grâce à la recherche et au développement, on a été capables de trouver un dérivé au verre, soit de la poudre qu’on ajoute au ciment. On est en train de récupérer le verre qui ne va plus à l’enfouissement ». Celui qui est aussi maire de Richelieu et préfet de la MRC se demande d’où vient l’étude voulant que seulement 14 % du verre dans le bac soit recyclé (affirmation de Michel Allaire, coordonnateur en environnement à la CMM, Journal Métro, 18 janvier).
« Ce n’est pas ce qu’on a comme données », réplique le maire en faisant référence à un communiqué émis le 29 janvier sur le site Internet de Tricentris. Cinq autres centres de tri ont signé ce document. « Selon une caractérisation réalisée en 2015-2016 par RECYC-QUÉBEC et Éco Entreprises Québec, peut-on y lire, 87 % des bouteilles de vin sont récupérées par la collecte sélective. »
M. Ladouceur ajoute qu’il serait prudent d’attendre pour voir les derniers chiffres. « Qui fait circuler cette information et à quelle fin? », a-til poursuivi.
Il a tenu aussi à citer une étude de la société LIDD, Intelligence Supply Chain, selon laquelle une éventuelle consigne des bouteilles de vin se traduirait par « une multiplication des déplacements automobiles, tant par les consommateurs que par les camions transportant ces bouteilles récupérées, qui équivaudrait à l’émission de 35 000 tonnes de CO2 supplémentaires par année ». Le document mentionne que les « 425 succursales de la SAQ au Québec (doivent) doubler la superficie des boutiques. Or, la SAQ est locataire de ces locaux et non propriétaire. »

Une mesure parmi d’autres

Dans son communiqué du 22 janvier, la CMM a réagi en précisant que « l’élargissement de la consigne du verre figure parmi plusieurs mesures discutées par la commission ».
Celle-ci soumettra son rapport au comité exécutif. Comme la loi le prévoit, le projet de modification du PMGMR fera l’objet d’une consultation publique auprès des municipalités, des entreprises et de la société civile. Le gouvernement du Québec devra alors approuver ou rejeter les modifications.
Rappelons qu’un groupe de citoyens est sorti sur la place publique à la mi-janvier pour demander à la SAQ de consigner le verre.
Le Journal a tenté d’approcher Michel Allaire dans le but de connaître l’origine de sa déclaration voulant que seulement 14 % du verre dans le bac soit recyclé. M. Allaire ne nous a pas rappelés au moment de mettre sous presse.